Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Carbonleo promet de connecter le complexe Royalmount au Réseau express métropolitain

La mesure, absente des documents de planification, a été annoncée par Ville Mont-Royal
La future station Panama du Réseau express métropolitain (REM).
Courtoisie - CDPQ Infra
La future station Panama du Réseau express métropolitain (REM).

Ville Mont-Royal (VMR) a sorti un lapin de son chapeau jeudi. La municipalité qui accueillera le méga-centre commercial Royalmount affirme que l'entreprise Carbonleo veut connecter son projet au Réseau express métropolitain (REM) par le biais d'une navette électrique à grande fréquence.

Selon la municipalité, la navette relierait le complexe à la gare Mont-Royal du futur REM, située environ 3 km à l'est. Elle serait gratuite et arrimée à la fréquence des trains du REM.

Le maire de Mont-Royal, Philippe Roy, s'est fait avare de commentaires devant la Commission sur le développement économique et urbain et l'habitation de la Ville de Montréal.

«Le REM et le Royalmount vont ouvrir dans trois ans, on n'est pas encore rendu [aux détails]», a-t-il répondu aux commissaires.

Une carte distribuée par la municipalité quelques minutes plus tard montre que la navette passerait devant des bungalows, dans les rues locales de VMR. Elle emprunterait le boulevard Graham, l'avenue Glengarry, le chemin Lucerne, l'avenue Plymouth et la rue Bougainville pour se rendre à la station de métro De la Savane.

Carbonleo promet de relier le projet Royalmount à la station Mont-Royal du Réseau express métropolitain à l'aide d'une navette électrique à grande fréquence.
Courtoisie - Ville Mont-Royal
Carbonleo promet de relier le projet Royalmount à la station Mont-Royal du Réseau express métropolitain à l'aide d'une navette électrique à grande fréquence.

Si la navette égale la fréquence de passage du REM à la gare Mont-Royal, elle devra passer toutes les 6 à 12 minutes.

M. Roy affirme que la mesure a été ajoutée à sa demande.

Improvisation, selon Québec solidaire

La mesure est totalement absente de la documentation déposée aux commissaires, tant par Carbonleo que par Ville Mont-Royal. Dans son mémoire déposé hier, VMR affirme que la passerelle vers le métro De la Savane, les mesures de mitigation prévues sur les autoroutes et le raccordement du boulevard Cavendish seront suffisants pour éviter les problèmes de congestion prévus.

Selon Ruba Ghazal, porte-parole de Québec solidaire en matière d'environnement, l'ajout de cette navette tient de l'improvisation.

«Cette navette va être prise dans le trafic elle aussi. Donc est-ce que ça règle le problème? Pas vraiment», lance-t-elle.

Ruba Ghazal, députée de Mercier et porte-parole de Québec solidaire en matière d'environnement.
Olivier Robichaud
Ruba Ghazal, députée de Mercier et porte-parole de Québec solidaire en matière d'environnement.

D'ailleurs, dans son mémoire présenté à en commission jeudi, Mme Ghazal met en doute les données de Carbonleo sur la part modale du transport en commun. Faisant écho à d'autres organismes comme Vivre en ville et l'Observatoire de la mobilité durable, l'élue solidaire affirme que Carbonleo sous-estime le nombre de voitures et surestime le nombre d'usagers du transport en commun.

«L'évaluation de l'utilisation du transport collectif, établie à 30% par le promoteur, semble se baser sur le taux de fréquentation du centre-ville. Rappelons que cette zone fortement densifiée compte douze stations de métro, alors qu'il n'y en a qu'une dans le secteur [du Royalmount]», dit-elle.

Québec solidaire propose un moratoire de développement sur le site de Royalmount.

Le Conseil régional de l'environnement de Montréal et l'organisme Vivre en ville réclament aussi un moratoire, qui prendrait la forme d'un décret ministériel déclarant le site comme «zone d'intervention spéciale».

VMR et Carbonleo persistent et signent

M. Roy réfute l'idée que cette navette soit improvisée.

Philippe Roy, maire de Ville Mont-Royal, lors de la présentation de son mémoire sur le projet Royalmount à l'hôtel de ville de Montréal.
Olivier Robichaud
Philippe Roy, maire de Ville Mont-Royal, lors de la présentation de son mémoire sur le projet Royalmount à l'hôtel de ville de Montréal.

«On habite là, on sait très bien à quel point le secteur Jean-Talon/Décarie est compliqué en termes de voitures. [...] On a imposé une première étape qui est la passerelle vers le métro et là on est très fiers d'annoncer qu'il y a une deuxième étape qui s'ajoute. Et, si on peut, on ajoutera une troisième étape et ça ne sera pas de l'improvisation», dit-il.

Claude Marcotte, vice-président exécutif de Carbonleo, affirme que la navette fait partie de la planification même si elle ne figure pas dans les documents.

Signaux positifs de la mairesse et la ministre

Par ailleurs, M. Marcotte prévient contre l'adoption d'un décret ministériel pour bloquer le projet.

«Je doute fort que Québec lance un signal sur le développement économique du Québec en tentant d'arrêter ce projet-là pour avantager un arrondissement ou faire des débats publics qui ne sont pas pertinents dans le cadre de ces discussions»

La ministre Chantal Rouleau a plutôt envoyé des signaux positifs avant l'annonce de la navette, indiquant qu'elle était favorable à la passerelle piétonne. Elle s'est toutefois gardée de faire d'autres commentaires.

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a aussi réfuté l'idée que son administration tentait de bloquer le projet. Cette crainte a été formulée la veille par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

Valérie Plante, mairesse de Montréal, lors d'une annonce concernant des lits d'urgence pour itinérants installés à l'ancien hôpital Royal-Victoria.
Olivier Robichaud
Valérie Plante, mairesse de Montréal, lors d'une annonce concernant des lits d'urgence pour itinérants installés à l'ancien hôpital Royal-Victoria.

«Je ne veux pas bloquer ce projet. Il n'est pas question de jeter le bébé avec l'eau du bain. [...] C'est certain que comme mairesse de Montréal, c'est ma responsabilité de mettre de l'avant certaines problématiques, mais surtout de trouver des solutions», dit-elle.

Mme Plante n'a pas souhaité se prononcer sur la navette.

«C'est une solution qui vient d'être proposée, mais on ne peut pas réagir à la pièce dans un projet de cette ampleur. On doit avoir une vision d'ensemble et c'est pourquoi on est en consultation présentement.

Le méga-complexe Royalmount prévoit des investissements privés d'environ 2 G$ pour le volet commercial. Un volet habitation s'y est récemment ajouté. M. Marcotte évalue qu'il ajouterait 3 G$ à 4 G$ en investissements.

Les esquisses du projet Royalmount

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.