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Réfugiés syriens : le salaire de 1800 $ par jour de Michel Dorais contesté

Réfugiés syriens : le salaire de 1800 $ par jour de Michel Dorais contesté

La décision du maire de Montréal, Denis Coderre, d'embaucher Michel Dorais comme coordonnateur de l'accueil des réfugiés syriens à Montréal au taux de 1800 $ par jour provoque des grincements de dents.

L'ex-sous-ministre fédéral à l'Immigration, qui a notamment travaillé avec Denis Coderre quand celui-ci était à la tête du ministère, a une expérience reconnue en matière d'accueil des réfugiés.

L'opposition officielle à l'Hôtel de Ville ne conteste pas sa compétence, mais dénonce le salaire que la Ville lui accorde : il gagnera 110 000 $ pour trois mois.

À titre comparatif, le taux horaire d'un haut fonctionnaire parmi les mieux rémunérés est d'environ 85 $, soit le tiers de sa rémunération.

Son salaire sera versé par la Ville à même le budget de fonctionnement de la Direction générale.

Dans le sommaire décisionnel sur l'approbation de sa nomination par le comité exécutif, mercredi dernier, la Ville précisait que cette somme inclut « le salaire de base ainsi que des congés chômés et payés, une compensation pour non-participation au régime de retraite et les garanties de l'assurance collective ».

Un salaire plus élevé que celui du maire

Des arguments que conteste Projet Montréal. Pour le porte-parole de la formation en matière de finances, Guillaume Lavoie, rien ne justifie que M. Dorais reçoive davantage sur une base annuelle que le maire ou le directeur général de la Ville, alors que des Montréalais sont invités à aider bénévolement les réfugiés.

« C'est un message complètement négatif qu'on envoie à nos communautés », juge-t-il.

Le chef du parti Coalition Montréal, Benoit Dorais, dont des collègues siègent au comité exécutif, ne condamne pas l'embauche de Michel Dorais, avec qui il n'a aucun lien de parenté. Il fait cependant valoir que « c'est vraiment très cher ».

Il dit oser croire que le comité exécutif a eu toute l'information nécessaire avant de donner son aval à cette nomination.

Dans le sommaire décisionnel, la Ville vante la « longue feuille de route [de M. Dorais] en matière d'immigration » et son « expertise appréciable et pertinente en ce qui a trait aux demandeurs d'asile et aux réfugiés dont le traitement relève principalement de la compétence du gouvernement fédéral du Canada ».

Michel Dorais a été sous-ministre à Immigration Canada pendant six ans, de 1998 à 2004. Il a aussi été négociateur en chef pour l'Ontario lors de négociations en 2011 avec Ottawa pour l'encadrement des nouveaux arrivants. En 1999, il avait joué un rôle majeur dans l'accueil des réfugiés kosovars au Canada.

Dans le document du comité exécutif, la Ville souligne que l'embauche de M. Dorais a dû être présentée « pour décision, aux instances » parce que le poste créé a été accordé sans affichage.

On précise que Michel Dorais a été embauché « à titre de cadre contractuel », « hors structure », pour un contrat d'une « durée maximale de trois mois », rétroactivement au 19 novembre.

Une décision difficile à justifier

Sur les ondes d'ICI RDI, l'ex-ministre de l'Immigration du Québec Yolande James a jugé ce contrat injustifiable.

La Ville aurait pu « aller chercher quelqu'un à Immigration Québec » ou à l'interne, croit-elle. « Je ne vois pas comment on peut justifier [cette nomination], déjà que la population se questionne sur le coût de l'intégration. »

Le coût total de l'opération humanitaire pour l'ensemble du Canada est estimé à 678 millions de dollars sur six ans. Le gouvernement fédéral a toutefois averti que cela pourrait changer.

Sur les 7300 réfugiés attendus au Québec au cours des deux prochaines années, 6195 doivent être accueillis dans le Grand Montréal.

Une nomination contestée à l'interne

De son côté, le Syndicat des professionnelles et professionnels municipaux de Montréal (SPPMM) étudie les recours qu'il pourrait avoir pour contrer l'embauche de M. Dorais.

Le syndicat ne conteste pas le salaire qui lui est offert, mais critique le fait que la Ville ait nommé quelqu'un de l'externe plutôt que désigné un professionnel déjà à l'embauche de celle-ci.

Le recours du SPPMM pourrait par exemple prendre la forme d'un grief.

La Ville précise que le Comité de coordination pour l'accueil des réfugiés syriens (CCMARS) a « pour objectif premier d'assurer une coordination efficace des actions, des services et des ressources à déployer par la Ville et les partenaires multisectoriels pour faciliter l'accueil et l'intégration des réfugiés syriens sur le territoire ».

Avec les informations de Benoit Chapdelaine

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