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L'aspirant: l'histoire de Justin Trudeau (partie 1)

L'aspirant: l'histoire de Justin Trudeau (partie 1)

Justin Trudeau est-il le sauveur du Parti libéral du Canada?

Sera-t-il premier ministre un jour?

Avec L'aspirant: l'histoire de Justin Trudeau, la chef de bureau du Huffington Post Canada à Ottawa Althia Raj peint un portrait des années passées par Trudeau à Ottawa, Montréal et Vancouver et entraîne le lecteur dans les coulisses de son ascension politique.

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À LIRE:

CHAPITRE 1: LE CANDIDAT

Mesdames et messieurs, dans le coin rouge, son adversaire de 180 livres, le pugiliste de Papineau. Accueillez s’il vous plaît, Justin Truuuuuuuuuuuuuuudeauuuuu!

Ses yeux sont fermés, il salue de la tête sous le capuchon de son peignoir rouge éclatant. Il y a des acclamations et de fortes huées. Trudeau est le négligé, nous a-t-on dit.

Observez bien, il y a une trace d’un sourire – certains diront que c’est un sourire narquois – sur le coin de sa bouche, comme s’il savait comment le combat va se terminer.

L’animateur de Sun News Ezra Levant dit aux téléspectateurs du réseau : « Il porte le rouge libéral bien sûr. Je le surnomme le shiny poney. On dirait qu’il est dans une sorte de transe de yoga Zen. Tous ces entraînements de danse et de ballet, ils vont revenir ce soir. »

Son co-animateur Brian Lilley ajoute : « Ah, voilà sa mère qui applaudit dans la foule, sa conjointe est assise directement derrière nous à une table de femmes. Elles ont toutes des gants de boxe roses avec elles. »

Levant répond : « J’ai entendu dire qu’il voulait utiliser les gants de boxe roses, mais le réseau Sun News s’y est opposé »

Lilley : « Oh, oh… Ezra y va pour… »

Levant : «…Je l’ai vu sauter à la corde… »

Lilley : « Le coup bas… »

Levant : « Il saute comme ma fille de quatre ans! »

Lilley : « Le coup bas de Levant avant même que cela commence, mais Trudeau arrive. Il a un air déterminé sur son visage. »

Levant : « Oui, il est professeur d’art dramatique. Il est professeur d’art dramatique au secondaire. Ça s’appelle surjouer mon ami. Il est un comédien tragique. »

La politique est un sport de sang où l’on se bat dans plusieurs rings. Ce samedi soir, le 31 mars 2012, le député libéral Justin Trudeau met sa réputation en jeu dans un combat de boxe de charité contre le sénateur conservateur Patrick Brazeau. Le combat est diffusé sur le réseau Sun News, ami des conservateurs.

Ottawa n’a jamais rien vu de tel. Dans les semaines qui ont précédé l’affrontement, il y a eu une rivalité bouillonnante sur Twitter, des railleries machistes et une pesée torse nu avec Brazeau, portant uniquement un maillot de style Speedo et un bandeau, se vantant de la taille de sa virilité.

La bataille en soi? Elle est terminée bien avant que la cloche de la troisième ronde ne sonne la fin du combat.

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Justin Trudeau au fil des années

Pendant ces cinq minutes dans le ring, on apprend tout ce qu’il y a à savoir sur Trudeau, l’homme qui veut devenir premier ministre, alors qu’il est à la quête de la direction du moribond Parti libéral du Canada.

Il n’a peut-être pas l’apparence d’un combattant traditionnel, mais il n’a pas peur de se salir.

Il est souvent sous-estimé et il profite de son rôle d’opprimé.

Il ne fournit pratiquement aucun effort pour dissuader les gens de leurs faibles attentes.

Travailleur acharné, il va réussir à l’emporter sur ses adversaires.

Il connaît les médias, il adore le feu des projecteurs et eux aussi semblent l’adorer.

Il est judicieux, calculateur.

Plus intelligent que vous ne le pensez.

Et comme il l’a démontré pendant la campagne électorale dans Papineau, jusqu’à ce ring de boxe à Ottawa, à ses efforts pour s’emparer de la chefferie du Parti libéral; Trudeau choisit des batailles qu’il s’attend à gagner.

