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Une solution plus holistique pour notre système scolaire ou comment faire un virage à 180 degrés sur la question du financement

Deux paramètres contribuent au décalage entre public et privé: les modalités de financement et la sélection des élèves.
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Après avoir mis la table concernant le problème de notre système d'éducation et avoir soulevé des doutes plus que raisonnables sur l'argument voulant que la fin du financement du secteur privé par l'État règle le problème (même en partie) – je vous propose des avenues possibles s'inscrivant dans une approche globale, le tout divisé en 4 textes.

Le Conseil supérieur de l'éducation 2014-2016 (CSE) propose un certain nombre de mesures qui pourraient être mises en place pour corriger la question de l'inégalité de notre système. Une lecture attentive de celui-ci et surtout des mesures «possibles» force la réflexion sur le «comment faire». En fait, il est clair qu'il n'existe pas de mesures pensées à la pièce pouvant régler le problème. C'est malheureusement ici que plusieurs groupes échouent dans leur proposition visant la fin du financement.

Si la fin du financement public du réseau privé n'est pas la solution pour réduire les inégalités au sein de notre système, force est cependant d'admettre qu'il existe un décalage important sur le plan des ressources disponibles entre les deux systèmes. Deux paramètres contribuent directement à ce problème: les modalités de financement des établissements et la sélection des élèves.

Faire un 180

Si on inversait la solution au problème soulevé, c'est-à-dire qu'au lieu de vouloir cesser le financement du privé, on le finançait à près de 100% ? Cela peut sembler contre-intuitif, mais c'est ce qu'ont fait de nombreux pays dont la Finlande. Bien entendu, il s'agit d'un contexte différent. L'idée n'est pas de copier bêtement les pratiques des uns et des autres, mais bien d'intégrer des avenues prometteuses à la situation qui nous intéresse, soit celle du Québec. En fait, nous abolirions le financement privé des écoles de l'ensemble de notre système pour le rendre public.

Cependant, si nous voulons égaliser le financement des écoles, il faut aussi intervenir (dans quelles proportions? Cela resterait à définir) sur la possibilité de permettre d'aller chercher des fonds à l'extérieur de ces subventions. Que ceux-ci proviennent de quelques généreux donateurs, d'une fondation ou encore d'une campagne de financement publique organisée par des individus motivés, il faudrait légiférer. Plusieurs personnes trouveraient cela injuste, mais il faut être cohérent : l'inégalité entre les établissements est fortement accentuée par ce type d'initiatives que l'on retrouve tant au public qu'au privé. La question d'une disparité des ressources transcende largement la seule question des subventions au privé. Des écoles privées et publiques, mais jouant à armes égales sur le plan des ressources - voilà l'objectif.

Je sais que cette proposition risque de choquer et on évoquera des argument d'ordre économique, mais encore une fois il faut se donner les moyens de nos ambitions. Si une personne veut s'impliquer dans l'éducation de ses enfants – il y a mille façons de faire autrement qu'en donnant de l'argent à une institution scolaire. On se retrouve avec un problème comparable dans notre structure politique avec le financement des partis politiques, mais bon ce n'est pas le propos de ce papier.

Il faut permettre aux élèves de choisir leur école et mettre en place un mode de sélection moins discriminatoire.

L'enjeu de la sélection

L'autre grand problème de notre système actuel touche la sélection des élèves par les écoles publiques et privées. Il faudrait limiter, voire empêcher la sélection des élèves sur une base académique par toutes les institutions. Il faut permettre aux élèves de choisir leur école et mettre en place un mode de sélection moins discriminatoire, que ce soit par des tirages au sort, le lieu de résidence, des entrevues de motivation, un algorithme assurant la mixité des groupes socio-économiques, etc. De plus, il faut encourager la mobilité des élèves (pourquoi n'ont-ils toujours pas la carte de la STM gratuite ?) entre les établissements du secondaire pour assurer cette mixité sociale qui ne devrait pas se résumer à habiter dans un environnement géographique précis. En établissant une méthode et en s'assurant que celle-ci soit respectée autant au privé qu'au public, nous contribuerions fortement à redistribuer les coûts relatifs aux besoins de certains types d'élèves. En même temps, je crois que la clé réside dans un financement adapté à la réalité des jeunes qui fréquentent l'établissement – c'est en partie déjà le cas, mais les ratés y sont fort nombreux. Finalement, des parcours plus individualisés permettraient de garder des élèves de tout acabit ensemble tout en donnant à chacun des défis adaptés.

Alors, en quoi restent-elles privées ces écoles ? Elles garderaient leur autonomie sur le plan de la gestion, de l'administration et de l'élaboration de leur mission, de leurs programmes particuliers tout en devant respecter le socle commun énoncé par l'État. C'est en principe déjà le cas. D'ailleurs, notre réseau universitaire fonctionne déjà sur un modèle similaire. Il est vrai que la question du financement entre les universités à charte et celles publiques ou encore entre le réseau anglophone et francophone est source de tensions, voire d'injustice, mais nous devons apprendre de cela pour ne pas faire les mêmes erreurs.

Imaginez quelque chose qui ressemble au Réseau des Écoles Publiques Alternatives du Québec (REPAQ) mais à la puissance dix par la multiplication de projets partant d'initiatives aussi nombreuses qu'éclatées – tant privées que publiques. N'y a-t-il pas un risque? Pas plus que maintenant et, au contraire, par le resserrement des règles du financement et de la sélection des élèves, la collaboration entre le privé et le public se verrait nécessairement améliorée.

Ces mesures seraient cependant incomplètes sans une réflexion sur ce que nous voulons comme école publique et en identifiant des mesures pour y arriver.

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