Une opposition frontale. Deux camps s'affrontent aux États-Unis, ceux qui veulent mettre un terme à la libre circulation des armes à feu, et ceux qui se battent pour garder intact le Deuxième amendement de la Constitution américaine de 1787. Cet amendement, c'est celui qui protège "le droit du peuple de posséder et porter des armes". Dans ce débat, le chanteur des Eagles of Death Metal, Jess Hughes, a une position tranchée.
Dans un post Instagram publié ce samedi 24 mars, le chanteur dont le groupe se produisait sur scène lors de l'attentat au Bataclan le 13 novembre 2015, a publié un dessin qui met en scène un homme et une femme, ayant une conversation sur les armes à feu et le viol. "Je vais ranger mon flingue pour contribuer à la fin de la violence". Ce à quoi lui répond alors un homme: "Je vais me couper le sexe pour arrêter les viols". Un parallèle qualifié d'"hallucinant" et "inacceptable" par de nombreux internautes:
On comprend très vite la position de Jesse Hughes - qui n'a jamais caché ses positions pro-armes - avec ce simple dessin. Dans sa légende, il n'a pas hésité à fustiger les manifestants qui se battent pour changer l'amendement inscrit dans la Constitution. Pour lui, ces manifestants "dénigrent et exploitent la mémoire et la mort de 16 jeunes étudiants pour obtenir des likes sur Facebook et attirer l'attention des médias". Il fait bien sûr référence à la fusillade à l'école secondaire de Parkland en Floride.
De plus, en tant que "survivant d'une fusillade de masse" - en référence aux attentats du 13 novembre qui a fait 130 morts, dont 90 au Bataclan - le chanteur s'estime légitime pour présenter ainsi son avis. Il se sent particulièrement offensé par ceux qui "protestent et sèchent les cours". "Ce serait drôle si ce n'était pas pathétique et répugnant", lâche-t-il pour qualifier les manifestations "March For Our Lives" . "Ils m'agressent et m'insultent, tout comme ils agressent et insultent tous les défenseurs de la liberté dans chacune de leurs actions".
Un post supprimé
Et ce n'est pas tout. En plus d'attaquer violemment les manifestants, Jesse Hughes s'en est pris particulièrement à Emma González, l'une des survivantes de la fusillade de Parkland qui est aujourd'hui en première ligne dans la lutte contre les armes à feu.
Comme on peut le voir dans la capture Instagram ci-dessous, il a publié une photographie retouchée du magazine Teen Vogue, où on peut voir Emma González déchirer la Constitution américaine.
En légende, "regardez, l'horrible visage de la trahison... Survivante de rien... Idole de la trahison... Profite de ton petit moment... Il va bientôt prendre fin".
Une photo que Phillip Picardi, l'un des responsables de Teen Vogue, s'est empressé de contredire, puisqu'il s'agit d'un montage mensonger:
"À gauche, c'est la photo de Tyler Mitchell d'Emma pour la couverture de Teen Vogue. À droite, c'est ce que les soi-disant 'activistes des droits des armes à feu' ont photoshoppé", s'indigne Phillip Picardi.
Et pour clarifier le débat, il publie la vidéo dont a été extraite l'image retouchée. Comme vous pouvez le voir, la jeune femme ne déchirait pas la Constitution, mais une cible:
"Le fait que nous ayons même à clarifier cela est la preuve que la démocratie continue à être fracturée par des gens qui manipulent et fabriquent la vérité."
Ce texte a été publié originalement dans le HuffPost France.