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Depuis plusieurs semaines, plusieurs associations étudiantes du Québec tentent de convaincre les Québécois de s'opposer à la hausse des frais de scolarité universitaire, appuyant leur position principalement sur l'argument que l'augmentation des frais de scolarité se ferait au détriment de l'accessibilité aux études supérieures, ce qui engendrerait des conséquences néfastes à long terme sur la croissance économique.
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Les auteurs sont économistes et respectivement candidat à la maitrise en économie du développement à l'Université d'Oxford et candidat au doctorat en histoire économique à la London School of Economics.

Depuis plusieurs semaines, plusieurs associations étudiantes du Québec tentent de convaincre les Québécois de s'opposer à la hausse des frais de scolarité universitaire, appuyant leur position principalement sur l'argument que l'augmentation des frais de scolarité se ferait au détriment de l'accessibilité aux études supérieures, ce qui engendrerait des conséquences néfastes à long terme sur la croissance économique.

Or, d'une part, selon Statistiques Canada* , l'argent ne « serait pas un obstacle à [l'accès à] l'université ». En d'autres termes, pour la vaste majorité des étudiants, l'éducation universitaire semble être une question de valeurs personnelles, une « fin en soi » bien plus qu'un résultat de calculs de coûts et de bénéfices monétaires.

À notre avis, l'éducation universitaire constitue effectivement à la fois une fin en soi (via les connaissances et le savoir qu'elle apporte) et un moyen (via le rendement financier du diplôme) pour les individus qui y accèdent. Ainsi, s'il est vrai, comme le soulignent souvent les leaders étudiants, que l'ensemble de la société profite de l'éducation obtenue par ses membres, il n'en demeure pas moins qu'une part appréciable des bénéfices de l'éducation demeure privée. En ce sens, s'il est juste que l'ensemble de la société contribue au financement des universités et, ce faisant, à l'excellence de notre réseau d'éducation supérieure, il n'est pas juste que ceux qui en profitent en tout premier lieu n'y contribuent pas au moins davantage.

D'autre part, de faibles frais de scolarité n'ont qu'un impact négligeable, voire nul sur la performance économique d'une société et sur les revenus de l'État (via les impôts). En ce sens, conserver de bas frais de scolarité universitaire est une mauvaise politique aussi bien pour garantir l'accès aux études supérieures que pour favoriser la croissance. En revanche, augmenter le rendement de l'éducation, via une qualité accrue découlant d'un financement accru de nos universités, est crucial pour la performance économique. À ce chapitre, il est utile de rappeler que parmi les universités les plus performantes et prestigieuses du monde, aucune ne fait pas appel à une contribution importante de ses étudiants. Nous pensons que le Québec ne mérite pas moins.

Au-delà du dégel : des idées novatrices

À notre avis, les leaders étudiants ont néanmoins raison de sensibiliser la population quant aux conditions de vie souvent difficiles des étudiants pendant leurs études. À ce niveau, la littérature économique est claire : l'incertitude entourant (i) le rendement privé futur de l'éducation et (ii) l'accès aux ressources financières pour subsister pendant les études forme un poids psychologique considérable. L'idée du remboursement proportionnel au revenu post-étude (RPR) permettrait justement de régler ce problème. Cette mesure consiste à permettre aux étudiants de rembourser leur frais de scolarité et leurs dettes d'études, en tout ou en partie,une fois les études complétées et proportionnellement à leurs revenus. Cette idée permettrait d'éliminer les principaux obstacles psychologiques à l'accessibilité aux études universitaires, tout en permettant une participation plus élevée des étudiants au financement des universités, dans la mesure de leurs moyens.

Aussi, à l'heure actuelle, le gouvernement empêche aux universités de différencier les frais selon les programmes. Par conséquent, un étudiant en pharmacologie ou en médecine paie actuellement autant qu'un étudiant en sciences humaines, et ce, même si les coûts de formation sont bien plus faibles pour ce dernier. Permettre aux universités de différencier les frais administrerait une dose importante de concurrence au réseau universitaire. Pour attirer et retenir les étudiants, les universités seraient ainsi incitées à innover en développant de nouveaux créneaux, en chargeant des prix différents pour différents programmes et en augmentant la qualité de l'enseignement.

En somme, la combinaison de ces mesures ambitieuses réglerait certainement une bonne partie du défi de financement des universités québécoises et permettra une réelle augmentation de la qualité de notre système d'éducation supérieure, si essentielle pour le futur du Québec.

* Voir à ce sujet BEAUCHEMIN, Malorie, « Étude de Statistiques Canada : l'argent n'est pas un obstacle à l'université », La Presse, 9 février 2007,

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