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L'Excentris tire sa révérence dans l'indifférence

L'Excentris tire sa révérence dans l'indifférence
Movie Theater with empty seats and projector / High contrast image
fergregory via Getty Images
Movie Theater with empty seats and projector / High contrast image

La nouvelle a fait l’effet d’une bombe chez les cinéphiles et les distributeurs indépendants. Mais en pleine remise du rapport de la commission Charbonneau, l’annonce de la fermeture de l’Excentris n’a pas vraiment fait de vagues.

Pourtant, la situation financière du Cinéma Parallèle, organisme à but non lucratif qui s’occupe de l’Excentris, était devenue intenable depuis plusieurs semaines jusqu’à lundi où les membres du conseil d’administration de la corporation ont convenu de l’insolvabilité de l’institution.

Par voie de communiqué émis mardi, la décision a été rendue publique. Arrêt «provisoire» des activités en salle le temps de s’entendre avec les créanciers. En attendant, les portes de l’édifice demeurent fermées et 23 personnes perdent leur emploi.

«C’est un jour très sombre, a lancé en entrevue Hélène Blanchet, directrice générale d’Excentris. On se donne trente jours pour s’entendre avec les créanciers et voir pour la suite des évènements. Mais une chose demeure certaine, l’Excentris tel qu’on le connait ne plus continuer ainsi.»

Rappelons que l’Excentris, fondé en 1999 par le mécène Daniel Langlois, s’était cherché une vocation pluridisciplinaire en 2009. Un premier échec qui avait poussé sa fermeture partielle pendant deux ans. En 2011, le lieu était ressuscité sous l’égide cette fois du Parallèle qui en assurait la gestion grâce à un investissement public de plus de six millions de dollars. Les trois salles de cinéma de l’édifice proposaient aux cinéphiles une programmation composée de films d’auteurs et d’œuvres plus grand public.

«Le modèle fonctionnait tant qu’on pouvait avoir des longs métrages porteurs, a expliqué la directrice. Mais voilà, à partir d’aout 2015, des films importants nous ont échappé. On s’est retrouvé en pleine crise de liquidité. On n’a pas eu le choix d’arrêter la machine.»

Le cinéma a alors enregistré des pertes de plus de 200 000 dollars en billetterie. «Une catastrophe, ajoute-t-elle. Mais avec le temps des fêtes, on pensait qu’on allait remonter la pente, car c’est une période cruciale pour notre fonctionnement avec l’arrivée de films très importants.»

4 films pour sauver l’Excentris

Si l’on en croit la directrice, il aurait fallu la programmation de quatre films supplémentaires afin de préserver le complexe, comme ce fut le cas pour les années précédentes.

«Si on avait eu seulement quatre films porteurs, on ne serait pas dans cette situation présentement. Il faut savoir que près de 80 % de notre programmation est composée d’œuvres dites de niche qui rapporte au box-office 20 %, tandis que 20 % de notre programmation est composée d’œuvres à plus large portée qui représentent 80 % de nos revenus à la billetterie.»

Les longs métrages qui auraient pu sauver l’Excentris du marasme, Mme Blanchette peut les identifier facilement. «On n’a pas eu Sicario de Denis Villeneuve lors de sa sortie en salle. Le distributeur a décidé de laisser la copie en langue française au cinéma du Quartier Latin. Même chose pour la production Room de Lenny Abrahamson. Ça nous prenait ces films. Et puis, lorsqu’on s’est rendu compte qu’on n’aurait pas non plus à temps Carol de Todd Haynes et le dernier Tarantino [The Hateful Eight], on a su qu’on allait tout droit vers la catastrophe.»

Selon la directrice, les gros distributeurs ont privilégié le cinéma du Quartier Latin, propriété de Cineplex Odeon, situé à seulement 1 kilomètre de l’Excentris. «Ce cinéma non plus ne va pas très bien. Ils font tout pour le sauver. Dans ce combat commercial inégal, où tout se décide à Hollywood, c’est évident qu’on ne pouvait pas gagner.»

Ainsi l’Excentris sera fermé pour les trente prochains jours, mais même avec une entente avec ses créanciers, son sort semble malheureusement scellé. «On a perdu la bataille, a ajouté la directrice. Le cinéma d’auteur est en deuil, mais on veut toujours sauver l’Excentris. Pour cela je crois que sa vocation doit changer. Je n’ai pas de réponse à donner à l’heure actuelle. On doit reprendre tout à zéro.»

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