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Radicalisation : les dessous de la stratégie de prévention d'Ottawa

Radicalisation : les dessous de la stratégie de prévention d'Ottawa
In this May 6, 2011 photo, Muslims pray at the Islamic Center of America in Dearborn, Mich. The killing of Osama bin Laden, a man who was America's face of evil for nearly a decade, left Christians, Jews and Muslims relieved, proud or even jubilant. For their religious leaders, it was sometimes hard to know just what to say about that. There is at least some dissonance between the values they preach and the triumphant response on the streets of New York and Washington to the death of a human being _ even one responsible for thousands of killings in those areas and around the world. (AP Photo/Paul Sancya)
ASSOCIATED PRESS
In this May 6, 2011 photo, Muslims pray at the Islamic Center of America in Dearborn, Mich. The killing of Osama bin Laden, a man who was America's face of evil for nearly a decade, left Christians, Jews and Muslims relieved, proud or even jubilant. For their religious leaders, it was sometimes hard to know just what to say about that. There is at least some dissonance between the values they preach and the triumphant response on the streets of New York and Washington to the death of a human being _ even one responsible for thousands of killings in those areas and around the world. (AP Photo/Paul Sancya)

Le ministère de la Sécurité publique a lancé une opération séduction pour bâtir des ponts avec les communautés musulmanes canadiennes dans le but de lutter contre l'extrémisme violent. La stratégie de prévention semble fonctionner, selon les documents obtenus par Radio-Canada. Mais il y a des ratés.

Depuis 2009, de hauts fonctionnaires du ministère de la Sécurité publique reçoivent des conseils des membres de la Table ronde transculturelle sur la sécurité (TRTS) pour organiser des activités de sensibilisation au sein des communautés musulmanes. Plus de 1300 personnes y ont pris part, indiquent les documents obtenus par Radio-Canada grâce à une demande d'accès à l'information.

Dans une allocution à Halifax le 21 novembre dernier, le ministre de la Sécurité publique, Steven Blaney, a souligné le rôle important de la TRTS, quelques semaines après les attaques d'Ottawa et de Saint-Jean-sur-Richelieu.

« Vos points de vue, ainsi que le travail que vous avez accompli jusqu'à aujourd'hui au chapitre de la prévention et de la lutte contre l'extrémisme violent, sont devenus des éléments importants de notre approche relative à cette question [...] Vous représentez mon comité consultatif communautaire », disait M. Blaney, selon une copie de son allocution.

À la rencontre des jeunes musulmans

Récemment, le ministère de la Sécurité publique et la TRTS ont organisé des activités de sensibilisation auprès des jeunes de Windsor, Hamilton, London et St. Catharines « pour prévenir et lutter contre l'extrémisme violent ». Le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) y a aussi pris part.

La centaine de jeunes qui ont participé à ces sessions au printemps 2014 les ont trouvées « engageantes et pertinentes ». Elles leur ont permis de mieux comprendre « l'extrémisme violent », selon le compte rendu produit par le ministère.

Mais le ministère s'est ainsi rendu compte en effectuant un « sondage » que les participants ne savaient toujours pas qui contacter s'ils voyaient des signes indiquant qu'une personne est « sur le chemin de l'extrémisme violent ».

Des rencontres similaires se sont tenues en Alberta et au Québec. En juin 2014, le ministère prévoyait d'en tenir d'autres.

Les recommandations du comité consultatif

En août 2014, le TRTS a remis son rapport au ministre Blaney. Celui-ci a ensuite indiqué aux membres de ce comité que son ministère travaillait « activement » pour mettre en place « un grand nombre » de ses recommandations :

  • Mener plus d'activités de sensibilisation
  • Mieux utiliser les réseaux sociaux
  • Créer un site web de type « extrémisme violent 101 » pour sensibiliser les jeunes, les familles
  • Créer un contre-discours à la rhétorique violente des extrémistes : utiliser les faits ou l'humour pour invalider les messages extrémistes
  • Créer des manuels d'information destinés aux divers intervenants : entraîneurs sportifs, personnels soignants, policiers, agents de probation, chefs religieux, personnels éducatifs, groupes étudiants

Un membre de la TRTS suspendu

Le comité a toutefois dû composer avec une importante controverse le printemps dernier. Des médias et un blogue avaient soulevé le fait qu'un membre de la TRTS avait publié des propos controversés dans un guide de conduite destiné à une association étudiante ontarienne. Dans le document qu'il avait cosigné en 1996, Hussein Hamdani s'opposait au mariage de conjoints de même sexe. Il a depuis indiqué que sa pensée avait évolué.

Or les documents obtenus par Radio-Canada donnent plus de détail sur le rôle précis de M. Hamdani au sein de la TRTS. L'avocat a joué « un rôle déterminant » pour établir le dialogue avec des membres des communautés musulmanes au Canada, peut-on lire dans un compte rendu interne interne préparé pour le ministre Blaney en novembre 2014.

M. Hamdani a ainsi participé à plusieurs rencontres en 2014 avec des hauts fonctionnaires des ministères de la Sécurité publique et de la Justice, mais aussi du SCRS, de la GRC et de l'Agence des services frontaliers du Canada.

« Je suis au courant que les activités de sensibilisation conduites avec les communautés au Québec, en Ontario et en Alberta ont été très productives [...]. Merci à Hussein d'avoir travaillé avec nous pour nous aider avec ces évènements », peut-on ainsi lire dans des notes de breffage destinées à M. Blaney, en novembre dernier.

Six mois plus tard, M. Blaney décidait de suspendre M. Hamdani de la TRTS en attendant une « revue des faits ».

Par téléphone, M. Hamdani indique qu'il n'a pas eu de nouvelles de la part du ministère ni reçu d'avis écrit lui indiquant sa suspension. Il estime que la décision du ministre était politique, car il avait participé à une activité de financement pour le Parti libéral du Canada.

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