Des «changements cataclysmiques» guettent les Québécois s'ils ne modifient pas leurs habitudes, prédit le ministre de l'Environnement, David Heurtel.
Il justifiait ainsi, jeudi, la nouvelle cible de réduction de 37,5% des gaz à effet de serre (GES) d'ici à 2030 proposée par le gouvernement Couillard. Cette cible «pose des défis considérables» au dire même du comité qui l'a fixée, mais elle pourrait toutefois être revue à la baisse au terme des consultations de cet automne.
Le gouvernement doit établir ses objectifs en vue de la conférence sur le climat de Paris en décembre, où les États doivent convenir de leurs plans pour la période après 2020. Il entend dépenser pas moins de 3,3 milliards $ pour décarboniser le Québec, diminuer la pollution atmosphérique générée par les entreprises, les municipalités et les citoyens.
En conférence de presse jeudi dans le hall de l'Assemblée nationale, David Heurtel a martelé qu'il y avait «urgence d'agir» et que tous devront mettre l'épaule à la roue dans les changements à venir.
«Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) le dit clairement: si nous permettons un changement climatique au-delà de 2 degrés d'ici à 2050, on parle de changements cataclysmiques pour toute la planète. Toutes nos façons d'exister vont être remises en question, on parle d'impacts sur l'eau, notre santé, notre nourriture, notre territoire. Cela a déjà commencé. On ressent les effets au Québec», a dit le ministre.
M. Heurtel «hésite» à parler de «sacrifices» à venir imposés aux Québécois par la coercition. La conversion vers une économie plus propre créera selon lui des occasions de développement économique.
«Changer nos habitudes, parfois, c'est bénéfique. Prenez un fumeur, il change ses habitudes, ce n'est pas un sacrifice. Il améliore sa qualité de vie. C'est ce qu'on fait. En se donnant une cible de réduction des gaz à effet de serre, on veut améliorer notre santé», a-t-il dit.
Toutefois, il est clair que «le plus difficile reste à faire», a ajouté M. Heurtel, parce que les efforts à venir seront plus exigeants que ceux qui ont déjà pu être faits depuis 2006. Les transports, la construction et l'aménagement urbain seront particulièrement visés, a-t-il évoqué.
Le comité-conseil sur les changements climatiques qui a été mis en place pour arriver à la cible reconnaît lui-même qu'elle est élevée, tout en ajoutant qu'elle est réaliste.
«Je crois qu'on va me dire que c'est une cible très ambitieuse qui pose des défis considérables pour tous les secteurs de l'économie», a déclaré Hélène Lauzon, membre du comité, et présidente du Conseil patronal de l'environnement du Québec.
Le gouvernement propose la cible de 37,5 pour cent pour les consultations qui se tiendront cet automne, mais au terme de l'exercice, elle pourrait être revue à la baisse.
«On veut aller de l'avant, mais on va d'abord écouter la société civile avant de finaliser», a précisé le ministre.