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Les mouvements artistiques nés au Québec (2/4)

Parmi tous les anciens et les nouveaux artistes, seulement quelques-uns sont devenus instigateurs ou instigatrices d'un mouvement artistique au Québec. Aujourd'hui, à travers cette chronique en quatre volets, je présente quelques-uns de ces artistes qui auront, peut-être, un jour leur place dans les livres de notre histoire de l'art.
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Il n'y a jamais eu autant de peintres, autant de sculpteurs, autant de photographes qui proposent des expositions personnelles, des duos, des trios et des expositions collectives dans des galeries d'art et/ou autres lieux publics. Dans ce foisonnement artistique, quelques-uns se démarquent du lot. On les remarque à cause d'une technique différente, à cause d'une démarche particulière, à cause de ce qu'ils sont ou de ce qu'ils font. Certains réussissent à vivre de leur art... d'autres pas.

D'ailleurs, selon le profil statistique des artistes au Canada, basé sur le recensement de 2006, il y aurait 140 000 artistes au Canada qui consacrent plus de temps à leur art qu'à toute autre occupation. Au Canada, une personne sur 30 exerce une profession culturelle, soit le double du nombre d'emplois reliés au secteur forestier et plus du double du nombre d'emplois reliés au secteur bancaire et/ou financier. Cette étude met en évidence des caractéristiques importantes dont, en premier lieu le faible revenu des artistes et que, entre autres, de nombreux artistes sont des travailleurs autonomes et qu'il y a peu de possibilités de travail à temps plein dans les arts.

Selon une étude de Hill Stratégie, les travailleurs du secteur artistique (toutes disciplines confondues) gagnent en moyenne 22 700 $ par année par rapport à 36 300 $ pour l'ensemble de la population active canadienne. Le Québec se place au deuxième rang en termes de nombre d'artistes (30 200 artistes recensés en mai 2006) et au quatrième rang en termes de pourcentage de la population active dans les arts (0,71 %). Aucune autre province ne compte plus de 0,6 % de sa population active dans les arts. Au Québec, entre 1991 et 2006, on comptait une augmentation des artistes de 28 % et ce chiffre est probablement en hausse depuis 2006.

Parmi tous ces anciens et ces nouveaux artistes, seulement quelques-uns sont devenus instigateurs ou instigatrices d'un mouvement artistique au Québec.

Aujourd'hui, par cet article à quatre volets, je présente quelques-uns de ces artistes qui auront, peut-être, un jour leur place dans les livres de notre histoire de l'art.

Le Gem Art®

Nikolina Okuka, née en ex-Yougoslavie en 1967, vit à Québec depuis 1994. De 1977 à 1990 et de 2010 à 2012, elle suit des cours en arts plastiques et se perfectionne. Après des années d'expérimentation avec différents médiums et techniques, une recherche s'instaure; la matière s'impose définitivement. Elle découvre finalement SON fil conducteur qui va la guider. Ses cours et ses ateliers de développement et de perfectionnement lui permettent aussi de rompre avec le monde des apparences et de se découvrir plus amplement en tant que créatrice libre de toutes influences artistiques.

Son travail prend naissance avec l'amalgame de matières brutes et semi-précieuses, formant une trame qui se tisse dans des textures lisses et rugueuses. Le support devient le repère visuel de l'œuvre et la pierre est son cœur. Chacune des pierres est placée à un endroit très stratégique dans la composition. La cohabitation des différents matériaux dans une symbiose harmonieuse donne aux tableaux un aspect de bas-relief. Les œuvres de Nikolina Okuka rappellent des paysages terrestres vus du ciel : les nervures et fractures dans la composition suggèrent les cordillères et leurs failles, les cours d'eau qui irriguent l'écorce terrestre, représentée avec sa topographie accidentée au relief inégal, sont les veines de la vie et la croûte terrestre, avec ses rides, rappelle la peau de la Terre-Mère abritant en son sein une généreuse gamme de pierres précieuses, de pierres fines et de cristaux. Son travail utilise les pierres à travers l'évolution terrestre, de la genèse de la terre à aujourd'hui. Chaque tableau possède donc sa propre histoire et est unique.

L'incrustation d'une pierre fine ou d'un cristal va au-delà du collage d'une gemme dans un espace pictural. Le travail débute par un temps d'étude de la pierre et de ses propriétés particulières. L'artiste analyse la composition de la gemme pour ensuite concevoir ses propres couleurs. Certaines pierres sont broyées afin d'utiliser leurs pigments minéraux et naturels qui donnent à sa palette une riche nuance qu'on ne retrouve pas dans les magasins pour artistes.

