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«Chasse-Galerie : la légende» : une sortie à l'ombre de Claude Jutra

«Chasse-Galerie : la légende» : une sortie à l'ombre de Claude Jutra

L’équipe du film Chasse-Galerie : la légende est actuellement en marathon promotionnel en vue de la sortie de l’œuvre en salles, le vendredi 26 février prochain. Or, cette semaine, ce ne sont pas les histoires de pactes avec le diable et de canots volants qui défraient les manchettes, mais bien les allégations voulant que le défunt Claude Jutra ait entretenu des relations intimes avec de jeunes garçons, du temps de l’apogée de sa carrière.

Questionnés au sujet de la controverse, mardi, le producteur Réal Chabot, le réalisateur Jean-Philippe Duval et le comédien François Papineau, ont adopté sensiblement le même discours que Québec Cinéma et ont prôné la patience et la vigilance avant de balancer quelque opinion que ce soit.

Par exemple, les trois hommes ont refusé de prédire quelle serait leur réaction si Chasse-Galerie : la légende se retrouvait en nomination à la Soirée des Jutra l’an prochain, advenant le cas où l’événement porterait toujours son nom actuel. Selon eux, le contexte ne sera pas du tout le même dans un an.

«Je verrai, a laissé planer Réal Chabot, de Films du Boulevard. Dans les prochaines semaines, beaucoup de choses vont arriver. On va en apprendre encore plus. Claude Jutra est quelqu’un d’important, de connu, qui a travaillé avec beaucoup de gens. La bombe vient d’éclater, mais il y aura des retombées, c’est certain. Plusieurs personnes qui ont travaillé sur ses plateaux sont toujours parmi nous. On va en réentendre parler dans la prochaine année.»

«C’est trop spéculatif, a observé Jean-Philippe Duval. Soyons prudents et allons aux sources. Allons vérifier. Les journalistes doivent essayer de comprendre pourquoi cet auteur (Yves Lever) a voulu dire ça. Pourquoi il sort ça maintenant, juste avant le Gala des Jutra? Il faut essayer de savoir qui se sert de qui.»

«Si ça reste le Gala des Jutra, il y aura de bonnes raisons pour qu’il en soit ainsi, a pour sa part déduit François Papineau. On ne peut pas spéculer sur l’an prochain. Pour l’instant, je ne sais pas encore, je ne peux pas dire. On verra bien.»

Réactions posées

Consternés comme tout le milieu culturel par ces révélations du bouquin en magasin depuis mardi, Réal Chabot, Jean-Philippe Duval et François Papineau n’en sont pas moins posés dans leur réaction. Tous analysent le débat la tête froide.

«C’est très triste, a relevé Réal Chabot. On en parle entre nous, tout le monde réagit. Pour moi, c’est sorti d’une façon un peu bizarre. On se rend compte que c’était peut-être connu dans le milieu… La façon dont c’est apporté, je trouve ça triste. Il n’y a pas de preuves, pas de victimes qui sortent. Est-ce que c’est gratuit, ou pas? Je suis très ambigu par rapport à ça. Mais, s’il y a des victimes, ça nous touche, et il faut en parler. Actuellement, les allégations ont été lancées de façon plutôt, disons, légère. Personne n’est nommé, personne n’est cité…»

«Mais moi, j’ai une jeune fille adolescente, a continué le producteur. C’est sûr que ça nous interpelle, dans le contexte québécois actuel, avec toutes les histoires qui sont arrivées, avec les jeunes filles, dans les dernières semaines. Ce n’est peut-être pas le même sujet, mais quand même. Ça rejoint la notion d’abus.»

Jean-Philippe Duval a de son côté réitéré son invitation à la réflexion, et ne s’est pas gêné pour décocher une flèche au biographe de l’artiste derrière les classiques que sont Mon oncle Antoine, Kamouraska et La dame en couleurs.

«Soyons prudents, a avisé le cinéaste. C’est très facile de dire à peu près n’importe quoi sur quelqu’un, à titre posthume. Il faut savoir exactement ce qui a été dit. Je n’ai pas lu les pages en question. L’auteur dit qu’il ne voulait pas ternir la réputation de Claude Jutra, mais en même temps, il faut assumer la responsabilité de ce qu’on dit. Surtout à titre posthume! D’autant plus que personne n’a manifesté le désir d’intenter des poursuites criminelles. Moi, pour l’instant, j’ai juste le goût de dire : prudence.»

Même son de cloche chez François Papineau, qui dit considérer les deux côtés de la médaille.

«C’est le genre d’affaire qui doit être étudiée et prise au sérieux, a souligné la tête d’affiche d’Unité 9. Si ce n’est pas réellement arrivé, il ne faut pas flusher le nom Jutra pour rien. Et si c’est arrivé, c’est condamnable, selon moi. Il n’y a pas de passe-droit parce qu’on est un artiste.»

«Je sais que la gang de Québec Cinéma sont à réfléchir, en ce moment. Je pense qu’il y a des prises de conscience à faire et, si jamais des choses comme ça se sont produites, on a tout intérêt à le savoir. Ça n’enlève rien à l’œuvre, mais les choses doivent se savoir», a décrété François Papineau.

Chasse-Galerie : la légende prendra l’affiche dans 60 salles du Québec le 26 février et met en vedette François Papineau, Caroline Dhavernas, Francis Ducharme, Vincent-Guillaume Otis, Samian, Fabien Cloutier, Gilles Pelletier et Julie LeBreton, dans une fresque inspirée de la célèbre légende de la chasse-galerie. Lisez cette semaine, dans nos pages, nos entrevues avec les principaux artisans du film.

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