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Élections fédérales 2015: une longue campagne peut-elle changer le résultat?

Une longue campagne peut-elle changer le résultat?

Oui, la campagne qui s'amorce sera la plus longue de l'histoire canadienne : les partis auront 78 jours pour convaincre les Canadiens de voter pour eux. Mais est-ce que cela peut changer quelque chose sur le vote de ces derniers?

Dans l'histoire du pays, la durée moyenne des campagnes électorales fédérales est de 49 jours. Avant celle de 2015, une seule a duré plus de 70 jours, en 1872. À cette époque-là, l'élection comptait plusieurs dates de scrutin.

Toutefois, si l'on regarde le résultat, la durée d'une campagne ne semble pas profiter plus à un parti qu'un autre. Le graphique ci-dessous indique la durée de chaque campagne et le parti qui a été élu à la fin.

Toutefois, plusieurs inconnues pèsent sur l'actuelle campagne, notamment la nouvelle carte électorale et la montée en puissance des néodémocrates à l'élection de 2011.

La loi électorale stipule que la campagne doit durer au moins 37 jours, mais aucune durée maximale n'est fixée.

La durée d'une campagne comprend l'écart entre la date de l'émission des brefs et l'élection, selon la Bibliothèque du Parlement. Il est aussi possible de mesurer le nombre de jours entre la dissolution et l'élection, ce qui peut faire varier les résultats.

Comment réagiront les Canadiens?

En observant les données sur la participation électorale, on constate que la durée de la campagne ne semble pas, par le passé, avoir eu d'impact sur le taux d'abstention.

Par contre, les dernières longues campagnes ont eu lieu avant la chute du taux de participation qu'on observe depuis quelques années au pays.

Dans les tribunes téléphoniques et sur les réseaux sociaux, les Canadiens sont partagés sur l'annonce du déclenchement d'élections fédérales. Toutefois, la perspective d'une campagne qui s'étire déplaît à plusieurs électeurs, qui soulignent notamment les coûts accrus pour le Trésor public.

Cependant, l'ancien organisateur politique Stéphane Viau affirme qu'en général les électeurs ne semblent pas en vouloir aux partis qui déclenchent les élections.

« C'est rarement un enjeu majeur, le déclenchement de l'élection ou les coûts. » — Stéphane Viau, ancien organisateur politique, au Téléjournal Québec, le 29 juillet 2015

M. Viau pense que les stratèges conservateurs ont pris en compte la possibilité d'une réaction défavorable des Canadiens, mais pensent quand même avoir plus à gagner en déclenchant tout de suite la campagne.

Daniel L'heureux, ex-journaliste de Radio-Canada, analyse la situation ainsi :

Pour sa part, Henry Milner, chercheur associé à la Chaire de recherche du Canada en études électorales de l'Université de Montréal, craint que cette longue campagne alimente le cynisme ambiant et joue contre la démocratie.

« Il y a des gens qui vont prétendre qu'une plus longue campagne soulèvera plus d'intérêt et que la participation sera donc plus élevée. Mais les chances sont assez grandes que ça ait l'effet contraire et que ça augmente le cynisme. » — Henry Milner

Tout un défi pour les partis politiques

Ce véritable marathon électoral de 11 semaines exige une tout autre logistique qu'une campagne habituelle.

Du côté financier, le Parti conservateur s'avère le mieux positionné à la ligne de départ.

Au niveau stratégique, Richard Mimeau, ancien organisateur politique au Parti libéral du Canada, prévoit que ce sera une campagne en deux temps. Pendant le mois d'août, les partis poursuivront leurs tournées estivales à un rythme plutôt modéré et se prépareront pour la vraie campagne qui, elle, ne commencera qu'en septembre.

« Il faut bien partir, mais il faut se garder des munitions pour quand les gens vont t'écouter après la fête du Travail. » — Richard Mimeau, ancien organisateur politique au Parti libéral du Canada, à l'émission Pas de midi sans info, le 30 juillet 2015

Ce sera un défi pour les stratèges des partis de trouver des façons de maintenir l'intérêt de la population pendant une si longue période.

Richard Mimeau souligne également que les partis auront du mal à faire du pointage, puisqu'en 78 jours les opinions des gens pourraient changer.

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