* * *

Les mains dans les poches, Justin Trudeau entre avec confiance dans le vestibule central du chic hôtel Westin Bayshore à Vancouver. Il porte un svelte costume bleu marine avec une chemise bleu bébé, les deux boutons du haut caractéristiquement défaits. Plus tard ce jour-là, il portera une cravate bleu foncé et jaune afin d’embellir son ensemble pour le premier débat des candidats à la chefferie du Parti libéral du Canada. (On mettra un veto à la cravate rouge à la dernière minute pour s’assurer qu’il se démarque de ses quatre adversaires sur scène, qui comme prévu, portent tous du rouge.)

Non pas qu’il soit difficile pour lui de se démarquer. L’homme politique de 41 ans arbore une chevelure ondulée qu’il vient de se faire couper pour lui donner un air plus mature. Sa peau est dorée par le soleil d’un récent voyage de famille au Maroc.

La nervosité matinale semble s’être calmée. La séance de yoga aura été efficace. Ou peut-être était-ce sa promenade le long de la digue de Stanley Park. Il est maintenant prêt pour l’attention des médias et du public. Il sait qu’il les attire. Pendant qu’il bavarde avec des bénévoles de campagne, les appareils photo s’attroupent vers lui comme des paparazzis sur une célébrité. Son conseiller principal, Gerald Butts, assure le rôle de photographe pendant que des douzaines de libéraux prennent la pose avec le candidat vedette.

Quelques-uns des volontaires aux tables d’information des autres candidats à la direction regardent Trudeau avec dédain, alors qu’il s’affaire à serrer des mains, prendre des photos et bavarder avec les gens.

Lorsqu’une employée du vestiaire de l’hôtel Westin, Zlata Kosnica, fait signe qu’elle aussi aimerait bien une photo, Trudeau saute par-dessus le comptoir de quatre pieds pour la serrer dans ses bras et poser pour une photo. La scène est évocatrice des manières fantaisistes de son père, le tourbillonnant Pierre Elliott Trudeau.

« Il est merveilleux et je l’adore », dit Kosnica à propos de Justin. Elle a toujours beaucoup aimé le plus vieux des Trudeau. « Je suis si heureuse qu’il s’intéresse à la politique de la même façon que son père. »

L’aîné du quinzième premier ministre et de Margaret Sinclair, Trudeau a connu une éducation fortunée et privilégiée. Il est facile de le juger comme un dilettante, étant une personne qui a touché à un large éventail d’aspirations académiques et professionnelles, ne s’engageant à aucune, jusqu’à ce que son destin politique frappe à sa porte.

Qu’a-t-il fait pour mériter la direction d’un parti qui a détenu le pouvoir pendant 84 ans sur les 146 années du Canada depuis la Confédération?

Il a le sens du spectacle dans son discours comme dans ses actions et a même une fois fait référence à lui-même à la troisième personne. Lorsqu’il devient fébrile, ses étroites épaules sautillent de haut en bas et ses bras s’agitent dans tous les sens. Il n’hésitera pas à enlever son chandail ou à exhiber une barbe ridicule pour de bonnes causes. Par moment, il ressemble à une caricature de lui-même.

Trudeau a parfois de la difficulté à exprimer ses idées. Il est à la fois un fédéraliste dévoué, mais a déjà dit qu’il pourrait accepter la séparation du pays et l’indépendance du Québec, si Stephen Harper conduisait le pays trop loin à droite sur des questions comme l’avortement et le mariage gai, rendant le Canada méconnaissable à ses yeux.

Il est pour le registre des armes d’épaules des libéraux, mais, en tant que premier ministre, ne le ramènerait pas; à part peut-être au Québec. Il veut diriger le pays, mais durant ses quatre années au Parlement, n’a jamais présenté un projet de loi.

Tout cela importe peu aux yeux de ses partisans et même de certains de ses ennemis. Sa beauté cache une intelligence et une éthique de travail qui passent souvent inaperçues, disent-ils. Tout comme les meilleurs boxeurs, il est stratégique, conscient de lui-même et prend des risques calculés.

Trudeau, disent-ils, est plus intelligent que ce que l’on peut penser et ne devrait pas être sous-estimé.

