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Mon but ultime n'est pas de faire «aimer» le niqab

Ceux qui ne sont pas d'accord avec mes choix et mon mode de vie, vous avez parfaitement le droit d'être en désaccord et de l'exprimer.
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Je ne suis que moi-même, je ne représente ni l'islam ni les musulmans.
NDiakov via Getty Images
Je ne suis que moi-même, je ne représente ni l'islam ni les musulmans.

À la suite de mon précédent texte, j'ai pris le temps de lire les commentaires et réactions qu'il a suscités. Au début, j'ai cru que je pourrais répondre à chacun individuellement, mais j'ai rapidement compris que c'était une tâche de grande ampleur et j'ai décidé de les compiler par thèmes pour tenter d'y répondre de mon mieux par la suite, si bien entendu vous acceptez de vous lancer dans cette aventure avec moi.

Des commentaires, il y en a de toutes sortes, autant sur le site même du HuffPost Québec que sur Facebook. Il faut le souligner, je tiens à remercier les personnes qui se sont manifestées pour exprimer leur soutien et qui sans nécessairement être d'accord avec mes choix, sont capables de faire la différence entre leur opinion et les droits individuels. Vous lire a été un vrai baume sur mon cœur. Je suis toujours heureuse de voir que tout le monde ne pense pas de la même façon et vous êtes la preuve qu'il ne faut jamais mettre tout le monde dans le même panier. D'ailleurs, les généralisations n'ont jamais servi personne.

De ces commentaires, il y a ces questions qui sont revenues à quelques reprises; quelles sont les raisons pour lesquelles je me suis convertie à l'islam, pourquoi ai-je choisi de me voiler intégralement, n'ai-je pas pensé au combat mené par nos mères et grands-mères? Ce sont des questions auxquelles j'ai envie de répondre.

J'ai lu dans un commentaire que j'aurais dû m'adresser au gouvernement, au lieu de la population. Je voudrais répondre. Voyez-vous, le projet de loi 62 m'est apparu comme une surprise de la part de notre gouvernement. Le projet a été annoncé l'an dernier et il y a eu une consultation publique, mais je ne l'ai jamais su, car à la même période j'avais de lourds problèmes de santé. Dès que j'ai su, il y a quelques semaines, de ce projet de loi, je me suis mise à écrire. J'ai écrit à l'Assemblée nationale, à la ministre de la Justice, au premier ministre, à mon député, à la commission des institutions ainsi qu'à son président. J'ai demandé s'il n'y avait pas moyen de me faire entendre. Et si je l'ai fait, c'est parce que je trouve essentiel qu'au moins une femme concernée par ce projet de loi s'exprime sur la question.

Mon but ultime n'est pas de faire «aimer» le niqab, le voile ou l'islam.

J'ai reçu quelques réponses que je pourrais résumer à dire que bien que mon témoignage ait été pris en compte, le processus de consultation est clos et les institutions sont ainsi faites, ce que je respecte. Or le débat de société, lui, est loin d'être terminé. Et encore une fois, il n'est pas toujours facile de trouver tribune non pas pour être à l'avant, mais pour exprimer mes vues, en tant que citoyenne. Alors j'ai choisi d'écrire. Mes textes sont ma manière de venir à vous et d'ouvrir le dialogue. Ils sont une main tendue, en toute amitié. Mon but ultime n'est pas de faire «aimer» le niqab, le voile ou l'islam. Il est plutôt de réussir à trouver un équilibre où chacun pourrait trouver sa place en harmonie au sein de notre belle société.

Vous savez, s'exprimer publiquement, c'est choisir de s'exposer à la critique. Il faut accepter de jouer le jeu, ne pas trop se sentir visé, après tout on ne se connait pas intimement. J'ai pu le voir, peu importe qui s'exprime et peu importe le sujet, il y a toujours quelqu'un qui a une opinion bien arrêtée, il y a toujours cette personne qui est moins nuancée que les autres, cette personne plus négative, plus fermée. Cette personne qui vient chercher vos dernières réserves de patience et de tolérance. Malheureusement, c'est le plus souvent ce que l'on retient, le négatif. Je ne sais pas pourquoi exactement, peut-être parce que ça nous affecte plus, ça vient nous chercher, ça siphonne nos énergies. Vous avez probablement déjà croisé la route d'une telle personne. Vous savez, ceux qui ne peuvent supporter l'idée qu'une personne puisse vivre ou penser différemment. On appelle cela de l'intolérance. Et peut-être un manque de maturité, car s'il y a bien une chose qu'un adulte se doit de comprendre s'il veut avancer dans la vie, c'est bien qu'à la base nous sommes tous uniques, avec chacun nos nuances, nos spécificités, nos vues et nos idées, que nous ne sommes pas et ne serons jamais parfaitement identiques et entre nous, quel ennui ce serait!

La seule intolérance qu'il y a à avoir, c'est face à la haine. La haine pure et gratuite.

Je peux, personnellement, ne pas être d'accord avec certains modes de vie ou manières de penser. Je peux aussi tout à fait exprimer mon opinion, comme n'importe qui. Mais je me dois, en tant qu'être humain, de respecter mon prochain, même si je ne suis pas d'accord avec lui. La seule intolérance qu'il y a à avoir, c'est face à la haine. La haine pure et gratuite. Celle-là, il faut la combattre et la dénoncer avec toutes nos énergies. Et c'est ainsi dans tous les sens. Ceux qui ne sont pas d'accord avec mes choix et mon mode de vie, vous avez parfaitement le droit d'être en désaccord et de l'exprimer. Et vous faites bien de le faire, car je crois en la communication, l'accumulation de non-dits n'apporte que frustration et la frustration mène à de bien tristes choses.

Donc je vous demande, acceptez-vous de vous lancer dans cette aventure avec moi? D'apprendre à nous connaître avant de nous juger? Je ne suis que moi-même, je ne représente ni l'islam ni les musulmans, mais si mon expérience peut vous aider ne serait-ce qu'à comprendre un peu, à nuancer votre opinion ou tout simplement à répondre à certains de vos questionnements, nous pourrions peut-être tous en retirer quelque chose de positif, vous ne croyez pas?

Paix.

Avril 2018

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