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«Ça dépend»: la nouvelle confusion autour du suicide

Nous voici donc à l'aube des premiers déboires d'une loi qui a semé la confusion à propos de gestes naturellement repoussés par la conscience humaine: celui de tuer ou de se suicider.
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Quelle est la différence entre des idées suicidaires et un désir de mourir? La réponse qu'on lui donne...

À une personne qui nous confie ses idées suicidaires parce qu'elle se sent déprimée, on tente par tous les moyens de la dissuader, on la soutient et on la réconforte pour apaiser sa souffrance, ou encore, on la confie aux soins d'un organisme de prévention du suicide pour qu'elle y trouve des conseils avisés afin de surmonter cette épreuve.

Par contre, à une personne qui nous parle de son désir de mourir parce qu'elle souffre de dépression, on agitera bientôt autour d'elle tous les moyens administratifs pour s'assurer que sa demande est volontaire et lucide, on la soutiendra en la confortant dans son choix de mourir et on la confiera aux «soins» d'une équipe médicale pour qu'elle aille au bout de sa souffrance psychologique en mourant, entourée (ou non) de ses proches.

Cette distinction morale questionnable commence déjà à poser de sérieux problèmes aux hôpitaux du Québec, au point où le Collège des médecins a dû émettre une directive pour «clarifier» la réponse à donner aux personnes qui arrivent à l'urgence après avoir fait une tentative de suicide.

En effet, dans la foulée de «l'aide médicale à mourir», la question se pose: maintenant que des critères établis par la loi québécoise autorisent les médecins à mettre fin aux jours de leurs patients qui souhaitent la mort, que faire devant des gens qui réchappent à la mort après avoir volontairement essayé de se tuer à cause de leurs souffrances ?

Selon un article paru récemment dans le National Post, de nombreux médecins ont choisi de «respecter» les désirs de mort des personnes suicidaires en les laissant mourir même si un traitement était disponible pour les sauver.

Nous voici donc à l'aube des premiers déboires d'une loi qui a semé la confusion à propos de gestes naturellement repoussés par la conscience humaine: celui de tuer ou de se suicider.

Le problème a commencé au moment où on a attribué au contexte la responsabilité de déterminer la valeur ou le tort de ces actes.

  • «Ça dépend».
  • «Ça dépend du motif».
  • «Ça dépend du moyen utilisé».
  • «Ça dépend de la personne qui pose le geste».

Ainsi, se tuer d'une balle dans la tête, c'est inhumain. Mais se tuer par injection d'un poison mortel, c'est mourir dignement. Et si c'est un oncle qui injecte le poison, c'est criminel. Mais si c'est un médecin, c'est payé par nos impôts. Se tuer seul derrière une cabane, c'est épouvantable. Mais se tuer pour cause de solitude, c'est compréhensible.

Quand on réduit la question au niveau du choix - et, en ce sens, le suicide à proprement parler est une question de choix - alors tout devient possible et tout devient permis. Sauf de s'y opposer, puisque c'est présenté comme un choix.

C'est une trappe à souris idéologique dans laquelle tout est déformé pour se conformer à une nouvelle définition du mot compassion. Quitte à nommer ce choix par autre chose que son vrai nom pour adoucir le portrait.

Pour ma part, si j'endossais l'euthanasie et sa logique empoisonnée, je serais bien embêté de devoir tracer une ligne entre l'acceptable et l'inacceptable.

Êtes-vous dans une situation de crise? Besoin d'aide? Si vous êtes au Canada, trouvez des références web et des lignes téléphoniques ouvertes 24h par jour dans votre province en cliquant sur ce lien.

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