CHAPITRE 2: UNE ÉDUCATION ATYPIQUE

Le curriculum vitae de Trudeau s’écarte beaucoup de celui de la plupart des politiciens : animateur de camp de jour, instructeur de rafting, entraîneur de bungee, instructeur de planche à neige, videur, enseignant au secondaire, animateur radio, décrocheur de l’école d’ingénierie, décrocheur d’une maîtrise à l’Université McGill, administrateur d’organisme à but non lucratif, conférencier, membre du Parlement.

Ses admirateurs y voient le parcours d’un jeune homme intelligent et athlétique qui n’était pas certain de ce qu’il voulait accomplir. Pour les critiques, c’est le CV d’un fils de riche qui ne sait pas s’engager.

À l’Université McGill où il a obtenu son baccalauréat ès arts en anglais et a commencé un baccalauréat en éducation (il l’a ensuite complété à l’Université de Colombie-Britannique), Trudeau était un bon élève. Il faisait partie du syndicat des débats et a travaillé comme chef de groupe pour le centre d’agression sexuelle.

À l’époque, il était amoureux fou d’une jeune femme qui s’appelait Zully (prononcer Souli), la fille d’un ingénieur colombien qui avait déménagé sa famille à James Bay quand elle était encore bébé, puis s’était installé à Montréal plus tard. Les deux se sont rencontrés au Collège Jean-de-Brébeuf, une école privée jésuite à laquelle Pierre est aussi allé. Justin croyait qu’il allait la marier. Elle était magnifique : peau brune, longs cheveux frisés noirs, yeux bruns.

Puis, elle l’a largué et lui a brisé le cœur.

Ils sont sortis ensemble pendant trois ans, puis ils ont continué de se fréquenter de façon irrégulière pendant deux ans. Avec le recul, Trudeau a déclaré que cette relation avait été typique d’un premier grand amour. « Il est toujours difficile de mettre fin à cette première grande relation », a-t-il écrit dans un courriel.

Après avoir obtenu son baccalauréat en 1994, Trudeau, en compagnie de son ami de longue date Mathieu Walker et de deux autres de ses amis du secondaire, a pris une année sabbatique pour voyager à travers le monde. Ils ont commencé par Londres, et avec une vingtaine de Britanniques, d’Australiens et de Finlandais, ils ont loué un camion modifié et conduit à travers la France et l’Espagne jusqu’à Gibraltar. Ils ont ensuite attrapé un traversier vers le Maroc, voyagé à travers le Sahara pour trois mois, pris un avion du Bénin à Moscou, sauté vers la Finlande et pris le Transsibérien vers l’est, pour finalement faire leur chemin vers la Chine, la Thaïlande et le Vietnam.

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Justin Trudeau avec ses amis Mathieu Walker (à gauche) et Allen Steverman (au centre) à la Grande Muraille de Chine en 1994.

« Je pense que Justin a beaucoup appris pendant ce voyage également, parce que dans le milieu du désert du Sahara, tout le monde se fout de ton nom, tout le monde se fout de qui tu es », dit Walker.

En Afrique, Trudeau avait décidé, pour rigoler, de raser sa longue chevelure. Il pensait que ce serait amusant de poser au poste de police avec l’air d’une vedette après son arrestation.

« C’était drôle pour une journée, mais après il a réalisé ce qu’il avait fait », raconte Walker. Quelques jours plus tard, Trudeau est tombé sur ses lunettes et a dû les réparer avec du ruban épais blanc. Le bel homme, descendant d’un premier ministre, était soudainement devenu un voyageur ringard au milieu de l’Afrique avec les cheveux rasés et des lunettes recollées.

« Je pense qu’il était redescendu de quelques crans », révèle Walker.

Trudeau et ses amis avaient sensiblement le même budget serré, ils campaient et cuisinaient leur propre nourriture. Il y a eu des moments de tension aux frontières alors qu’on leur demandait des pots-de-vin et que chacun craignait de perdre son passeport.

« Je pense qu’il a beaucoup grandi au travers de cette épreuve. Je crois que c’était une précieuse expérience qui lui a forgé le caractère », confie Walker.

