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Coronavirus: cette courbe cache-t-elle une bonne nouvelle pour l'épidémie?

Est-on en train de vivre le pic de l'épidémie de coronavirus? Certaines observations pourraient aller en ce sens, mais prudence.
La courbe des cas de coronavirus confirmés en Chine
Coronavirus 2019-nCoV Global Cases by Johns Hopkins CSSE
La courbe des cas de coronavirus confirmés en Chine

A-t-on passé le plus dur de l’épidémie de coronavirus? L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a annoncé samedi 8 février au soir que le nombre de cas de personnes atteintes par le 2019-nCoV en Chine, rapportés chaque jour, «se stabilise». Une «bonne nouvelle», a déclaré l’agence, tout en restant prudente sur l’avenir. Les chercheurs sont eux aussi divisés sur la question et personne n’entend crier victoire trop rapidement.

«Il y a eu une stabilisation du nombre des cas rapportés d’Hubei», la province chinoise la plus touchée et où la maladie est apparue, a déclaré le responsable des programmes sanitaires d’urgence de l’OMS Michael Ryan, lors d’un point presse à Genève. «Nous enregistrons une période de stabilité de quatre jours, où le nombre de cas rapportés n’a pas progressé. C’est une bonne nouvelle et cela pourrait refléter l’impact des mesures de contrôle qui ont été mises en place», a-t-il ajouté. Cette province est en effet soumise à des mesures drastiques d’isolement par les autorités chinoises pour tenter de contenir la diffusion de l’épidémie.

Le nombre de nouveaux cas quotidien de coronavirus, rapporté par l'OMS.
OMS
Le nombre de nouveaux cas quotidien de coronavirus, rapporté par l'OMS.

Toutefois, Michael Ryan a estimé qu’il était encore trop tôt «pour faire quelque prédiction que ce soit» sur l’évolution de l’épidémie. Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a quant à lui ajouté que la tendance «n’était pas à l’accélération» de la propagation du virus, mais il a lui aussi appelé à la «prudence».

Coronavirus et SRAS, même schéma?

L’enseignante-chercheuse Isabelle Imbert, qui travaille à l’Université d’Aix-Marseille au laboratoire «Architecture et fonction des macromolécules biologiques» (CNRS), a une vision plus optimiste. Elle connaît bien les coronavirus. Depuis 2003 elle étudie cette famille, dont font partie le SRAS, le Mers (localisé au Moyen-Orient) et le petit dernier, 2019-nCoV.

«Il n’est évidemment pas possible de prédire l’évolution de l’épidémie de 2019-nCoV. On espère que ce nouveau coronavirus suivra le schéma épidémiologique du SARS-CoV. En effet, ce dernier avait émergé en novembre 2002 pour disparaître en avril 2003. Le 2019-nCoV a émergé de la même façon et à la même époque de l’année. Il a le même mode de contamination par des animaux. Le pic de l’épidémie a été atteint en janvier 2003 avant de se stabiliser en février, puis de baisser et de disparaître entre les mois de mars et avril. Au vu de ce schéma-là, on pourrait imaginer que la courbe de l’épidémie ne va pas remonter. Elle pourrait stagner encore un peu, puis baisser. Si ce schéma se poursuit, dans un mois et demi, il pourrait ne plus y avoir de nouveaux cas», suppute-elle.

Une réflexion optimiste qui prend en compte également et surtout les mesures prises par les autorités des pays concernés par le virus pour éviter sa propagation et les connaissances acquises sur celui-ci. «Maintenant que l’on sait quel animal a transmis ce coronavirus à Wuhan, à savoir le pangolin, que l’on sait comment il se transmet, que l’on connaît sa pathogénie, et que l’on maintient les mesures de confinement, il y a de bonnes chances pour que l’épidémie s’arrête», poursuit la chercheuse auprès du HuffPost.

Un problème de tests?

Qu’est-ce qui pourrait empêcher cette bonne nouvelle de se réaliser? Sur Twitter, plusieurs épidémiologistes qui suivent l’épidémie scrutent également cette courbe, mais en mettant en garde: cette baisse pourrait être liée à un ralentissement des tests de dépistage en Chine.

«Il serait bien que nous sachions combien de tests sont effectués quotidiennement», estime Neeltje van Doremalen, chercheur au Rocky Mountain Laboratories. Isaac Bogoch, spécialiste des maladies infectieuses, préfère lui aussi «voir des données complémentaires d’une source alternative» avant de crier victoire. Les jours suivants devraient être décisifs.

Isabelle Imbert se veut quoi qu’il arrive rassurante sur ce virus qui a déjà fait 803 morts, soit plus que le SRAS en 2002-2003: oui, il a fait plus de morts, mais, non, il n’est pas plus mortel. «Il ne faut pas perdre de vue les proportions. En 2002, le SRAS a tué 774 personnes sur 9000 personnes infectées, soit un taux de mortalité de quasi 10%. Aujourd’hui, le coronavirus a fait 803 morts sur près de 40 000 personnes infectées, soit moins de 2%. Il faut relativiser les chiffres, ce virus est davantage transmissible, mais sa virulence est plus faible».

Ce texte a été publié originalement dans le HuffPost France.

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