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Gala Paquin-Gauthier: thème ingrat, soirée réussie

Arriver à soulever une salle avec une thématique comme «Cérébral versus Impulsif», il fallait le faire.

Arriver à soulever une salle (quoique les ovations debout sont désormais systématiques) avec une thématique comme «Cérébral versus Impulsif», il fallait le faire. Le plus ingrat des Galas Juste pour rire 2016, présenté mercredi, avait toutefois été déposé sur les épaules expertes de Laurent Paquin et Cathy Gauthier, qui se sont admirablement bien acquittés de leur tâche, dans une soirée néanmoins sans grandes étincelles, dont aucun segment ne passera à l’histoire.

Mais, soyons honnêtes, l’ensemble était réussi. Bémol, cependant : mettons la pédale douce, dans les prochains jours, s’il vous plait, sur les blagues de «grosses». On en a entendu beaucoup mercredi… et c’était loin d’être toujours nécessaire.

Nos coups de cœur de la soirée : Simon Gouache, Silvi Tourigny et Olivier Martineau

Les animateurs

Le numéro d’ouverture de Laurent Paquin et Cathy Gauthier a démarré doucement, s’améliorant sans cesse en chemin, et a ramené à l’avant-scène la Cathy Gauthier un peu vulgaire de jadis, et non celle, plus posée, de son récent one woman show, Pas trop catholique. Chapeau au duo d’avoir su broder un échange somme toute très drôle avec la «rivalité» qui leur avait été accolée. Le ton a rapidement été donné : Gauthier était l’impulsive qui «pète des coches» à tous vents, et Paquin, le cérébral «plate» qui réfléchit trop. Dès les premières secondes, la belle blonde s’est mise à engueuler un spectateur qui prenait des photos avec son téléphone dans la première rangée, avant que Laurent ne l’invective qu’il ne fallait pas injurier les étrangers ainsi.

«C’est pas un étranger, ça, c’est mon chum», a riposté Cathy.

Celle-ci a ensuite fait l’éloge de la baise qui suit les chicanes dans les couples, et pour laquelle, selon elle, les femmes seraient plus enclines à provoquer des disputes. Laurent a tenté de convaincre qu’il n’est pas si sage qu’on le croit et que, si certains secrets à son sujet avaient été éventés, «Joël Legendre aurait passé dans le beurre en estie!»

«On m’imagine pas en train de faire des cochonneries», a reconnu Paquin. «Mais on t’imagine en manger en cachette», a relancé Gauthier.

Les deux artistes sont plus tard revenus en solo pour un monologue de leur cru. Cathy a tourné en dérision la biographie Excessif, de son ami Maxim Martin, et a parlé des choses qui l’exaspèrent, comme les adultes à Walt Disney, tandis que Laurent a discouru sur l’importance de réfléchir pour prendre de bonnes décisions, et a terminé son laïus en rendant hommage à son épouse.

Simon Gouache

Sacré Révélation du Festival Juste pour rire en 2014 et Coup de cœur du Festival en 2015, Simon Gouache était très inspiré mercredi, avec sa tirade sur le gluten, la «vapoteuse» et l’importance de «garder ça simple». «Plus je vieillis, plus j’ai le compliqué facile», a-t-il annoncé. C’est qu’il aurait voulu être comme son grand-père, qui a bâti sa maison de ses propres mains. «Moi, le matin, si mon toaster est débranché, je déjeune pas.» À propos du gluten, il a souligné que «ça existait pas, il y a six mois» et a imaginé une expérience sur des rats de laboratoire. «Moins les rats mangeaient de gluten, plus ils étaient fatigants avec ça», a-t-il évoqué. «C’est déjà rendu plus difficile de trouver des produits avec gluten que sans.» L’ovation debout a été un peu plus spontanée que celle dédiée aux autres.