Trudeau est revenu à Montréal pour entreprendre son baccalauréat en éducation à McGill et deux ans plus tard, est parti vers l’Ouest. Il voulait sortir du « bocal » de Montréal et mener une vie plus anonyme, souligne son ami Gerald Butts. Il s’est donc dirigé vers Whistler.

Sean Smillie se souvient bien de la première fois qu’il a posé les yeux sur Justin Trudeau, maintenant un ami proche. « Il portait un manteau de pompier ridicule, un vrai manteau de pompier », dit Smillie. « Il était grand et noir avec des bandes jaunes et des fermoirs dessus. »

Natif de la Colombie-Britannique, Smillie dirigeait un programme de planche à neige à la station de ski Whistler Blackcomb et avait été informé que Trudeau deviendrait l’un de ses instructeurs. Trudeau passait la semaine à Vancouver à l’Université de la Colombie-Britannique et les vendredis, conduisait sa vieille Mercedes à Whistler. Il a dormi sur le divan de Smillie pendant des années. Les deux passaient leurs samedis et dimanches à enseigner la planche à neige à des adolescents ou à dévaler les pentes avec leurs laissez-passer gratuits.

Cela prit quelques mois à Smillie pour réaliser qui était son nouvel ami. Il présuma que Trudeau était un nom assez commun, car tant de Canadiens français qu’il avait rencontrés sur les pentes partageaient le même nom de famille. La découverte de sa lignée n’a eu aucun effet sur leur amitié.

Ils regardaient ensemble des films d’horreur de série B, mangeaient beaucoup trop de nouilles chinoises instantanées et discutaient de scénarios de films. À ce moment-là, Smillie, maintenant directeur de sa propre compagnie de jeux vidéo, Planet Fiction Studios, s’aventurait à l’écriture de scénarios. Trudeau lui offrait ses conseils. Il était très créatif et assez strict sur la grammaire, avoue Smillie.

« À ce jour, nous débattons encore d’une ou deux phrases que j’ai écrites il y a des années dans un scénario de loups-garous, seulement à propos de la grammaire », dit-il. Trudeau faisait des suggestions et Smillie répondait brusquement : « C’est un scénario de loups-garous. C’est de cette façon que les gens parlent dans ce genre de scénario. »

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Justin Trudeau lors d'une compétition entre personnalités à Mont Tremblant, le 12 décembre 2003.

Les deux amis faisaient partie d’un groupe que Smillie décrit comme une ingénieuse bande de fanatiques de ski. Ils parlaient de livres, mais jamais de politique. Ils n’étaient pas de gros « poteux ». Même si tout le monde autour d’eux fumait la marijuana, Trudeau affirme qu’il ne prenait qu’une bouffée ou deux que rarement, avec des amis, et qu’il n’est jamais allé plus loin. Il n’a jamais fumé la cigarette, alors toute forme d’inhalation s’en suivait inévitablement d’une toux désagréable, avoue-t-il également.

Smillie et Trudeau ont plutôt utilisé leurs économies et pourboires pour acheter de la bière, des nachos et des Jack & Coke au Cinnamon Bear, un bar à la base du mont Whistler. Trudeau préfère la bière, mais il savoure toujours un « Jim Beam & Coke » sur glace – un cocktail que Smillie lui a présenté parce qu’« il goûte si bon et personne ne se rend compte à quel point tu es soûl. »

Trudeau n’a jamais eu de copine sérieuse en Colombie-Britannique. Il y avait beaucoup de filles, mais elles ne restaient jamais.

Trudeau était plutôt beau parleur avec les filles, charmant tout en étant drôlement maladroit, dit Smillie. « Nous étions tous jeunes et célibataires à Whistler ensemble. Alors oui, c’était une autre grande quête », dit-il avec un sourire.

Et même si Trudeau avait de l’argent, il ne le montrait pas. Tout comme ses amis, il travaillait sur toutes sortes de petits boulots pour aider à payer les factures. Le soir, il servait de videur dans une boîte de nuit qui s’appelait le Rogue Wolf. Grand et mince, Justin n’avait pas vraiment la carrure d’un videur. « C’était indéniablement sa personnalité extravertie et son charme qui gardaient les gens hors des disputes et des batailles », dit Smillie.

