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Cancer de la prostate: «c’est ce qui est traître, je n’avais pas de symptômes»

Et parce que j'ai toujours pris soin de moi, c’était encore plus frustrant et choquant de recevoir le diagnostic.
Martin Couture
Courtoisie/Martin Couture
Martin Couture

Les propos de ce témoignage ont été recueillis par le HuffPost Québec et retranscrits à la première personne.

Je mange bien et je suis actif depuis toujours. Je joue au hockey, je fais de la musculation et je marche beaucoup.

À 47 ans, mon médecin de famille m’a posé des questions pour le dépistage du cancer de la prostate, surtout parce que je lui avais dit que mon père avait eu ce cancer à 75 ans. On m’a fait passer des tests.

J’ai eu un suivi régulier parce que mon niveau d’APS (antigène prostatique spécifique) fluctuait beaucoup. En 2015, après un toucher rectal, l’urologue m’a envoyé passer un IRM. Ce qu’il redoutait s’est confirmé: un cancer de la prostate au stade deux.

C’est ce qui est traître avec ce cancer-là: je n’avais pas de symptômes. C’est parce que le médecin a décidé de me faire passer des tests qu’on l’a découvert.

Ça a été un choc. Ma conjointe et moi, on a trouvé ça vraiment difficile au début. C’est sûr qu’entendre le mot cancer, c’est venu nous chercher.

“C’est sûr que je me suis dit «pourquoi moi»? Mais il fallait passer par-dessus ça et regarder en avant.”

Et parce que j’ai toujours pris soin de moi, c’était encore plus frustrant et choquant de recevoir le diagnostic.

C’est sûr que je me suis dit «pourquoi moi»? Mais il fallait passer par-dessus ça et regarder en avant.

En mars 2016, on m’a enlevé ma prostate. J’ai ensuite dû faire de la radiothérapie parce que mon niveau d’APS recommençait à monter.

Et après ça, ça a été l’hormonothérapie. Ça consiste à couper la testostérone parce que les cellules cancéreuses s’en nourrissent.

L’hormonothérapie, j’ai trouvé ça difficile parce que ça implique des changements d’humeur - ce qui n’était pas évident pour ma conjointe - des bouffées de chaleur, une augmentation de l’appétit et la perte de masse osseuse et musculaire.

C’est pour ça que j’ai continué à faire attention à moi et à m’entraîner pendant ce temps-là, même si j’avais moins d’énergie. Je me suis toujours forcé à aller marcher, à m’entraîner, à jouer au hockey. Je savais que quelque part au bout du compte, ce serait payant. C’est ce que j’appelle mon capital santé.

“Les conséquences du cancer ne sont pas évidentes pour le couple.”

En tout, j’ai eu trois ans et demi de traitement contre le cancer. Aujourd’hui, je me sens super bien, je suis en forme. J’ai moins d’énergie qu’avant, mais j’en ai assez pour faire mes journées de travail et pour continuer à être actif.

Je pense que si je n’avais pas pris soin de moi dans le passé, ce serait encore pire.

Je dois aussi accepter certains changements dans ma vie. Depuis ma chirurgie, je vis avec l’incontinence au quotidien.

Les conséquences du cancer ne sont pas évidentes pour le couple non plus. Avec ma testostérone qui a été coupée, je n’ai plus de libido. Pour le moment, sexuellement, c’est au point mort.

Au début, j’ai eu peur que ma conjointe parte avec quelqu’un d’autre. Je me suis dit qu’elle ne trouverait peut-être pas ça évident, parce que c’est sûr que ça ne reviendra pas comme avant.

Mais on s’est parlé. Ça fait 36 ans qu’on est ensemble. Notre relation est construite sur tellement plus que ça. Elle m’a rassurée. C’est une conjointe extraordinaire.

Je ne suis pas mal à l’aise de parler de ce que j’ai vécu et des impacts que ça a sur moi. J’ai des collègues de travail dont le père a eu le cancer de la prostate. Je leur parle souvent de l’importance du dépistage, de faire des tests.

Je pense que les hommes sont beaucoup plus sensibilisés sur le sujet grâce à des campagnes comme Noeudvembre.

Martin Couture et son chien Balzac
Courtoisie/Martin Couture
Martin Couture et son chien Balzac

J’ai été très bien entouré pendant cette épreuve. Sincèrement, l’amour de mes proches et de mes amis, ça a été tellement important. Ça m’a donné de l’énergie pour passer à travers. Mon chien Balzac m’a aussi aidé. Je crois beaucoup à la zoothérapie!

Depuis mon cancer, j’essaie d’être plus calme et serein face aux épreuves et de m’en faire un peu moins. J’entrevoie la suite d’un bon oeil.

Je me vois vieillir avec ma conjointe encore longtemps, profiter de la vie, gâter mes petits-enfants. L’avenir pour moi est prometteur.

La section Perspectives propose des textes personnels qui reflètent l’opinion de leurs auteurs et pas nécessairement celle du HuffPost Québec.

Propos recueillis par Florence Breton.

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