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Catherine Fournier: l'ambition de rassembler

«Je pense que ce serait illusoire de croire, à un moment où la société est fragmentée, qu’une seule approche va rallier trois millions de personnes.»
Catherine Fournier (centre) espère relancer le mouvement souverainiste avec son projet Ambition Québec.
Bureau de la députée de Marie-Victorin
Catherine Fournier (centre) espère relancer le mouvement souverainiste avec son projet Ambition Québec.

La députée souverainiste indépendante Catherine Fournier propose d’essayer une nouvelle manière pour mener à l’indépendance du Québec.

Celle qui a quitté le Parti québécois en mars 2019 a publié le 18 novembre dernier le livre Le Projet Ambition Québec pour exposer son analyse, sa réflexion et ses idées aux souverainistes, mais aussi à l’ensemble de la population. Elle a aussi annoncé au même moment la création d’une organisation - qui n’est pas un parti politique - pour tenter de rassembler les souverainistes.

L’élue de la circonscription Marie-Victorin, qui s’implique dans le mouvement souverainiste depuis l’âge de 19 ans, avait constaté des lacunes dans le projet d’indépendance bien avant qu’elle ne claque la porte du PQ. Mais la cuisante défaite des péquistes aux élections d’octobre 2018 l’a ramenée à la réalité.

Selon elle, le mouvement doit maintenant passer par la société civile plutôt que par les partis politiques qui sont devenus en quelque sorte des obstacles à la souveraineté. Le PQ et Québec solidaire ne peuvent être des véhicules uniques vers l’indépendance, considère-t-elle.

«Avant, on pensait beaucoup avec la perspective d’avoir un vaisseau amiral, avoir une seule organisation qui rassemble tout le monde. [...] Maintenant, au lieu d’un vaisseau amiral, il faudrait plus penser à une flotte de plusieurs organisations qui soient capables de naviguer dans le même sens», a-t-elle expliqué dans une entrevue réalisée quelques jours avant le lancement de son ouvrage.

“En ce moment, tout le monde travaille un peu en silos. Pourquoi ne pas essayer de tabler sur les forces de chacun et essayer de s’entraider? Je ne vois pas ça d’un mauvais oeil qu’il y ait plusieurs types d’organisations.”

- Catherine Fournier

«Je pense que ce serait illusoire de croire, à un moment où la société est fragmentée, qu’une seule approche va rallier trois millions de personnes», a-t-elle ajouté en faisant référence au nombre de votes requis pour que le «oui» l’emporte dans un référendum.

Aux souverainistes d’agir

Dans sa proposition d’un nouveau chemin vers la souveraineté, Catherine Fournier suggère de rendre le projet plus concret aux yeux des Québécois. La députée de 27 ans reproche au mouvement indépendantiste d’être désorganisé et mal préparé ainsi que de ne pas avoir répondu aux questions que se posent les citoyens par rapport aux changements qu’entraînerait la création d’un pays.

Dans son livre, elle présente son idée d’élaborer un «plan d’affaires» pour un Québec indépendant.

«Comment récupère-t-on les pouvoirs? Comment ça va marcher? Ça va être quoi l’organisation du pays? Quels pouvoirs les régions vont-elles avoir? C’est sur la structure du pays que les citoyens se posent des questions et je trouve ça légitime», a-t-elle mentionné.

Un guide avait été produit par Jacques Parizeau lors de la campagne référendaire de 1995, mais il n’a jamais été mis à jour depuis. Pour ce qui est d’un budget pour la première année d’un Québec souverain, il faut remonter en 2005 pour en voir la couleur et c’était un certain François Legault qui l’avait pondu.

«Il ne faut pas avoir peur de dire la vérité aux gens. Chaque personne est capable de se faire une idée par elle-même quand elle a les faits présentés devant elle. C’est de respecter les gens de fournir les réponses à ce genre de questions», a fait valoir celle qui a écrit son livre durant l’été dernier.

Catherine Fournier veut rejoindre les souverainistes de tous les horizons avec son organisation Ambition Québec.
Jacques Boissinot/La Presse canadienne
Catherine Fournier veut rejoindre les souverainistes de tous les horizons avec son organisation Ambition Québec.

Catherine Fournier pense également qu’il est du devoir des souverainistes de ramener le débat et de l’imposer sur la place publique. Selon elle, le mouvement indépendantiste doit aussi «créer de la ferveur» en ayant «quelque chose à offrir aux Québécois». Le développement d’un projet de société qui lierait tous les différents courants idéologiques et les générations au sein du mouvement serait un bon point de départ, croit-elle.

Un groupe pour participer à la réflexion

Avec la sortie de son livre, Catherine Fournier lance l’organisme Ambition Québec. Cette dernière a d’ailleurs déjà enregistré le nom de l’OBNL auprès du registre des entreprises.

Ambition Québec s’inspirera des grands principes évoqués dans son livre et elle veut encourager le partenariat entre les différents groupes souverainistes de la société civile. Elle souhaite que cela devienne un projet collectif que les citoyens s’approprient et qu’ils puissent participer à la réflexion sur les questions touchant la souveraineté.

«Je distingue le politique de la société civile, explique-t-elle. Je vois ce projet en deux phases. Il faut de réels rapprochements dans la société civile pour ensuite mettre de la pression sur les partis politiques.»

«On ne peut pas se fier aux partis [politiques] pour se parler entre eux. Au lieu d’attendre que les partis réussissent à s’entendre, il faut que les citoyens fassent de la pression. Qu’il y ait tellement quelque chose qui se passe, qu’une campagne soit en marche pour l’indépendance pour que les partis n’aient peut-être pas le choix de suivre», estime-t-elle.

Catherine Fournier demeure réaliste que cela ne se mettra pas en application du jour au lendemain. Elle est aussi consciente que, si sa démarche fonctionne et que le mouvement souverainiste est relancé, la partie la plus difficile sera de convaincre les partis politiques de faire une coalition pour prendre le pouvoir.

Elle évoque dans son livre l’idée selon laquelle les partis pourraient présenter des candidats souverainistes communs pour recueillir une majorité électorale qui mènerait ensuite à un référendum.

«Pourquoi j’en ai parlé dans mon livre, c’est qu’il ne faut pas se cacher que pour déclencher de vraies démarches pour aller de l’avant, il va falloir avoir le contrôle de l’Assemblée nationale. Je suis très réaliste que ce n’est pas la première étape et que ce n’est pas pour demain matin», a-t-elle convenu.

«Ça va être sur le long terme. Je ne me fais pas de cachette. Ce n’est pas quelque chose que je vois se concrétiser à courte échéance. Il faut changer notre façon de voir les choses», a-t-elle analysé.

Son projet sur papier se veut certes ambitieux, mais il reste maintenant à le mettre en pratique sur le terrain. Mais on ne peut pas reprocher à Catherine Fournier d’avoir l’ambition d’essayer quelque chose de nouveau dans un mouvement qui est à la dérive depuis la défaite au référendum de 1995.

Le livre «Le Projet Ambition Québec» est disponible dans toutes les bonnes librairies.

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