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Juste pour rire 2016: Gala Bond-Barrette, réinventer les clichés

Juste pour rire: Gala Bond-Barrette, réinventer les clichés

Autant le thème «Cérébral versus Impulsif», accolé à Cathy Gauthier et Laurent Paquin, était difficile à traiter, autant celui des «Jeunes versus Vieux», dont avaient hérité Michel Barrette et Philippe Bond, était ardu à réinventer.

On n’a pas échappé au ton conservateur et aux habituels clichés, samedi, lors du cinquième Gala Juste pour rire de la saison mais, soyons honnêtes, il aurait été quasi impossible de faire autrement et, dans les circonstances, le tandem s’en est bien sorti et le public s’est amusé ferme. La réputation de coureurs de jupons de Barrette et Bond a été particulièrement mise à l’avant-plan, ainsi que quelques boutades hyper prévisibles.

Heureusement, la complicité entre les deux animateurs était palpable et plusieurs invités avaient du fort bon contenu à livrer. On a même eu droit à une apparition-éclair de Jean Lapointe, tout en autodérision!

Nos coups de cœur de la soirée: François Morency, les Denis Drolet et Jean Lapointe.

Les animateurs

«J’ai le même âge que ta femme!», a balancé Bond à Barrette. «On est comme des vieux chums, nés à des siècles différents», a aussi dit le «jeune» du tandem. L’un a déjà cruisé sur Love Me Tender, l’autre, sur Tinder. L’un a été ébranlé par l’assassinat de John F.Kennedy, l’autre a été émoustillé par le sextape de Pamela Anderson et Tommy Lee. Ils n’ont pas reçu les mêmes punitions lorsqu’ils étaient enfants, n’ont pas été élevés de la même manière. «Quand j’étais jeune, quelqu’un qui avait une émotion, on appelait ça une femme», a observé Michel Barrette, dans un genre de gag, avouons-le, un peu dépassé. Celui-ci s’est par ailleurs abondamment vanté (à la rigolade) de ses 33 ans de carrière, ses 16 longs-métrages, ses 12 séries télévisées, ses 11 spectacles et son album de Noël. Pas pour rien que Juste pour rire lui rend hommage lundi!

Bref, voilà à quoi ressemblait le dialogue d’ouverture du gala, pendant lequel on ne s’est pas excités beaucoup, et qui n’a pas suscité tellement d’enthousiasme à Wilfrid-Pelletier. On ne s’est pas étonnés de ne voir que de jolies femmes se masser sur scène lorsque les animateurs ont fait monter l’équipe de leur gala devant les gens, pour la «remercier» publiquement.

Les deux hommes ont offert quelques saynètes ensemble, dont l’une où Michel Barrette offrait sa «bible» (la liste des femmes dont il a partagé le lit) à Philippe Bond, et une autre où il était question de rasage, intégral ou pas (encore des clichés). Ils ont aussi tous deux eu leur moment solo pour raconter une histoire de leur cru.

François Morency

Tout est relatif, a illustré François Morency. Nouveau quinquagénaire, l’homme est conscient qu’à 50 ans, s’il meurt demain, il sera un «jeune mort», mais sinon, il est un «vieux vivant». Il estime néanmoins qu’entre Michel Barrette et Philippe Bond, il vit le meilleur des deux mondes. «Tout comme Michel, dans ma tête, je suis mature, tout comme Philippe, sur ma tête, j’ai des cheveux.» Il a ensuite détaillé toutes les impolitesses que peuvent se permettre les personnes âgées en raison de leur âge. Morency est toujours éloquent et intelligent lorsqu’il a le micro.

Julien Tremblay

Julien Tremblay cause toujours un effet bœuf avec ses gags qu’il accompagne d’un constant rythme à la guitare, punchant aux bons endroits, tant en mots qu’en musique. Il fallait voir à quelle vitesse le parterre, hilare tout au long de sa présentation, s’est levé pour l’acclamer! Si l’accueil est gage de succès pour son premier one man show à venir à l’automne (le Huffington Post Québec vous en reparlera longuement sous peu), Tremblay est réellement parti pour la gloire. Samedi, il a déclamé quelques vérités acides sur la vieillesse avec son air de rockstar blasée, mais sympathique. «T’es vieux quand tu dors pus avec ta femme. T’es très vieux quand tu dors pus avec tes dents», a-t-il décrété, faisant suivre son hypothèse d’un «solo de gencives» au micro. Il a réinventé un proverbe célèbre («En avril, ne me débranche pas d’un fil») et a de surcroît fait mouche en racontant comment son grand-père ne comprend pas le concept d’homosexualité… mimiques à l’appui.

Les Denis Drolet

Les Denis Drolet se sont encore surpassés en proposant un numéro non pas dans leurs légendaires habits bruns, mais dans leur propre peau, en tant que Sébastien Dubé et Vincent Léonard, question de refaire leur image. «Les deux gros schizophrènes qui parlent en même temps, ils ont interné Alys Roby pour moins que ça!» Mais leur absurdité, elle, n’a pas été affectée d’un iota : les (ex?) Denis nous ont entre autres présenté leurs quatre enfants (dont un vieillard), dont l’un se nomme apparemment Cul-de-Robot et les quatre autres, Monique. Leur fidèle acolyte Just To Buy, alias Marc-André Fleury, était lui aussi vêtu en «civil» pour danser comme il en est capable. Du pur délire de Denis Drolet comme on l’aime.

Jean Lapointe

Jean Lapointe a été introduit comme la grande surprise de la soirée, avec effusion, et reçu avec émotion par une salle qui s’est levée en bloc pour l’applaudir comme il se doit. Or, le passage de l’homme n’allait être que de courte durée: appuyé sur sa marchette, Jean Lapointe a traversé la scène lentement, d’un bout à l’autre, sans dire un mot… avant de se débarrasser violemment de l’imposant outil pour disparaître sans demander son reste. Un brin surréaliste, mais hilarant!

Mélanie Ghanimé

Le récit de la visite chez l’esthéticienne pour une séance d’épilation en raison d’un «poil blanc sur la noune» de Mélanie Ghanimé en a fait rire certains (et certaines, surtout) aux éclats, mais nous a apparu ennuyeux comme la pluie et d’une vulgarité plus ou moins nécessaire. «On est tellement vulnérable quand on est en train de se faire dépoiler la fourche», a philosophé la jeune femme. Vraiment?

Réal Béland

Impossible de se tromper en misant sur la nostalgie! Réal Béland l’a compris en récupérant une portion de son dernier one man show – qu’il a commencé à rouler en 2013, mais passons, puisque c’était très approprié dans le contexte d’un gala sur les «jeunes» et les «vieux» - où il interprète des chansons-thèmes d’anciennes émissions de télévision. Les spectateurs lui suggéraient des titres et la mémoire phénoménale de Béland, autoproclamé «Gregory Charles des thèmes de télévision», en recrachait automatiquement les paroles. Au pays de Candy, Skippy, Dynastie, Démétan ; un voyage en arrière qui a ravi la foule.

La Guerre des Clans

On oubliera facilement et rapidement le sketch de clôture, une parodie de La Guerre des clans, qu’animait le «vrai» Jean-François Baril, et où s’affrontaient Mélanie Ghanimé, Sylvain Larocque, François Morency et Philippe Bond d’un côté, et François Léveillée et Michel Barrette de l’autre. Ni très drôle ni très intéressant, le segment a néanmoins eu le mérite de nous présenter un Jean-François Baril moinspolitically correct qu’à l’habitude.

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