OTTAWA – L’un des leaders du « Brexit » fustige le premier ministre Justin Trudeau parce qu’il a appuyé le camp du « Bremain » lors du référendum au Royaume-Uni.
En entrevue avec le Globe and Mail, le chef du United Kingdom Independance Party (UKIP), Nigel Farage, accuse Justin Trudeau d’avoir mis son grain de sel dans le choix référendaire des Britanniques avant le vote.
« C’est comme si le premier ministre canadien vous disait que vous aviez décidé de transformer l’ALENA en une union politique, et que vous alliez transférer toute l’autorité d’Ottawa à quelqu’un d’autre, que vous alliez avoir des tribunaux étrangers décider à votre place », a comparé Farage.
Nigel Farage (à gauche) en veut à Justin Trudeau (à droite). (Photo : Reuters/PC)
« Combien de temps tiendriez-vous? Une journée? Une semaine? Et pourtant, c’est ce que le premier ministre canadien nous recommandait de faire. Je me demande parfois si les chefs étrangers comprennent vraiment ce qu’est l’Union européenne (UE). »
Lors d’une conférence de presse, la semaine dernière, Trudeau n’a pas caché le fait qu’il appuyait le camp du « Bremain » qui voulait rester au sein de l’UE. Mais il a précisé que c’est le peuple britannique qui allait décider lors du référendum.
À la surprise générale, 51,9% de la population a choisi le camp du « Brexit ». Le Canada, qui a reconnu ce choix dès le lendemain, a assuré qu’il allait « continuer à tisser des liens » tant avec le Royaume-Uni, que l’UE.
« Le Canada a des fondements économiques extraordinaires que nous renforçons grâce à des investissements clés dans l'infrastructure et des mesures visant à faire croître la classe moyenne. Nous sommes bien placés pour traverser l'incertitude du marché mondial, comme nous l'avons fait dans le passé », a réagi Trudeau.
Le bureau du premier ministre n'a pas voulu réagir aux accusations du chef de l'UKIP.
L’opposition officielle sort les dents
Même si l’un des leurs a publié une lettre d’opinion dans les médias appuyant le camp du « Brexit », les conservateurs n’ont pas manqué de critiquer Trudeau pour sa prise de position en faveur du statu quo.
« Justin Trudeau avait tort d’interférer avec la décision démocratique interne du peuple britannique sur son adhésion à l’UE. Une gaffe terrible et à courte vue », a réagi le député conservateur albertain Jason Kenney sur Twitter.
« Justin Trudeau n’aurait pas dû intervenir dans la politique intérieure d’un autre pays, comme il l’a fait. Soutenir publiquement le camp du ‘Remain’ était une énorme erreur », a renchéri Maxime Bernier, candidat à la direction du Parti conservateur et député de Beauce.
Son collègue ontarien Tony Clement, qui a salué l’exercice démocratique des Britanniques, s’est empressé de faire le parallèle entre le « Brexit » et le référendum souhaité par son parti afin de changer le système de mode de scrutin aux prochaines élections.
Le Bloc québécois, quant à lui, a demandé à Trudeau de laisser tomber la Loi sur la clarté référendaire et de reconnaître la majorité absolue si le Québec décidait de tenir un troisième référendum sur son indépendance.
« Après s’être immiscé dans un processus démocratique étranger en suggérant aux Britanniques quoi faire, Justin Trudeau a commenté les résultats de leur référendum en s’appuyant sur des principes qu’il ne respecte même pas chez lui. C’est de la politique étrangère de pee-wee et c’est regrettable », a critiqué Luc Thériault, leader parlementaire du Bloc.
- avec une information de Zi-Ann Lum.
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