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S'initier au cannabis sans tomber dans les vapes

Question d'optimiser son buzz sainement.
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C'est officiel, le Canada a légalisé l'usage récréatif du cannabis. Certains seront peut-être tentés de goûter aux effets de l'herbe, mais comment s'y mettre sans danger? Petit guide du nouveau consommateur de marijuana.

Connaître sa personnalité d'abord

Tout le monde est catégorique - autant les consommateurs que les professionnels de la santé - : si vous êtes de nature anxieuse, vous êtes sujets aux crises de paniques, vous avez des troubles mentaux ou des antécédents familiaux de faiblesses psychologiques, mieux vaut rester loin du cannabis ou être très prudent. Si la marijuana est connue pour détendre, elle peut aussi stresser, voire dérégler un système nerveux.

«Ça peut être inoffensif pour certains, ça peut causer des problèmes pour d'autres. Si on a une vulnérabilité, une fragilité biologique, on peut faire une psychose, par exemple, et peut-être ne jamais s'en remettre totalement. Ça s'est déjà vu», explique Dr. Antoine Kanamugire, médecin psychiatre à l'hôpital du Haut-Richelieu en Montérégie et auteur de 21 vérités cachées sur la marijuana.

Comme certaines personnes ignorent souffrir de troubles anxieux ou que leur grand-père en était atteint, il est suggéré de consulter un médecin avant de se lancer. «Parfois, les facteurs de risque peuvent sembler banals. Une personne ne semble pas malade, n'a aucun symptôme, mais elle a peut-être tout de même une vulnérabilité», dit Dr. Kanamugire. Sans vous encourager à fumer en vous donnant une tape dans le dos, il émettra ses recommandations selon votre état de santé.

Pas trop jeune

Si le cannabis est en vente aux plus de 18 ans, le monde médical conseille de ne pas en fumer tant que le cerveau est en développement, soit pas avant l'âge de 25 ans. «La marijuana vient interférer avec système endo-canabinoide, qui aide à créer certains réflexes, explique Dr. Kanamugire.

6% des Canadiens qui n'ont jamais consommé de cannabis ou qui n'en ont pas consommé au cours des trois derniers mois se disent susceptibles d'essayer la marijuana ou d'augmenter leur consommation après la légalisation.
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6% des Canadiens qui n'ont jamais consommé de cannabis ou qui n'en ont pas consommé au cours des trois derniers mois se disent susceptibles d'essayer la marijuana ou d'augmenter leur consommation après la légalisation.

Les risques de dépendance sont d'autant plus grands chez les adolescents. Au Québec, un jeune consommateur sur six présente une consommation problématique.

Et à cet usage abusif s'ajoutent des risques accrus de développer des dépressions et des problèmes de concentration, menant entre autres à de mauvaises performances scolaires et des pensées suicidaires.

Par où commencer

- Bien choisir sa marijuana : il semblerait que lorsqu'il sera légalisé, le pot sera proposé en plusieurs variétés. Au lieu de piger au hasard, surtout lorsque vous commencez, optez pour une variété faible en THC (la substance responsable du buzz recherchée par la consommation récréative), conseille Camille Chacra, propriétaire de la boutique en ligne Allume, qui propose des accessoires pour fumeurs discrets et stylés.

Les nouveaux consommateurs devraient, selon elle, miser sur une concentration de THC inférieur à 10%. À titre comparatif, dans les années 1990, la marijuana contenait environ 4% de THC et maintenant on retrouve en moyenne sur le marché une concentration autour de 14%. «25 à 30% de THC, c'est vraiment beaucoup», insiste Camille.

Elle conseille d'ailleurs aux novices d'opter pour une variété plus forte en cannabidiol (ou CBD), un cannabinoïde utilisé plus au niveau médical, entre autres, pour ses propriétés inflammatoires et relaxantes.

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- Ne pas manger le cannabis tout de suite : en plus d'être plus tardifs, les effets qui suivent l'ingestion/digestion de la marijuana sont encore plus intenses que lorsque vous la fumez.

- Prendre son temps : commencez par fumer des petites quantités. La pratique est nommée «microdosing». Débutez par une bouffée, la prochaine fois vous en prendrez peut-être deux ou trois. Rien ne presse. Voyez comment votre corps réagit chaque fois, découvrez vos limites tout en développant par le fait même votre tolérance, propose la jeune entrepreneure.

- Respecter ses limites, sa tolérance : si vous n'êtes pas tolérant à l'alcool, il y a de bonnes chances que vous ne le soyez pas non plus au cannabis.

- Ne pas combiner avec de l'alcool ou d'autres drogues : pour commencer, limitez-vous au cannabis. Votre système sera déjà assez débalancé.

- Être en forme et dans un bon état d'esprit avant de fumer : Comme lorsque vous consommez de l'alcool, si vous êtes super fatigué ou stressé, les chances d'avoir un bon buzz sont basses.

D'autres petits gestes pour optimiser

- Infuser sa nourriture : pas juste les brownies. «Mettez-en dans la salade. Faites une huile de cannabis», conseille Camille d'Allume. Il y a aussi la bière aux extraits de cannabis maintenant.

- Manger une mangue mûre avant de fumer : «Les mangues sont riches en myrcène - le monoterpène qui leur donne leur odeur - qu'on peut trouver dans certaines variétés de cannabis. Ça peut aider votre système endocannabinoïde à absorber le THC», soulève Mme Chacra. Aucune étude n'a prouvé cette théorie par contre.

- Boire du thé vert ou noir : c'est rempli d'antioxydants et ça aide à la relaxation pendant que vous fumez.

