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Formule E: l'opacité de l'ancienne administration fustigée par la vérificatrice générale

La Ville n'a pas utilisé le cadre de gouvernance qui aurait dû s'appliquer.
Olivier Robichaud

Une autre tuile s'abat sur la tête de l'ancienne administration au sujet de la course de Formule E. Trois semaines après un rapport dévastateur du Bureau de l'inspecteur général, voilà que la vérificatrice générale de Montréal dénonce la façon de faire de l'ex-maire Denis Coderre.

La vérificatrice générale, Michèle Galipeau, a déposé son rapport annuel aux élus lundi. Un chapitre est réservé à la Formule E, course automobile controversée qui a été annulée par la nouvelle mairesse, Valérie Plante.

«Nous avons constaté que la coordination des interventions ainsi que les informations s'y rattachant transitaient par le cabinet de l'ex-maire. Ainsi, [...] l'administration municipale n'avait aucune vision globale des enjeux et des risques de ce projet d'envergure», affirme-t-elle.

Aucun plan, budget ou reddition de comptes

Mme Galipeau estime que la course a été retirée du cadre de gouvernance approprié. Elle accuse l'administration Coderre d'avoir fait preuve d'une gouvernance «déficiente».

Selon la vérificatrice, la Ville n'a reçu aucun plan d'affaires de la part de l'organisme créé pour présenter la Formule E, «Montréal c'est électrique» (MCÉ). Aucun budget détaillé n'a été présenté au comité exécutif, la demande de financement se limitant à préciser que l'objectif était le «déficit zéro, mais possibilité de demande additionnelle à la Ville».

Pourtant, des estimations budgétaires avaient été produites. Elles anticipaient d'abord un déficit de 3,1 M$, puis un budget équilibré. La dernière estimation, produite quelques jours avant la présentation devant le comité exécutif, anticipait un déficit de 6,4 M$.

Les subventions fédérales et provinciales n'étant pas au rendez-vous, le déficit a finalement été de 13,6 M$.

Malgré que l'entente entre la Ville et MCÉ prévoyait une reddition de compte mensuelle, la Ville n'a réclamé cette reddition de comptes qu'en septembre 2017, soit bien après la présentation de l'événement.

Face à ces nombreuses lacunes, la mairesse Plante se félicite d'avoir annulé la course.

«La vérificatrice générale nous dit que M. Coderre s'est lancé dans cette aventure sans plan d'affaires, sans évaluer ce que ça coûterait à long terme. Ça nous a amené au fiasco qu'on connaît», dit-elle.

La Ville fait face à une poursuite en justice de 33 M$ pour avoir mis fin au contrat de MCÉ.

Le chef de l'opposition officielle Lionel Perez, qui faisait partie du comité exécutif dans l'administration Coderre, commentera mardi le rapport de Mme Galipeau. Lundi, il n'a pas souhaité répondre aux questions à savoir pourquoi son équipe a accepté de soutenir la MCÉ sans plan d'affaires.

Les vrais chiffres enfin connus

La vérificatrice générale rajoute aussi une couche à la saga des billets vendus. Après avoir initialement clamé qu'il ne connaissait pas ces chiffres, M. Coderre les a dévoilé à quelques jours du scrutin du 5 novembre. Il disait alors que 25 000 billets avaient été vendus ou donnés aux partenaires de MCÉ, en plus des 20 000 billets donnés gratuitement.

MCÉ a ensuite précisé que c'était plutôt 15 000 billets vendus. Selon la vérificatrice, le chiffre est plutôt de 13 646 billets vendus contre 34 730 distribués gratuitement.

«Il est important de souligner que l'information sur le nombre de billets vendus était disponible, sur demande, aussi bien pour MCÉ que pour la Ville. Dès le lendemain de la présentation de l'événement, la répartition entre le nombre de billets vendus et donnés était disponible et connue», indique Mme Galipeau.

M. Coderre n'a pas répondu à la demande d'entrevue du HuffPost Québec.

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