Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Élections 2018 : quelles perspectives pour l’avenir de la politique au Québec?

Le Québec se dirige-t-il vers une division traditionnelle entre la gauche et la droite, ou autre chose complètement?
jfgalipeau.ca

La politique québécoise a pris un tournant complètement nouveau lundi soir. Mais l'élection de la CAQ signifie-t-elle la mise au rancart définitive de la dichotomie souverainiste-fédéraliste pour une nouvelle division gauche-droite? Les experts ne s'entendent pas mais, chose certaine, le mouvement souverainiste devra se redéfinir de fond en comble.

«Aujourd'hui, il y a beaucoup de Québécois qui ont mis de côté un débat qui nous a divisé depuis 50 ans.»

C'est ainsi que le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, a entamé son discours de victoire lundi soir. Il n'a pas tort: pour la première fois depuis la fondation du Parti québécois en 1968, un parti qui met complètement de côté la question nationale formera le gouvernement, après une campagne électorale où l'indépendance du Québec n'était pas un enjeu.

Selon le sociologue Jean-Philippe Warren, l'élection est le point culminant d'un long déclin de l'intérêt pour la souveraineté.

«Depuis longtemps, il y a un désintérêt pour la question souverainiste qui frappe tout le monde, même les baby-boomers. Un certain nombre de boomers perpétuent une adhésion à la souveraineté, mais eux-mêmes sont moins fébriles à l'idée de l'indépendance», avance-t-il.

«L'indépendance en miettes»

Selon M. Warren, ce n'est toutefois pas ce désintérêt qui a mené à la victoire de la CAQ, la défaite du Parti libéral, à la déconfiture du Parti québécois et aux avancées de Québec solidaire. C'est la remise «aux calendes grecques» du projet souverainiste, sans échéance claire pour l'accession au pays.

«La coalition souverainiste qui était le PQ était basée sur l'idée qu'on doit mettre de côté nos différences jusqu'à après l'indépendance. Une fois le référendum gagné, on reprendra les chicanes normales d'un pays démocratique. [...] Mais puisque le projet est reporté à la semaine des quatre jeudis, il faut débattre d'autre chose en attendant. Notamment de ce qu'on veut mettre dans ce projet de pays», dit-il.

D'où la nouvelle puissance d'un parti comme Québec solidaire.

«L'indépendance n'est pas morte, précise M. Warren. Le front commun est mort. J'appelle ça "l'indépendance en miettes".»

Renouveau possible?

Les experts consultés par le HuffPost Québec ne s'entendent pas sur la possibilité de voir le PQ renaître de ses cendres, ni sur la possibilité de rallier le Québec autour d'un projet d'indépendance clair et immédiat.

M. Warren émet des doutes sur ces éventualités. Mais son collègue Jack Jedwab, historien et vice-président exécutif de l'Association d'études canadiennes (AEC), croit qu'un retour est possible dans les deux cas.

«La souveraineté demeure dans le paysage politique. Ceux qui disent que c'est la fin du mouvement, ils se trompent», dit-il.

Concernant le PQ en particulier, M. Jedwab estime qu'il «va trouver le moyen de se réinventer, puisqu'il s'est réinventé déjà à quelques reprises».

Catherine Côté, politologue et professeure à l'Université de Sherbrooke, abonde dans le même sens. Elle estime toutefois que le PQ et Québec solidaire devront trouver une façon de collaborer, en dépit des tensions qui existent entre les deux formations.

Vers une alternance gauche-droite?

La Coalition avenir Québec occupe le centre-droit de l'échiquier politique. Questionnés à savoir si c'était le début d'une alternance gauche-droite avec le PLQ ou QS, les trois experts répondent par la négative.

«Je ne vois pas ça. Le PLQ va se redéfinir, mais il va rester au centre», affirme M. Jedwab.

«En ce moment, on voit une volonté populiste de dépasser les clivages partisans», ajoute M. Warren.

Dans l'immédiat, Jean-François Lisée a quitté son poste comme chef du Parti québécois, alors que Québec solidaire compte ses gains. La prochaine étape sera la reconnaissance des deux partis comme groupes parlementaires officiels. Ce qui, à défaut d'avoir le pouvoir, leur permettra au moins d'obtenir un minimum de fonds et de temps de parole à l'Assemblée nationale.

À voir aussi:

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.