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Le «plus grand génie» de l'artillerie était un Labrosse d'Amérique

Il passera sa vie à construire des canons, des super-canons, à en vendre plus ou moins légalement, au rythme des conflits et des alliances occidentales, plus ou moins conscient des conséquences.
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L'expert en balistique Gerald Bull (à gauche), avec le premier ministre du Québec, Jean Lesage, et l'un des canons géants de Bull, dans une photo datant de 1965.
ASSOCIATED PRESS
L'expert en balistique Gerald Bull (à gauche), avec le premier ministre du Québec, Jean Lesage, et l'un des canons géants de Bull, dans une photo datant de 1965.

GÉRALD BULL

«Considéré comme le plus grand spécialiste de la balistique du XXe siècle, et peut-être de tous les temps, il était poussé par un rêve: il voulait devenir le premier homme à lancer un satellite dans l'espace à l'aide d'une pièce d'artillerie», écrit Normand Lester.

«Pour combler son rêve d'envoyer des obus sur la Lune, il a passé sa vie à développer des obus qui visaient d'autres hommes.»

«Gerald Bull n'a jamais compris les conséquences politiques de ses recherches scientifiques. Cela l'a mené à sa perte.»

Gerald Vincent Bull est né le 9 mars 1928 à North Bay, neuvième d'une famille de dix enfants. Son père, George L. T. Bull (1877-1949), est avocat et conseiller de la Reine. Sa mère, Gertrude LaBrosse (1890-1931), franco-ontarienne, est la fille de Napoléon Labrosse (1857-1936), originaire de Mirabel, l'un des tout premiers prospecteurs du nord de l'Ontario.

Napoléon descendait de Raymond Labrosse dit «Bouguignon», né en 1695 dans la paroisse Saint-Symphorien-des-bois (Bourgogne). En 1720, Labrosse s'engage pour la Nouvelle-France comme soldat au sein de la compagnie de Senneville. Après trois ans de service, il s'établit à Pointe-Claire où il épouse Marie-Louise Clément (1703-1784), une Canadienne de la troisième génération. Le couple aura trois garçons, dont Joachim (1728-1811), l'arrière-arrière-grand-père de Napoléon. Plus d'un siècle avant le départ de Napoléon pour le nord de l'Ontario, Joachim et ses frères remontaient l'Outaouais en canots pour faire le commerce des fourrures jusqu'au Lac Huron.

Pour épouser la belle catholique, âgée de 19 ans à peine en 1909, George Bull, anglican, a dû se convertir à la religion papiste.

En 1931, les Bull déménagent à Toronto où George deviendra l'un des meilleurs criminalistes au Canada. Mais quelques mois plus tard, le malheur frappe durement la famille: Gertrude est emportée par la maladie. «Je n'ai aucun souvenir de ma vraie mère», dira plus tard Gerry —son diminutif dans la famille — qui est devenu son prénom.

À partir de neuf ans, il passe tous ses étés chez son oncle Philippe Labrosse et sa tante Édith: «aucun garçon n'a eu des parents aussi extraordinaires que l'ont été pour moi tante Édith et oncle Phil.»

Fort doué, il obtient à 23 ans son doctorat en aérodynamique, une science naissante dans les années 50. Sa spécialisation l'amène à Québec où il travaille à la CARDE, le Conseil de recherches pour la Défense à Valcartier. C'est là qu'il rencontre son épouse, Noémie «Mimi» Gilbert, une artiste-peintre de Charny, qui lui donnera sept enfants.

«Les filles de Québec, en général, sont plus jolies que celles de la plupart des villes que j'ai visitées. Ou elles sont négligées, ou elles sont si belles qu'elles vous reversent! Il n'y a pas de milieu.»

Après une bonne décennie à Valcartier et quelques années à McGill, il se lance dans la construction de canons. Il passera sa vie à construire des canons, des super-canons, à en vendre plus ou moins légalement, au rythme des conflits et des alliances occidentales, plus ou moins conscient des conséquences.

Bull a été assassiné en face de la porte de son appartement à Bruxelles, le 22 mars 1990, par les agents du Mossad. Israël ne pouvait accepter que Saddam Hussein mette la main sur un super-canon qui aurait pu viser le cœur de Tel-Aviv. Les assassins courent toujours et le gouvernement canadien n'a jamais émis le moindre mot de réprobation.

«Après sa mort, Bull a été décrit comme "le plus grand génie de l'artillerie de sa génération", un homme qui a consacré sa vie à prouver que le canon géant n'était pas désuet à l'ère des missiles», conclut Lester. «Il était le Werner von Braun de la technologie du canon.»

LIGNÉE MATERNELLE DE GÉRALD BULL

BULL, George Lewis (1877-1949)

LABROSSE, Gertrude (1890-1931)

Mariés le 23 février 1909

North Bay, Ontario

LABROSSE, Napoléon (1857-1936)

BARKER, Flora (1870-1945)

M. le 8 août 1888

Moose-Creek, Stormont, Ontario

LABROSSE-RAYMOND, Moise (1829-1903)

ANGRIGNON, Célina (1835-1903)

M. le 16 octobre 1854

St-Benoit-de-Mirabel

RAYMOND-LABROSSE, Amable (1796-1873)

FORTIER, Josephte (1801-1879)

M. le 14 février 1820

St-Benoit-de Mirabel

RAYMOND-LABROSSE, Jean-Baptiste (1764-?)

LAUZON, Françoise (1764-1816)

M. le 16 octobre 1787

Ste-Geneviève-de-Pierrefonds

LABROSSE, Joachim (1728-1811)

DAOUST, Marie-Louise (1730-1815)

M. le 19 février 1748, Pointe-Claire

LABROSSE, Raymond (1695-1768)

CLEMENT, Marie-Louise (1703-1784)

M. le 9 mai 1724, Pointe-Claire

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