Les bonnes manières

Pour ceux qui ne le savent pas, il y a certaines règles de conduite à respecter lorsqu'on fume du cannabis en groupe. Camille Chacra - propriétaire de la boutique en ligne Allume - nous les énumère :

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  • Ne mouillez pas la pipe ou le joint (puisqu'il devient difficile à allumer et est désagréable sur les lèvres d'autrui.
  • Prenez maximum deux bouffées puis passer le joint.
  • Ne parlez pas trop longtemps avec le joint dans les mains.
  • Si vous fumez dans une pipe qui ressemble à une cuillère, ne laissez pas la flamme trop longtemps sur l'herbe. Le cannabis va brûler trop vite. Vous gaspillerez, autrement dit.
  • Partagez. Chacun apporte un joint et partage.

Trop gelé? Voici comment redescendre

S'il est pratiquement impossible de mourir d'une surdose de cannabis, il peut arriver que vous éprouviez des symptômes désagréables après une consommation qui dépasse vos limites.

Si vous sentez soudainement des nausées, des étourdissements, que vous avez la bouche excessivement sèche, que vous devenez trop suspicieux, hyper vigilant, que les sons sont plus forts, que vous éprouvez de l'anxiété, voire de la panique, et que votre tension artérielle chute, vous êtes trop gelés. Vous avez dépassé le stade agréable, le buzz recherché par les consommateurs. Oui, vous «badtrippez» un peu.

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Les symptômes durent en moyenne quelques minutes. Dans certains cas, des heures. Mais, attention, la pire chose à faire, c'est de paniquer. Voici ce que nos deux spécialistes nous conseillent de faire pour redescendre sur terre :

Selon le docteur Antoine Kanamugire:

  • S'hydrater.
  • S'allonger.
  • Aller à l'hôpital si un trouble mental se manifeste.

Selon la consommatrice Camille Chacra :

  • Respirer profondément.
  • S'hydrater.
  • Manger de la nourriture réconfortante (pour enlever la sécheresse dans la bouche entre autres).
  • Faire une longue sieste.
  • Mâcher des grains de poivre noir et les renifler ensuite. Selon Camille Chacra, plusieurs consommateurs ne jureraient que par ce truc maison artisanal pour faire baisser leur anxiété.

Attention à la dépendance

Un peu comme l'alcool, il est possible de tomber accro au cannabis, contrairement à ce que plusieurs adeptes de la substance laissent croire. C'est d'ailleurs, selon Dr. Antoine Kanamugire, la plus grande vérité de son livre 21 vérités cachées sur la marijuana.

En 2012, il y avait davantage de Canadiens présentant des symptômes d'abus de cannabis ou de dépendance au cannabis (6,8 %) que de Canadiens présentant des symptômes équivalents associés à d'autres drogues (4,0 %), selon des données de Statistiques Canada.

Si des facteurs génétiques, l'environnement (l'exposition aux drogues) et le jeune âge jouent un rôle important dans le développement d'une dépendance, il y a une seule façon de stopper le processus : consommer modérément. «Plus on consomme, plus on le fait souvent, plus on augmente le risque de tomber accro. Quelqu'un qui fume tous les jours a 25% à 50% plus de risque [d'être dépendant]», soutient le médecin psychiatre. La dépendance n'est cependant pas aussi forte que celle au tabac, admet-il.

Les principaux troubles de la santé associée à la consommation

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  • Atteinte aux capacités cognitives (jugement, attention, mémoire, capacité à prendre des décisions)
  • Maladies respiratoires (en raison de la fumée)
  • Maladies pulmonaires (aussi en raison de la fumée)
  • Hausse de la pression artérielle
  • Troubles ou épisodes psychotiques (hallucinations, perceptions erronées, paranoïa)
  • Épisodes dépressifs (grande tristesse, fatigue, irritabilité)
  • Anxiété

Quelques chiffres

  • 6% des Canadiens qui n'ont jamais consommé de cannabis ou qui n'en ont pas consommé au cours des trois derniers mois se disent susceptibles d'essayer la marijuana ou d'augmenter leur consommation après la légalisation, selon un sondage mené par Statistiques Canada à l'hiver 2018.
  • 56% des consommateurs de cannabis canadiens disent consommer «quotidiennement» ou «hebdomadairement» (Statistiques Canada).
  • 11,5% des Québécoises et 19% des Québécois affirmaient consommer du cannabis en 2014-2015, selon l'Enquête québécoise sur la santé de la population (EQSP).
  • 31% des ados québécois (15-17 ans) et 41,7% des jeunes adultes québécois (18-24 ans) disent consommer de la mari (EQSP).

Les bons accessoires selon Camille Chacra

La boutique Allume vient de lancer un service d'abandonnement mensuel à des boîtes d'accessoires. Les Chill Box comprennent des essentiels pour s'initier à la consommation de cannabis (papier à rouler, broyeur, pochettes, cendriers) ainsi que des dérivés de la plante : chandelle à base de chanvre et huiles essentielles, par exemple.

Elle recommande sinon :

  • Le papier à rouler à combustion lente de la marque OCB pour que le joint ne brûle pas trop vite.
  • Des huiles essentielles qui contiennent des terpènes qu'on retrouve dans le cannabis. L'aromathérapie et la marijuana se complètent bien. Camille avoue avoir un faible pour le «Post Sesh Scent» de Milkweed Collective «qui se mêle bien à l'odeur du cannabis».
  • Un bong si vous désirez intensifier votre buzz. Il permet en fait d'aspirer plus de fumée qu'avec un joint ou une pipe. Ses préférés sont signés Jane West (que vous pouvez voir ci-dessous).

VOIR AUSSI :

Légalisation du cannabis: Pour ou Contre?

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