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Confessions d'un quenellier «d'Extrême-Droite»: accusations et désinformation

J'ai sursauté en lisant le récent billet d'Éric Debroise. Il se termine par des propos aussi graves que diffamatoires à mon égard ainsi qu'à celui de l'équipe de l'émission de web télé que je coanime.
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Parfois, je m'imagine certaines personnes à l'image des paparazzis qui fouillent dans les ordures des vedettes à la recherche d'un scoop, mais qui curieusement choisissent de devenir blogueurs. Ainsi, on leur donne donc la possibilité de les inventer, leurs scoops. J'ai sursauté en lisant le récent billet d'Éric Debroise Dieudonné : l'humoriste au service de la haine. Il se termine par des propos aussi graves que diffamatoires à mon égard ainsi qu'à celui de l'équipe de l'émission de web télé que je coanime.

«Au Québec, il est inquiétant que Jean-Philippe Décarie-Mathieu, fondateur du groupe les Fils de la Liberté (groupe d'Extrême-Droite québécois) promeuve cette haine "anti-système". Encore une importation française?»

Le Huffington Post a par la suite décidé de retirer cette phrase, qui serait «passée entre les mailles du filet», la jugeant probablement diffamatoire et allant ainsi à l'encontre de leur politique de publication de blogue. Nous avions donc affaire à un individu en mal de popularité qui tente de se faire un nom en apposant des étiquettes mensongères sur les gens et en prétendant débusquer l'extrême-droite québécoise. Mon cher monsieur Debroise, vous ne devriez pas manier des termes que vous ne maîtrisez pas bien et surtout faire plus attention avant d'utiliser les étiquettes de ce genre. N'oublions pas qu'il y a à peine quelques mois, mon collègue-blogueur des Fils de la Liberté et du Huffington PostJules Falardeau et moi-même étions taxés de «gauchistes crottés» par un animateur de radio poubelle.

Moi qui croyais que mon baptême de feu au Sommet des Amériques en 2001, mon implication dans le printemps étudiant de 2012, ma vision progressive de la société, mon attitude de vivre et laisser vivre ainsi que ma tendance à nuancer mes propos et à tenter de comprendre ceux des autres étaient indicatifs d'un penchant plus à bâbord qu'à tribord...

C'est vrai que j'ai bien créé, en octobre 2009, un podcast politique qui allait devenir les Fils de la liberté, une émission de web télédiffusée en direct tous les jeudis à 21h sur douteux.tv - mais pour le côté amalgame-douteux relié au spectre politique, ça, c'est toute une nouvelle. Je nous décrirais plutôt comme un regroupement d'une douzaine de militants indépendantistes dit «radicaux», issus de divers milieux, qui rejettent la démarche inefficace et faussement indépendantiste du Parti québécois pour accéder au statut d'État-nation pour le Québec. Nous croyons aussi que l'émancipation nationale du Québec s'inscrit en opposition au système marchand mondialisé via les diktats du Fond monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale. Finalement, nous combattons toutes les formes de colonialisme, qu'elles soient représentées par la Confédération canadienne ou par le système d'apartheid imposé au peuple palestinien par les sionistes à la tête d'Israël.

Antisionisme et ironie

Voici, justement, mon péché: j'aime et je supporte l'humoriste français Dieudonné, je m'adonne occasionnellement à la préparation de délicieuses quenelles et j'ai le malheur de ne pas spécifier explicitement quand j'utilise une forme d'humour ironique et politiquement incorrecte. My bad - j'ai tendance, clairement, à surestimer les hommes d'esprit universel comme Debroise qui, malgré leur intention de nous transmettre à nous, pauvres gueux ignares, «le goût du raffinement allié au combat de l'esprit», sont parfaitement incapables de voir un second degré à une caricature grosse comme le bras... Ce même bras tendu pour signifier soit un geste de contestation face à un système socialement, politiquement et nationalement déshumanisant, soit une manière plus ou moins subtile de faire revivre le salut romain qui était tellement in en Allemagne y'a pas si longtemps. Ou peut-être est-ce de l'aveuglement volontaire pour une autre cause?

La signification

Le geste de la quenelle dérange, car il est facile d'utilisation, photogénique, exportable, facilement glissable discrètement, universel, et surtout symbole d'une écœurantite aiguë face à une ribambelle de problèmes sociaux et économiques dont nos soi-disant élites ne semblent pas vouloir ou pouvoir régler. À ce sujet, on accuse déjà la quenelle d'être floue dans ses revendications et son sens; souvenez-vous qu'Occupy Wall Street fut ciblé de la même manière initialement. C'est inévitable dans une culture obsédée par l'instantané et l'éphémère, qu'un acte ou un mouvement ayant des réclamations complexes découlant d'un contexte social spécifique soit réduit à sa plus simple expression et rapidement dénigré par des gens agissant selon une pensée manichéenne ou tout est noir blanc, bon ou mauvais, sioniste ou antisémite.

Y a-t-il récupération de la quenelle par certaines idéologies, groupes et individus que l'on pourrait considérer comme «louches»? Certainement. Par contre, comme Dieudonné lui-même l'a mentionné, le geste a dépassé sa capacité à contrôler autant sa portée que sa définition. Je ne vais pas arrêter de manger du pain poché si un skinhead se fait prendre à manger un bretzel, vous savez... Un homme libre ne laisse jamais ses gestes et ses intentions être définies par autrui.

Les véritables fascistes

Parlant de liberté: le ministre de l'Intérieur français Manuel Valls (qui se voit déjà président de la République) tente depuis un certain temps déjà d'interdire les rassemblements de Dieudonné, de le censurer et, maintenant, de le calomnier via l'envoi d'une circulaire, tout ça aux frais du contribuable, bien entendu. Apparemment, la perte d'emploi, le statut social précaire d'une partie de la population et l'explosion de l'imposition ne figure pas aux premiers rangs des problèmes à régler pour le gouvernement de François Hollande. La cible à abattre, c'est plutôt un humoriste systématiquement persécuté. Résultat? On en parle plus, grossissant ainsi le cas et forçant les gens à adopter une position, souvent absente de nuances pourtant essentielles. Wedge politics 101. On se croirait dans un «débat» sur la charte des valeurs péquiste.

Or, via cette tourmente, l'État français se trouve à donner raison à Dieudonné: le système est pourri et préfère monter en épingle des frasques politiquement incorrectes d'un humoriste plutôt que de s'attaquer aux véritables problèmes de la France, qui sont en train de se conjuguer en une tempête politico-sociale parfaite. En imposant le bâillon, on tente de faire taire un comique gênant qui dit ce qui ne peut être dit. Ça ne vous rappellerait pas Coluche, par hasard?

Si faire la promotion de la révolte contre ce système en déliquescence est une forme de haine, alors je n'ose imaginer ce que représente la protection de facto de celui-ci par des gens tels qu'Éric Debroise. D'ici là, je rejette toute accusation d'extrémisme quelconque, mais j'adopte assurément le sobriquet de radical. Stay calm and quenelle the system.

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