En 2012, le nom est né : Gem Art®. Il a aussitôt été enregistré à l'Office de la propriété intellectuelle du Canada. L'attrait supplémentaire de ce nouveau mouvement est que certaines œuvres comportent parfois un dispositif lumineux qui permet d'allumer la gemme translucide selon le moment de la journée, offrant ainsi une autre dimension au travail. Le système, qui s'est amélioré au fil du temps, prévoit un changement de variation de lumière en fonction du degré de la lumière ambiante. Le Gem Art® est différent du Gemstone Art Painting qui est une approche totalement différente.

Depuis 2012, l'artiste se fait connaître dans le monde entier : New York, Las Vegas, Paris, Bruxelles, Rome, Barcelone, Constanta (Roumanie), etc. La soudaine popularité du Gem Art® lui a ouvert de nombreuses portes à l'étranger.

Bien que la phase d'épanouissement d'un mouvement artistique se reconnaisse rétrospectivement. Dans ce cas-ci, la reconnaissance a été instantanée et se poursuit actuellement au niveau international.

L'Héliocentrisme

Steeve Lechasseur, né à Saint-Elzéar en Gaspésie en 1967, vit à Val-Joli en Estrie. Il débute la peinture en 1989. L'artiste puise alors son inspiration dans ses souvenirs de jeunesse : la forêt et les espaces verdoyants de la Gaspésie. En 1990, après avoir visité une exposition au Musée des Beaux-Arts de Montréal qui présentait une exposition de Salvador Dali, Steeve Lechasseur s'oriente dès lors vers des compositions plus originales. Ayant découvert la force du maître, il en fait son influence principale. Il conserve son propre style, mais les symboles surgissent, formant toute une iconologie qu'il va, par la suite, utiliser comme langage codifié. Il se perfectionne auprès d'artistes déjà établis ainsi qu'au Cégep où il suit des cours de dessin. Sa quête artistique se poursuit avec une recherche sur la technique de la peinture à l'huile.

Le surréalisme de Steeve Lechasseur se rapproche de l'art naïf par la simplicité des formes et la vivacité des couleurs. Le pointillisme fait son apparition dans le surréalisme de ses œuvres, faisant naître un nouveau mouvement stylistique qu'il nomme Héliocentrisme. L'image apparaît progressivement sur la toile vierge. Des éléments symboliques tels que : le poisson, le drapeau, la sphère, l'arbre, l'eau, la femme, le ballon, l'oiseau, etc. ont tous une signification particulière pour l'artiste qui exprime purement et simplement ce qu'il ressent, captant le moment présent en le fixant sur la toile en devenir. Le pointillisme revêt l'apparence de milliers de gouttelettes d'eau juxtaposées ; c'est une signature artistique qui se reconnaît du premier coup d'œil. Steeve Lechasseur est un jongleur de couleurs, il utilise leur contraste pour modeler une forme, il met en évidence la lumière pour donner une impression de relief aux gouttes d'eau. L'Héliocentrisme est un mouvement distinctif tourné vers le soleil et vers l'eau, symbole de la vie. L'univers est symbolique, fondamentalement surréaliste, vivement coloré, foncièrement optimiste et parfois teinté d'une ferveur religieuse. Le soleil est toujours le point de départ de l'œuvre.

En 2009, le nom Héliocentrisme apparaît enfin dans la presse et est appuyé par des publications qui établissent (enfin) son identité artistique bien que le mouvement soit né quelques années auparavant. Par la suite, des expositions à travers le Québec, notamment des expositions internationales, aideront l'artiste à faire connaître ce nouveau mouvement artistique au public fasciné.

Son double style, parce que l'artiste pratique aussi le surréaliste « simple » (qui n'est pas héliocentriste) depuis ses premières expositions en 1991, est tourné vers l'espoir et la joie de la réalisation.

"Un vrai artiste n'a pas besoin de revendiquer son statut. Son travail témoigne de son cheminement. Il cherche à avancer et il évolue sur des sentiers inconnus". - Steeve Lechasseur.

Steeve Lechasseur ose être lui-même à travers ses œuvres et c'est là la marque de son génie artistique.

Il a été présent dans des galeries quelques années et il a exposé en France. Depuis, il expose surtout dans des expositions internationales au Québec.

Toutes les images sont diffusées avec l'autorisation des artistes

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