Sur les pentes, Trudeau était une menace. Il était désarticulé et faisait tomber les enfants en tentant de les aider. Skier à côté de lui était comme « skier à côté d’une girafe géante s’agitant et gémissant dans tous les sens », explique Smillie. « Par chance, il s’est beaucoup calmé depuis, mais je le vois encore ressortir quand il devient fébrile. Vous savez, son côté théâtral et verbomoteur, il l’a toujours eu. »

Trudeau enseignait aux adolescents les plus turbulents avec le programme Ride Tribe conçu pour les 13 à 18 ans. Trudeau leur enseignait la planche à neige et quand les jeunes étaient fatigués, il construisait des forts et organisait des batailles de boules de neige. Il a toujours été bon avec les jeunes adolescents et les enfants.

Un jour, Trudeau, Smillie et leur groupe d’amis en ont eu assez de Whistler.

« Whistler était comme Disneyland, mais ce n’était pas très stimulant intellectuellement », fait valoir Smillie. Ils ont donc fait leurs bagages et sont partis se trouver des emplois de vrais adultes.

À ce moment, Trudeau avait obtenu son baccalauréat en éducation. Il enseignait comme remplaçant et était ensuite devenu professeur permanent à West Point Grey Academy, une école privée élitiste où les frais de scolarité s’élèvent aujourd’hui à 18 000 $ de la huitième à la douzième année.

De 1999 à 2001, Trudeau a enseigné les mathématiques au primaire et le français, les sciences humaines et l’art dramatique au secondaire. Il remplaçait une enseignante partie en congé de maternité. Le patron de Trudeau, le directeur de l’école secondaire Stephen Anthony, le décrit comme étant un « enseignant vif, enthousiaste et très apprécié » de tout le corps professoral et des étudiants.

Bien que Trudeau ait enseigné la plupart de son temps à West Point Grey, sa campagne tente de minimiser le fait qu’il enseignait à de jeunes riches.

Lors d’une entrevue avec Global BC en janvier dernier, durant laquelle il a souligné ses connexions en Colombie-Britannique, Trudeau a menti et a dit qu’il avait passé plus de temps à Sir Winston Churchill, une école publique, qu’à West Point Grey.

« J’ai vécu ici pendant cinq ou six ans et j’ai tout à fait adoré. J’ai acquis une grande partie de mon expérience en enseignement ici. J’enseignais en grande partie à l’école secondaire Sir Winston Churchill sur la rue Oak. J’adorais cela », a dit Trudeau à son intervieweur Jas Johal.

Lors d’une campagne de financement à 500 $ par personne au Quilchena Golf and Country Club à Richmond en Colombie-Britannique plus tard ce soir-là, l’ancien député libéral Herb Dhaliwal a présenté Trudeau comme une personne ayant enseigné à Sir Winston Churchill, où est allé Dhaliwal. Il n’a jamais mentionné West Point Grey.

Le directeur de Sir Winston Churchill Secondary School, Jack Bailey, indique toutefois que parmi les employés actuels de l’école, personne ne se souvient de Trudeau. « Personne ne se souvient de lui, personne ne se souvient de rien », assure-t-il au téléphone.

Bailey se remémore cependant des affectations de Trudeau comme remplaçant à Prince of Wales Secondary, une autre école secondaire de Vancouver. « Toutes les femmes pensaient qu’il était Monsieur McBeau », dit Bailey, qui était vice-recteur de l’école à cette époque.

Plusieurs étudiants de West Point Grey se souviennent affectueusement de Trudeau. Cameron Sinclair avait Trudeau comme professeur de français pendant sa dixième et sa onzième année et comme professeur d’art dramatique pendant sa douzième année. Il faisait également partie de l’équipe d’« Ultimate » (un sport d’équipe utilisant un frisbee) pour laquelle Trudeau était l’entraîneur. Sinclair l’aimait tant qu’il avait demandé s’il pouvait suivre son professeur préféré durant son travail un week-end à Whistler. Trudeau avait accepté.

« Si tous mes professeurs avaient été comme lui, il est certain que j’aurais obtenu de meilleurs résultats à l’école », croit l’homme de 29 ans aujourd’hui. Trudeau était toujours prêt à nous aider et sa porte était toujours ouverte.

