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Qui est Boris Johnson, l'homme qui se prend pour Winston Churchill

Qui est Boris Johnson, l'homme qui se prend pour Winston Churchill

Il est l'un des grands gagnants du référendum du 23 juin. En boutant le Royaume-Uni hors de l'Union européenne, Boris Johnson a réussi son pari et peut désormais frapper à la porte de Downing Street. L'ancien maire de Londres, qui s'est imposé ces derniers mois comme le chef de file des partisans du Brexit, fait figure de favori pour succéder au premier ministre démissionnaire, David Cameron.

A bord de son bus rouge dans lequel il a sillonné la campagne anglaise, ce trublion de la vie politique à la tignasse blonde ébouriffée est parvenu à convaincre une majorité de Britanniques de "reprendre le contrôle" de leur destin. Un destin hors de l'UE que le député conservateur de 52 ans a vendu comme "le triomphe de la démocratie" et qu'il a promis florissant économiquement et préservé d'une vague de millions d'immigrés prête, selon lui, à envahir les côtes britanniques.

Friand de polémiques, le bouillonnant "BoJo" avait multiplié les phrases choc durant la campagne, sans craindre l'outrance. En mai, il a notamment affirmé que Bruxelles se comportait comme Adolf Hitler en essayant de créer un super-Etat. Une stratégie qui s'est avérée payante pour un homme dont les rêves de grandeur ne sont pas tout à fait nouveaux.

Le journaliste préféré de Thatcher

Né à New York en 1964, Alexander Boris de Pfeffel Johnson voulait être "roi du monde" dès son plus jeune âge, a confié sa sœur Rachel à son biographe Andrew Gimson. Au fil de son éducation, des plus élitistes, cet aîné d'une fratrie de quatre n'a eu de cesse d'affirmer ses ambitions, ayant décroché une bourse pour le prestigieux Eton College et le non moins glorieux poste de président du club de débat Oxford Union.

"Personne à (l'université d') Oxford ne doutait qu'il serait un jour Premier ministre", pointe Andrew Gimson. A sa sortie de l'université, il entame une carrière journalistique au Times qui le licencie à peine un an après pour avoir inventé une citation - et surtout pour avoir menti sur le fait de l'avoir inventée. Le Daily Telegraph le repêche et l'envoie à Bruxelles où il officiera de 1989 à 1994.

Déjà, à coup d'exagération et même parfois d'entourloupes, Boris Johnson bouscule la couverture pépère de l'époque et devient "le journaliste favori" de Margaret Thatcher en relatant par le menu les actions les plus insolites de l'exécutif européen (taille des saucisses, toilettes...). "Il n'inventait pas à proprement parler les histoires mais il était dans l'exagération", se souvient Christian Spillmann, journaliste de l'AFP en poste à Bruxelles pendant "les années Boris".

On retrouve notamment cette emphase et cette attirance pour les sommets dans la biographie que Boris Johnson a consacré en 2015 à l'un de ses (potentiels) plus glorieux prédécesseurs, Winston Churchill. Comme le soulignaient alors Les Echos, cet ouvrage ("Winston: Comment un seul homme a fait l'histoire") reflétait "une démarche valorisante et osée", de la part d'un homme qui se voit aussi comme "un être à part".

Maire puis premier ministre avant d'être "roi du monde"?

Élu député pour la première fois en 2001, c'est en ravissant la mairie de Londres aux travaillistes en 2008 que Boris Johnson acquiert une stature nationale. Réélu en 2012, c'est moins son bilan, jugé assez "maigre" par certains, outre quelques réussites emblématiques comme les "Boris bikes" (vélos en libre service) ou les jeux Olympiques, que sa personnalité qui séduit. Une personnalité qui n'a pas fini de plaire dans un pays où l'euroscepticisme a triomphé comme jamais.

Pour autant, Boris Johnson n'aura pas forcément la tâche facile et "plusieurs candidats peuvent le battre", a également déclaré à l'AFP Tim Oliver de la London Schools of Economics. Les noms de Theresa May et Michael Gove étaient notamment cités par les médias britanniques.

"Sa décision de soutenir le camp du Leave a été vue comme une démarche opportuniste par un certains nombre de députés conservateurs, y compris ceux qui ont soutenu une sortie de l'UE. Il a peut-être le soutien des adhérents mais il va devoir d'abord gagner la course à l'investiture auprès des députés", a-t-il estimé.

Il pourrait commencer par faire son entrée au gouvernement après "un remaniement gouvernemental de réunification" du parti conservateur, a avancé Tim Bale. Une brève étape avant la probable réalisation de ses ambitions cultivées depuis l'enfance.

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