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Référendum en Écosse: à la rencontre des Écossais (Partie 1 - Neverendum)

Référendum en Écosse: à la rencontre des Écossais (Partie 1)
Jeffrey Déragon

Unie à l’Angleterre depuis plus de 300 ans, l’Écosse, berceau du whisky et des kilts en tartan, s’apprête à tenir un référendum sur son avenir constitutionnel le 18 septembre prochain. Défense, pensions, monnaie, ressources naturelles, tout a été débattu maintes fois depuis que le premier ministre indépendantiste Alex Salmond et son homologue anglais David Cameron ont lancé la campagne référendaire au mois d’octobre 2012.

Mais qu’en pensent les Écossais? Jeffrey Déragon s'est introduit dans le quotidien de cinq d’entre eux afin de mieux comprendre leurs aspirations, leurs craintes, mais surtout les conséquences qu’aura le référendum sur leur vie.

» 1ère rencontre: Denis, Glasgow - Neverendum

Dans les locaux colorés du camp du «oui» sur Hope Street, à Glasgow, tous les espoirs sont permis. À l’intérieur, des jeunes dans la vingtaine entourés de gobelets de café et de croûtes de pizza à moitié dévorées enchaînent les appels téléphoniques aux quatre coins de l’Écosse. Chacun étant déterminé à convaincre les derniers indécis de rallier ceux qui souhaitent voir la naissance d’un nouveau pays le 18 septembre prochain.

L’un d’eux, occupé à rassurer un citoyen soucieux de l’avenir de sa pension, me fait signe de prendre des dépliants, affiches et autres porte-clés à l’effigie du drapeau écossais. Ailleurs, on est loin de sentir un engouement pour l’une ou l’autre des options. C’est à se demander si l’on est vraiment à la charnière de deux ères dans l’histoire de cette petite nation.

À quelques coins de rue de là, Denis est assis derrière la vitrine du Oswald Bookshop et feuillette un catalogue de nouveaux livres qui paraîtront cet automne. Vêtu d’un chemisier bleu et d’un pantalon beige pressés, le libraire jette de temps à autre un regard vers les passants qui, parfois, s’arrête dans sa librairie pour y cueillir un livre ou une indication. L’indépendance de l’Écosse? Cet ancien professeur de gaélique n’y croit pas tellement.

«Nous nommons cela Neverendum, c’est un état hypothétique qui ressemblerait probablement à celui du Québec. Une telle situation serait désastreuse pour notre économie.» - Denis

«[Alex] Salmond (le premier ministre écossais) croyait que la tendance changerait en cours de route, mais ce n’est pas ça qui se produit en ce moment. Le “oui” tire toujours de l’arrière dans les intentions de vote», me dit-il avant de se diriger vers une étagère consacrée à la littérature écossaise qui couvre la moitié de son local [De récents sondages ont depuis montré un rapprochement des deux options, voire une avance du oui, NDLR]. Né en Angleterre, fils d’un pilote de la Royal Air Force, il décide vers l’âge adulte de s’installer sur la terre natale de sa mère, pour y enseigner la langue gaélique qui n’est parlée que par 1 % de la population écossaise aujourd’hui. «L’Écosse est rapidement devenue mon chez-moi.»

Ce territoire, il l’a parcouru de long en large et plusieurs fois même, répertoriant chacune des photos prises lors de ces excursions sur son compte Twitter qu’il tient à mettre à jour le plus souvent possible. «Il suffit d’une balade en bateau autour de ces îles peuplées de moutons et de gens sympathiques pour tomber amoureux de ce territoire», explique le libraire en agitant ses mains au-dessus des dizaines de cartes qui couvrent son bureau. «Les gens ici ont une fierté et une culture qui n’a rien à envier à celle des autres peuples.»

Plus que l’indépendance ou le statu quo, ce que l’ancien professeur redoute, c’est un résultat serré qui ne réglerait pas définitivement la question. Selon lui, ce type de scénario aurait comme effet de plonger l’Écosse dans une succession de référendums sans fin. «Nous nommons cela Neverendum, c’est un état hypothétique qui ressemblerait probablement à celui du Québec. Une telle situation serait désastreuse pour notre économie.»

Avant de quitter son commerce, lorsque je lui demande de le prendre en photo, le libraire pousse un rire et me tend un exemplaire d’un livre qu’il a écrit. « Je n’aime pas tellement les photos, mais prends ça, ça me représente assez bien », dit-il avant de répondre à un client qui vient d’entrer dans sa boutique.

Un passage en Écosse

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