Les appuis ne sont pas unanimes. Nicole Jinn, maintenant âgée de 25 ans, a eu Trudeau comme professeur de français durant sa neuvième année. En entrevue téléphonique depuis Blacksburg en Virginie où elle termine sa maîtrise, Jinn se souvient de Trudeau comme d’un enseignant moyen, qui s’engageait avec certains groupes d’étudiants et s’affiliait aux jeunes les plus populaires.

« Je me souviens bien d’un certain groupe d’étudiants préféré des autres auquel Trudeau semblait plus adhérer, dit-elle. En ce qui a trait à ses méthodes d’enseignement, il n’y avait rien d’exceptionnel, mais rien d’horrible non plus. »

Celle qui était une étudiante très timide raconte que Trudeau, comme tous les autres enseignants à West Point Grey, n’a rien fait de plus pour lui tendre la main. « Je ne m’intégrais pas très bien dans cette école et Trudeau ne faisait pas exception aux autres professeurs qui jouaient au chouchou avec certains groupes d’étudiants. »

Mais pour Sinclair, Trudeau était une source d’inspiration. « J’ai appris à lui faire confiance en tant qu’enseignant et comme tout le monde dit, tu ne peux pas faire confiance à un politicien. Je pense qu’il en est un à qui vous pouvez faire confiance. »

Smillie, qui a souvent visité Trudeau dans ses classes, avoue qu’il a été surpris de voir qu’il n’a pas choisi l’enseignement.

« Je trouvais qu’il était un brillant professeur », explique-t-il.

À Vancouver, Trudeau partageait un appartement au coin de la 12e Avenue et de Granville Street avec Christopher Ingvaldson, un autre professeur de West Point Grey qu’il avait rencontré à l’Université de Colombie-Britannique, et sa femme Pansy. Leur logement était un point de rencontre central pour les soirées et les soupers entre amis.

« Il y avait toujours quelque chose de gros avec Justin, j’ai toujours admiré la facilité avec laquelle il rassemblait les gens… J’ai rencontré des tonnes d’amis à Vancouver grâce à lui », révèle Smillie, qui a aussi demeuré dans l’appartement du quatrième étage pendant quelque temps.

Un autre ami de Trudeau qui vit à Vancouver, Thomas Panos, constate aussi que la présence d’esprit, le sens de l’humour et le penchant sarcastique de Justin attiraient les gens vers lui. Chaque fois qu’ils allaient dans les bars, les hommes et les femmes se réunissaient autour de Trudeau. « C’était impossible d’être seul avec lui, à moins d’aller au restaurant ou de rester à la maison », dit Panos.

À Vancouver, Trudeau est resté l’homme célibataire charmeur de ces dames. « Il semblait aimer cela », confie Panos, qui dirige maintenant une agence de voyages. L’entourage de Trudeau prenait un malin plaisir à l’observer en action avec les femmes qui se jetaient régulièrement sur lui.

« Il y a beaucoup d’anecdotes amusantes à propos des partys sur la 12e avec Trudeau qui devait jongler avec tout ce qui se passait dans l’appartement. C’était hilarant à observer. Rien de mal, mais il y avait trois filles dans la même soirée qui s’intéressait à lui et il s’essayait en nous disant : Elles sont toutes ici, qu’est-ce que je vais faire? – ou quelque chose comme ça. Et c’était très drôle à voir », raconte Panos.

Trudeau était un authentique aimant à femmes, malgré le fait qu’il portait toujours son horrible kangourou aux motifs fluorescents.

« Il portait ce chandail hideux et il a obtenu plus de succès dedans que j’en ai obtenu de toute ma vie », avoue Panos.

Même sa tante Janet Sinclair se souvient de toutes les femmes qui tournaient autour du jeune Justin. « Ma sœur a deux belles jeunes filles blondes et elles étaient toujours là-bas. C’était bien drôle parce qu’il y avait toutes ces filles autour de Justin qui leur lançaient des regards furieux, ne sachant pas qu’elles étaient ses cousines », raconte Sinclair en riant.

Une traduction de Sophie Ferrandino.

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