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L'épisode des enfants séparés de leurs parents migrants à la frontière est le dernier épisode d'une inutile descente des États-Unis vers l'inconnu.
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Shutterstock / Vicky SP

L'épisode des enfants séparés de leurs parents migrants à la frontière américano-mexicaine est le dernier épisode d'une inutile descente des États-Unis vers l'inconnu. La première année du président Trump était inquiétante. Toutefois, les derniers mois confirment que libéré de la plupart de ses conseillers qui l'empêchaient de donner libre court à ses «instincts», il s'est lancé tous azimuts dans une démarche où le chaos semble la règle. Difficile à dire s'il s'agit d'une stratégie planifiée ou simplement l'incohérence d'un président narcissique qui décide en fonction de ses humeurs.

Stratégie ou incohérence?

S'en prenant à ses alliés traditionnels par des mesures commerciales protectionnistes, se fichant des résultats du Sommet du G7 de Charlevoix, puis s'en prenant à Justin Trudeau, Trump s'affiche ensuite avec le dictateur Kim Jong-un dont il vante les qualités de leader et les liens chaleureux qu'il croit avoir établit avec lui.

Le régime nord-coréen, le dernier de ce type, est sans doute le plus répressif sur la planète. Les abominations du dirigeant à l'égard de son peuple sont bien documentées. Cette rencontre à Singapour rappelle les accords de Munich de 1938 entre Adolf Hitler, le Français Daladier et le britannique Chamberlain. Ces derniers devaient empêcher le déclenchement d'un conflit militaire autour de la crise des Sudètes en Tchécoslovaquie, et Chamberlain était revenu à Londres convaincu qu'il avait évité une guerre. On sait ce qui est arrivé un an plus tard.

Trump dit aux Américains que grâce à lui, ils peuvent maintenant dormir tranquilles. On peut craindre le pire si le dirigeant nord-coréen ne détruit pas ses installations nucléaires suffisamment rapidement aux yeux du Caligula de Washington.

Diviser pour régner?

Attaquant l'Union européenne, Angela Merkel, le Canada et même l'OTAN, Trump semble s'acharner à vouloir diviser l'Alliance atlantique. Pourquoi? Nul ne le sait.

De méchantes langues prétendent que tout cela est fait pour plaire au président russe Poutine qui a contribué à sa victoire électorale de 2016 et qui pourrait le faire à nouveau en 2020. Trump aime bien aussi les hommes politiques européens populistes et de droite comme en Hongrie, Autriche et maintenant en Italie.

Son ambassadeur en Allemagne, contre toutes les règles diplomatiques, s'immisce dans les affaires intérieures du pays hôte par ses contacts avec l'extrême droite et ses déclarations appuyant les prises de positions anti-européennes de son président.

Face à la fuite en avant de Trump le parti républicain, complice ou impuissant, s'efforce essentiellement de se positionner en vue des élections de mi-mandat de l'automne prochain au Congrès.

Sur l'immigration, les «politiques» de Trump visent à créer une crise de toute pièce, sur fond de racisme.

Trump bien entouré

Ceci dit Trump n'est pas seul. Des éléments de droite l'entourent et des think tanks conservateurs ont placé leurs pions dans des positions clés au sein de l'administration. Ils défendent une idéologie visant notamment à réduire le rôle de l'état au profit de l'entreprise privée. Les organisations en faveur des armes à feu ont le haut du pavé et réussirent à bloquer la plupart des mesures visant à accroître leur contrôle.

Les religieux évangéliques sont aussi une partie importante des appuis à Trump. Ils ont joué un rôle pivot dans sa décision de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël. Les lobbies du pétrole et du charbon ont trouvé un serviteur en ce Scott Pruitt, à la tête de l'Agence de protection de l'environnement américaine. Il détricote graduellement les législations qui protégeaient l'environnement et multiplie les conflits d'intérêts.

Sur l'immigration, les «politiques» de Trump visent à créer une crise de toute pièce, sur fond de racisme. En effet contrairement à ce qu'il prétend il n'y a pas débordement à la frontière avec le Mexique. Au contraire les passages illégaux auraient diminué au cours des derniers mois, selon les statistiques. Le niveau de criminalité des nouveaux arrivants est moindre que celui de la moyenne des américains.

L'appui de la base électorale de Trump se maintient autour des 40 %. Au sein du parti républicain elle frise les 90 %! Il semble donc que son agenda et comportement correspondent à une attente d'une bonne partie de la population. L'économie américaine va très bien et s'il réussissait dans ses négociations avec le leader de Pyongyang cela lui serait aussi très utile pour une éventuel renouvellement de mandat en 2020.

Il est néanmoins affligeant de regarder aller l'Amérique qui a élu ce Trump, un individu peu recommandable, vulgaire, menteur, et qui semble essentiellement motivé par son égo, son profit personnel et celui de sa famille. Il est l'instrument, conscient ou non, d'une droite qui veut détruire les valeurs libérales et démocratiques au profit d'une idéologie populiste aux relents fascisants sous prétexte de défendre le «peuple» contre les élites «globalisantes».

Le parti démocrate compte sur les élections au Congrès en novembre pour stopper Trump. Ce résultat est loin d'être gagné.

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