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Parentalité: hélicoptère, tigre, permissif... que retenir des expressions à la mode?

Si les experts étudiant la parentalité ne perdent pas de temps avec les concepts de la culture populaire sur les approches parentales, vous pouvez faire fi des expressions à la mode aussi.
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Comme parents, nous voulons tous le meilleur pour nos enfants et nous nous empressons d’appliquer les derniers conseils au goût du jour.
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Comme parents, nous voulons tous le meilleur pour nos enfants et nous nous empressons d’appliquer les derniers conseils au goût du jour.

Parent hélicoptère. Parent tigre. Parent permissif. Ce sont des mots à la mode censés décrire les «meilleures» approches en matière d'éducation des enfants. Comme parents, nous voulons tous le meilleur pour nos enfants et nous nous empressons d'appliquer les derniers conseils au goût du jour.

Même les gouvernements adoptent des lois qui encouragent une approche ou une autre, tout comme l'Utah l'a fait récemment, en promulguant une loi qui permet aux parents de laisser légalement leurs enfants jouer à l'extérieur ou se rendre à pied à l'école sans surveillance.

Est-ce que l'une de ces approches parentales est suffisamment validée par des preuves pour confirmer son efficacité? La plupart des gens pourraient être surpris de constater que la réponse soit: «pas vraiment».

Les spécialistes en sciences sociales qui étudient la parentalité utilisent rarement, voire jamais, ces concepts à la mode pour catégoriser ou caractériser les approches parentales. Lorsque des scientifiques comme moi veulent prédire quel type de rôle parental affecte le développement des enfants, ils prennent en considération des variables très différentes.

Donc, si l'on se fonde sur les preuves, qu'est-ce qui compte vraiment dans la fonction de parent?

Il existe des facteurs de risque bien connus qui nuisent à la santé et au développement des enfants, et des facteurs de protection qui les favorisent.

Parmi les facteurs de risque, on compte les expériences traumatiques vécues dans l'enfance des parents eux-mêmes, comme la maladie mentale, la toxicomanie, la violence familiale ou un faible revenu familial. Ces facteurs peuvent empêcher des parents de s'engager dans des interactions cohérentes et dynamiques avec leurs propres enfants, qui favorisent le développement optimal du cerveau, des fonctions cognitives et des relations socioémotionnelles des enfants.

La maladie mentale des parents, la toxicomanie, la violence familiale, la maltraitance et la négligence des enfants sont toutes considérées comme «toxiques» pour le développement des enfants.

Selon le Centre de l'enfant en développement de l'Université Harvard, la maladie mentale des parents, la toxicomanie, la violence familiale, la maltraitance et la négligence des enfants sont toutes considérées comme «toxiques» pour le développement des enfants. Cette toxicité s'observe d'ailleurs au niveau cellulaire, lorsqu'un enfant est exposé à ces facteurs de stress de manière chronique, son corps produit l'hormone de stress nommée cortisol, à des niveaux élevés persistants pour tenter de les combattre.

Dans des situations normales, les niveaux de cortisol de l'enfant diminueraient à mesure que le facteur de stress s'atténuerait et que le corps de l'enfant se rétablirait. Cependant, chez les enfants souffrant de stress chronique, les niveaux stabilisés de cortisol demeurent élevés avec le temps. Ces derniers ont un impact négatif sur une gamme de systèmes corporels et cérébraux, et contribuent à une mauvaise santé au cours de la vie.

Les enfants peuvent surmonter les traumatismes s'ils disposent d'un bon environnement et de l'aide nécessaire pour s'épanouir.

Toutefois, les preuves apportent également de bonnes nouvelles. La recherche montre que ces causes de stress ne sont toxiques que dans un contexte où les facteurs de protection sont faibles. En d'autres termes, les enfants peuvent surmonter les traumatismes s'ils disposent d'un bon environnement et de l'aide nécessaire pour s'épanouir.

Quels sont ces facteurs de protection pour le développement des enfants?

Une recherche abondante montre que de sains rapports «service/retour», c'est-à-dire des liens parents-enfants caractérisés par une sensibilité élevée et une réactivité appropriée, peuvent contrebalancer les répercussions de traumatismes sur la santé et le développement des enfants. Cela contribue également à la réussite de l'enfant et à la facilité des relations entre pairs et à l'école.

Lorsqu'un enfant «envoie» un signal pour indiquer un besoin et que son parent répond de manière responsable, cela renforce la confiance et un attachement sain entre le parent et l'enfant.

Sont également importants les soutiens sociaux parentaux, ces réseaux sur lesquels les parents peuvent compter pour les aider et les soutenir émotionnellement. Les personnes de soutien peuvent rassembler des amis, des membres de la famille ou même des professionnels comme des fournisseurs de soins de santé. Ces personnes sont disponibles en permanence pour le parent qui a besoin d'information, de conseils, de réconfort, de soins et même d'aide pour les tâches ménagères ou la garde d'enfants.

On a souvent démontré que le soutien social peut atténuer les effets du stress toxique, comme la dépression maternelle, sur la santé et le développement de l'enfant. Le soutien social est généralement vu comme étant réciproque, c'est-à-dire un échange entre les personnes qui se soucient les unes des autres et qui le montrent de manière concrète.

«La fonction réflexive» est aussi un facteur de protection et décrit à la fois la capacité d'interpréter ses propres pensées et sentiments et la capacité de percevoir ce que pense et ressent une autre personne.

Cela aide un parent à comprendre ce qui pourrait sous-tendre le comportement de son enfant, une capacité essentielle pour interpréter les besoins et les désirs de jeunes enfants qui ne peuvent pas communiquer clairement. Heureusement pour les parents, cet important facteur de protection s'apprend par la pratique.

Ce sont ces trois facteurs de protection que la plupart des scientifiques étudient pour prédire comment les enfants vont se développer. Les experts qui étudient la parentalité et le développement de l'enfant ne perdent pas de temps avec les concepts de la culture populaire sur les meilleures ou les pires approches parentales. En d'autres termes, vous pouvez faire fi des expressions à la mode.

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