Dominic et Martin

Le public en a redemandé devant Dominic et Martin, qui ont donné dans le très, très bon enfant en consacrant plus de la moitié de leur passage à… des blagues de céréales. Toujours dans son personnage de nigaud sympathique, Dominic Sillon a joué celui qui avait mal compris le thème de la soirée, entendant «Céréales versus Un Pulsif». Seul un gag d’un certain mauvais goût, mais bien placé, concernant Janine Sutto et Tinder, a été un peu plus corrosif. Un peu facile et redondant.

Alex Douville

Alex Douville a captivé la foule avec une anecdote de test subi à l’Institut neurologique qu’il fallait vraiment entendre pour apprécier, et qui se voulait une belle réflexion sur le sens de l’humour en général. Le garçon a de réelles aptitudes de conteur, en beaucoup plus trash que Jean-Marc Parent ou Philippe Bond, mais il n’est jamais trop déplacé non plus. Un talent à (continuer de) surveiller.

Silvi Tourigny

«T’as l’air d’une fille qui s’est sauvée de la boîte de Jean Airoldi». C’est ainsi que Cathy Gauthier a accueilli Silvi Tourigny, qui avait enfilé les habits drabes de son personnage de Carole aide son prochain, «spécialiste en tous genres», qui peut régler n’importe quel problème. La fameuse Carole a été hilarante en essayant de rendre Cathy Gauthier moins impulsive et Laurent Paquin, moins cérébral. «On m’avait avertie que tu avais une carotte pognée dans le cul mais je ne m’attendais pas à trouver le chaudron au complet», a-t-elle lancé à Laurent, à qui elle avait posé quelques minutes plus tôt une rafale de questions, dont «C’était qui ton caméraman préféré dans Bouscotte?». À Cathy, elle a défilé une série de trucs sans queue ni tête pour gérer sa colère. Carole est finalement retournée derrière le rideau au bras de Paul Doucet, son fantasme, qui a ainsi fait une courte apparition dans le gala.

François Massicotte

François Massicotte avait entre les mains un prétexte à or pour honorer le fil conducteur du gala : sa bipolarité. «C’est pas contagieux», a-t-il avisé la salle d’entrée de jeu. Il a notamment raconté comment il avait réalisé qu’il était atteint de la maladie, après un épisode de rage au volant («J’étais choqué comme quelqu’un qui a acheté un chandail de PK Subban il y a trois semaines. J’étais choqué noir»), et comment la bipolarité avait été héréditaire, dans son cas (à l’époque de son père, on disait «maniaco-dépressif», et à l’époque de sa grand-mère, «crisse de folle»).

On en aurait pris plus.

Jean-François Mercier

Jean-François Mercier a abordé le thème du moment d’un angle intéressant, en traitant de la question du mensonge. Fidèle à lui-même, il s’est époumoné en engueulant fictivement une caissière de Tim Hortons.

Olivier Martineau

Olivier Martineau obtient toujours beaucoup de succès à chacun de ses arrêts aux Galas Juste pour rire. Son texte de mercredi n’était pas son meilleur à vie, mais le parterre l’a quand même beaucoup aimé, et nous aussi. Une tirade contre les papillons, inutiles à son avis, des remarques sur sa maigreur («Chu lousse dans un casque de bain») et une chanson nostalgique aux paroles grivoises («Moi, j’veux une pute pour Noël») ont constitué l’essentiel de sa prestation, offerte avec l’assurance du gars qui sait où il s’en va, son personnage de scène étant un arrogant insolent constamment dans son univers.

Finale

En guise de finale, Laurent Paquin et Cathy Gauthier se sont créé une thérapie maison en se balançant des vérités et en les recevant à coups de «J’accueille ce que tu me dis» et «J’accepte le commentaire». Pour se défouler, ils ont frappé (au sens propre) dans une tonne d’objets. Le clou? Laurent Paquin a défoncé une voiture avec un bâton de baseball. C’était un peu bancal comme saynète de clôture, mais quand on vous disait que le thème était ingrat…

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