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Retour en classe: soupir de soulagement chez les étudiants

Mais tant les étudiants que les enseignants espèrent que les professeurs auront du soutien pour cette rentrée particulière.
Les étudiants de retour en classe devront s'assurer de garder une distance de 1,5 mètre entre eux dans les locaux.
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Les étudiants de retour en classe devront s'assurer de garder une distance de 1,5 mètre entre eux dans les locaux.

Les étudiants ont poussé un soupir de soulagement en apprenant jeudi qu’ils pourront retourner en classe quelques fois par mois.

Cette nouvelle, qui a été annoncée par la ministre de l’Enseignement supérieur Danielle McCann, était attendue depuis bien longtemps, dans un contexte où le manque de motivation et l’isolement devenaient de plus en plus pénibles.

«On est vraiment satisfaits. Ça faisait longtemps qu’on demandait des assouplissements», se réjouit la présidente de l’Union étudiante du Québec (UEQ), Jade Marcil.

Lors de ses échanges avec Danielle McCann, l’association étudiante universitaire avait fait valoir le besoin de pouvoir se réunir quelques étudiants à la fois, en plus des cours en classe. La demande a été exaucée, la ministre ayant confirmé que les étudiants pourront se réunir jusqu’à six à la fois pour des groupes d’étude ou des travaux d’équipe dans les locaux de leur établissement d’enseignement.

«C’est vraiment quelque chose qui nous réjouit. Combien de fois les étudiants se réunissaient dans un café à côté de l’école ou à des tables dans les corridors pour étudier ensemble avant la pandémie, note Jade Marcil. Parce qu’en ce moment, briser l’isolement, ça ne peut pas juste se faire par la classe.»

«Pour un étudiant qui avait tous ses cours à distance, d’aller au moins une fois par semaine sur son campus, ça va changer du tout au tout sa motivation», fait valoir Noémie Veilleux, présidente de la Fédération étudiante collégiale du Québec.
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«Pour un étudiant qui avait tous ses cours à distance, d’aller au moins une fois par semaine sur son campus, ça va changer du tout au tout sa motivation», fait valoir Noémie Veilleux, présidente de la Fédération étudiante collégiale du Québec.

À la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), on se dit confiant que les mesures annoncées contribueront à l’amélioration de la santé psychologique. «C’est une bonne réponse à la détresse actuelle de permettre ce retour-là», affirme sa présidente, Noémie Veilleux.

«Pour un étudiant qui avait tous ses cours à distance, d’aller au moins une fois par semaine sur son campus, ça va changer du tout au tout sa motivation. On vient de nous donner une raison de continuer à étudier, évoque-t-elle. Ces occasions de socialisation vont pouvoir contrer la potentielle vague de décrochage qui nous attendait peut-être.»

Le fait que la présence en classe soit possible, mais non obligatoire, a également été bien reçu par les étudiants, puisque plusieurs d’entre eux, à cause de la pandémie, n’habitent pas dans la ville où se situe leur établissement d’enseignement, et d’autres ont des conditions de santé leur demandant d’éviter un tel risque.

Des professeurs contents, mais prudents

L’annonce de la ministre McCann est accueillie favorablement par la Fédération des enseignantes et enseignants de cégep (FEC-CSQ), qui dit comprendre les besoins des étudiants. Néanmoins, elle tient à ce que l’autonomie de ses membres soit respectée et que l’état de santé précaire de certains, ou de leur famille, soit pris en compte.

«La base volontaire, pour nous, ça ne veut pas juste dire l’autonomie des cégeps, mais aussi celle des profs à respecter», a affirmé la présidente de la FEC-CSQ, Lucie Piché, qui rappelle que les cours comodaux (étudiants en classe et en ligne en même temps) alourdissent la gestion des enseignants.

Mme Piché demande que les établissements laissent les enseignants utiliser les stratégies d’enseignement qu’ils ont développées depuis le début de la pandémie et «qu’on ne les oblige pas à une cadence X,Y ou Z». «Les profs vont mettre la main à la pâte. Ils ont aussi envie de retourner en classe, mais pas à n’importe quel prix», a-t-elle expliqué.

La présidente du FEC-CSQ privilégie une approche graduelle et flexible pour ne «pas essouffler» les enseignants. Elle invite aussi le gouvernement à s’assurer que les locaux sont bien ventilés avant le retour en classe, un enjeu qui n’a pas été soulevé lors du point de presse de la ministre jeudi.

Prochaines étapes

Bien qu’heureux des assouplissements annoncés, les étudiants portent certaines préoccupations. Se disant sensibles aux besoins des enseignants, ils espèrent qu’on leur accordera de l’aide pour ce retour en classe pas comme les autres.

Du côté de l’UEQ, on espère que les professeurs obtiendront un certain soutien, par exemple en embauchant des techniciens et des auxiliaires d’enseignement.

«On le perçoit déjà qu’il y a un manque de ressources pour le personnel enseignant pour assurer un accompagnement pédagogique adéquat pour tout le monde», soulève Jade Marcil, qui est consciente que certains professeurs peuvent avoir des difficultés avec la technologie et la diffusion des cours. «C’est un problème qu’on avait à l’automne malgré tous les investissements qui avaient été faits au cours de l’été.»

Noémie Veilleux de la FECQ abonde dans le même sens. «C’est important de ne pas oublier les enseignants qui, eux aussi, font face à leur lot de défis au quotidien. Je crois que tout le monde dans le réseau est sensible à la question des enseignants, de plus en plus», assure-t-elle.

La présidente de l’UEQ souligne qu’une enquête de l’association étudiante menée l’automne dernier révèle que 40% des étudiants ont senti une diminution du soutien de leurs enseignants et de leur institution à la session d’automne.

«On veut, surtout, qu’il n’y ait pas de disparité. S’il y a un cours qui se fait en présentiel, il faut s’assurer que les étudiants qui sont en ligne ne soient pas pénalisés et qu’ils n’obtiennent pas un encadrement moindre que les autres.»

Lors de son point de presse, la ministre McCann a mentionné qu’aucun financement supplémentaire n’était prévu pour les établissements supérieurs à l’heure actuelle. Elle a plutôt voulu rappeler que depuis le début de la pandémie, 215 millions de dollars avaient été consacrés aux cégeps et universités.

À la FECQ, on estime que la prochaine étape serait d’élargir les heures d’ouverture des bibliothèques.

«On a une enquête nationale qui a recensé cet automne que c’est plus d’une personne sur quatre qui n’a pas accès à un endroit propice à la concentration et à la réussite», relève Noémie Veilleux.

«C’est difficile à l’heure actuelle de mettre en place ces mesures-là en raison du couvre-feu, reconnaît la présidente de la FECQ, mais on pourrait s’attendre à ce que dans les prochaines semaines, ce soit une demande des étudiants.»

Avec la collaboration de Christian Labarre-Dufresne

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