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Ultimement si nous apprenons à nous servir du système partisan non pas en tant qu’arène de lutte permanente, mais plutôt en tant que simple véhicule électoral, les Montréalais seraient mieux servis.
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Getty Images/iStockphoto

La sortie la semaine dernière du rapport du Bureau de l'Inspecteur général sur la Formule-E confirme ce que soupçonnait bon nombre de Montréalais déjà: qu'il y a eu ingérence de la part de l'ex-maire Denis Coderre dans l'octroi du contrat pour la Formule-E à Evenko. Sa manière de "faire des deals", son incapacité à reconnaître d'erreur dans le dossier et son refus jusqu'à la dernière heure préélectorale de publier les chiffres d'achalandage étaient les symptômes d'un orgueil et d'un entêtement qui déplaisaient aux électeurs.

Les Montréalais n'ont pas attendu le rapport du BIG pour agir: aux élections municipales de novembre 2017, l'opinion publique s'était déjà tournée contre l'ex-maire, en grande partie due aux débâcles de la Formule-E.

Cherchant le changement, les électeurs se sont alors tournés vers Projet Montréal, le seul autre parti municipal capable de détrôner l'équipe Coderre. Depuis, plusieurs sont revenus sur ce choix, notamment quand, pas plus que deux mois après son entrée en poste, la nouvelle administration de Valérie Plante a annoncé une hausse de 3,3% des taxes municipales.

Et puis, à l'annonce du rapport du BIG sur les nombreux problèmes reliés à la Formule-E, notre mairesse s'est déchaînée sur l'ancien maire, comme si elle était toujours en campagne électorale.

Les partis: une entrave à la démocratie?

L'existence d'un système partisan au municipal est problématique. Déjà, ce système pose un défi immense à tout candidat potentiel à la mairie par le nombre de postes à pourvoir: 102 candidats (sans compter le ou la candidat-e à la mairie de Montréal). Ce chiffre est suffisant pour faire reculer bon nombre de personnes de bonne volonté. Ensuite, de former les associations locales, lever les fonds nécessaires à toute campagne électorale, former l'équipe organisatrice... On en est vite essoufflés. Les contraintes du système partisan ont pour impact ultime de limiter le nombre de candidatures à la mairie de Montréal et donc de choix pour les électeurs.

Les contraintes du système partisan ont pour impact ultime de limiter le nombre de candidatures à la mairie de Montréal et donc de choix pour les électeurs.

Malheureusement, le système partisan ne s'arrête pas aux urnes! Tout au long de son mandat de quatre ans l'opposition doit se battre pour garder une visibilité, en espérant de l'accroître, et devant donc constamment prouver sa pertinence en s'opposant aux positions mises de l'avant par l'équipe au pouvoir qui, elle, cherche à glorifier ses exploits et à écraser son concurrent. Ceci explique pourquoi les séances du conseil municipal peuvent s'éterniser dans des débats stériles, calculés davantage pour trouver écho dans les médias que pour convaincre ses collègues, dont le vote aurait été déterminé d'avance.

Ou simple véhicule

Mais voici: ce système, malgré ses défauts, est le système actuel qui gouverne le conseil municipal montréalais (à la différence des autres grandes villes canadiennes qui, elles, sont non-partisanes et comptent beaucoup moins d'élus). Dans ce contexte, comment s'assurer qu'il fonctionne pour les Montréalais et non pas pour le maintien au pouvoir d'un seul groupe?

Dans ce contexte, comment s'assurer qu'il fonctionne pour les Montréalais et non pas pour le maintien au pouvoir d'un seul groupe?

D'abord, en s'assurant d'une diversité de voix. Une élection qui n'oppose que deux candidats est vouée à une caricaturisation des positions de chacun, et à un référendum sur le maire sortant. Un sain débat ne peut avoir lieu que quand différentes perspectives sont représentées et non seulement une opposition de deux polarités. Ensuite, en réduisant le nombre de sièges au conseil, la formation d'une équipe de candidatures deviendra plus accessible.

Au lieu de sembler vouloir mettre ses efforts à enfoncer le clou dans le cercueil de l'ancienne équipe Coderre, Mme Plante pourrait au contraire souhaiter et encourager une saine opposition; une opposition qui travaillerait aux côtés de son administration en contestant ses positions campées et en présentant des idées et perspectives différentes. Autant la lutte pour la parité a été mise de l'avant comme objectif à atteindre par l'équipe Plante, la lutte pour une diversité culturelle, géographique et idéologique devrait également être valorisée.

Bâtir un parti politique nécessite un travail immense; le détruire semble beaucoup plus simple.

Ultimement si nous apprenons à nous servir du système partisan non pas en tant qu'arène de lutte permanente, mais plutôt en tant que simple véhicule électoral, les Montréalais seraient mieux servis.

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