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L'ingérence du ministre Barrette

Les honoraires des pharmaciens-propriétaires n'ont même pas suivi l'évolution de l'indice des prix à la consommation depuis l'instauration du régime général de l'assurance des médicaments alors que nos charges fixes continuent de progresser avec l'inflation.
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Monsieur le ministre Barrette,

Les pharmaciens souhaitent que les contribuables québécois paient le juste prix pour les médicaments. Toutefois, la cible visée par le gouvernement dans le projet de loi 81 n'est pas la bonne. Le coût total des médicaments a diminué au cours des 5 dernières années en raison de l'augmentation du recours et des multiples baisses des médicaments génériques.

Les honoraires des pharmaciens-propriétaires n'ont même pas suivi l'évolution de l'indice des prix à la consommation depuis l'instauration du régime général de l'assurance des médicaments alors que nos charges fixes continuent de progresser avec l'inflation.

On peut diminuer le prix des médicaments, notamment, en agissant sur certaines habitudes de prescription et de consommation de médicaments et non sur le prix des génériques qui est déjà diminué. Le problème principal, c'est l'arrivée de nouvelles molécules innovatrices dont les prix sont déconnectés des coûts de fabrication. Ce sont les traitements onéreux qui représentent une part croissante des coûts en médicaments et qui pourraient coûter plus d'un milliard de dollars aux contribuables du Québec.

La politique du médicament de 2007 devrait être revue. Il est impératif que les intervenants du milieu dont les pharmaciens participent à cette révision pour qu'elle ne soit pas déconnectée de la réalité. Il faut faire ceci bien avant de mettre en place une politique d'appel d'offres, car ce genre de politique n'a pas obtenu les résultats escomptés ailleurs au Canada.

Le déplafonnement des allocations professionnelles devait être une mesure temporaire pour compenser une partie des ponctions de 400 millions de dollars que vous nous avez imposées et qui, sans mesure d'atténuation, mettaient en péril la viabilité des pharmacies. Voilà maintenant que vous revenez à la charge, avant même la publication du règlement permettant ce déplafonnement, avec un projet de loi pour instaurer un système d'appel d'offres pour les fabricants de médicaments génériques et les grossistes. Vous êtes clairement de mauvaise foi!

Grâce à vos coupes d'honoraires qui ont débuté il y a plus de 2 mois, sans les mesures compensatoires mises en place, même si l'entente a été signée il y a plus de 5 mois, vous avez créé une situation économique qui a mené dernièrement à la fermeture de 3 pharmacies dans le Québec:Trois-Rivières, Asbestos et Montebello.

Sachez que le réseau des pharmacies communautaires du Québec appartient aux pharmaciens-propriétaires et non à l'État. Nous seuls en supportons les dépenses d'occupation, d'opération et d'administration; ainsi que la gestion d'employés, les risques financiers et les imprévus désagréables du quotidien... En nous imposant des fournisseurs de médicaments et des grossistes, vous tentez de gérer nos pharmacies comme si elles faisaient partie d'un réseau public.

Nous avons droit à une juste rémunération pour nos services qui nous permettra d'acquitter nos propres obligations financières et de générer un retour sur investissement raisonnable.

Monsieur le Ministre, vous avez l'obligation de nous traiter avec respect et de nous impliquer dans les décisions qui touchent directement notre modèle d'affaires.

Le projet de loi 81 affecte les pharmaciens mais aussi les assureurs privés car nous serons tenus d'accepter le générique qui a été choisi en appel d'offres. Cela s'appelle de l'ingérence, car vous vous mêlez des transactions entre les assureurs privés, les pharmacies et les compagnies génériques en laissant le maillon central (la pharmacie), en dehors de toutes négociations. Sans compter que les appels d'offres seront nuisibles à l'industrie générique, aux emplois en pharmacie et à la diminution des services aux patients se fera inévitablement sentir. En nous imposant un grossiste exclusif et en décidant de ce que nous allons acheter et à quel prix, il ne reste qu'un pas à franchir vers la nationalisation.

Tout ceci entre en conflit avec notre code de déontologie et nuit grandement à notre indépendance professionnelle.

Ce ne sont plus des mesures d'austérité que vous nous imposez M. le ministre, c'est un financement détourné du monde médical à même les poches des pharmaciens, pensons aux 417 Millions de dollars versés en trop pour les médecins.

Et finalement avec la collusion et la mauvaise gestion dans les divers appels d'offres de plusieurs ministères au gouvernement, il sera légitime de se demander si les coûts pour le contribuable seront réellement moindres et la qualité du médicament imposée acceptable.

Monsieur le Ministre, à cause de vos politiques interventionnistes unilatérales et de votre mépris viscéral envers la profession de la pharmacie, nous remettons sérieusement en question le fonctionnement actuel de la démocratie au Québec. Mais surtout, encore une fois, vous avez réussi à tuer l'accessibilité des soins de première ligne dont nous faisons partie et à négliger nos patients vulnérables, âgés et démunis.

Signataires:

Pharmaciens en provenance de tout le Québec et de toutes les bannières

Thina Nguyen pharmacienne propriétaire à Montréal (coupure d'un poste de pharmacien et deux postes des employés) desservant une clientèle âgée et vulnérable en santé mentale. Bannière Familiprix.

Josée Fréchette, pharmacienne propriétaire d'Asbestos (fermeture de la pharmacie d'Asbestos après 28 ans d'existence). Franchise Jean Coutu.

Alain Lafrance, pharmacien propriétaire à Longueuil (pharmacie à haut volume d'ordonnances constituée d'une clientèle à 80% âgée ou défavorisée). Bannière Pharmaprix

Marie-Eve Caron, pharmacienne propriétaire à Matane desservant une clientèle majoritairement âgée et assurée à la RAMQ. Bannière Proxim.

Nicolas Bergeron, pharmacien propriétaire à Montréal et St-Rémi (clientèle âgée et à forte majorité RAMQ). Bannière Proxim.

Brigitte Racine, pharmacienne propriétaire affiliée à Jean Coutu de Baie-St-Paul (clientèle vulnérable très haut volume de piluliers, 80% ramq).

Mathieu Leroux, nouveau pharmacien propriétaire à Pincourt (55 % Ramq, surtout clientèle âgées, beaucoup de maintien à domicile avec le CLSC). Bannière Uniprix

Danielle Gauthier, pharmacienne propriétaire à Morin-Heights (Diminution des heures d'ouverture, des salaires et des heures des employés). Bannière Familiprix.

Jean François L'allier, pharmacien propriétaire d'une petite pharmacie indépendante, St-Gédéon de Grandmont au Lac St-Jean, ouverture en juillet 2014, (2 mois avant l'annonce de la loi 28).

Gaston Champagne, pharmacien Propriétaire d'une petite pharmacie indépendante, une pratique très clinique à St-George de Beauce

Guillaume Latulippe pharmacien propriétaire au centre du Québec, pharmacie à fort taux de piluliers et 80% RAMQ.

Eric Beaulieu, pharmacien propriétaire à Varennes (45% piluliers, clientèle âgée en Résidence et ressources intermédiaires). Franchisé de Jean Coutu.

Nicolas Carbonneau, pharmacien propriétaire affilié à Jean Coutu à Laval Ouest (80% patients RAMQ et clientèle âgée).

Geneviève Giroux, pharmacienne propriétaire à Magog, associée à Francine Robert depuis juillet 2014, pionniers de beaucoup de services pharmaceutiques et délégation DVCC pour toute la chaîne en pharmacie (85% RAMQ, clientèle âgée desservie en dispills dans de nombreuses résidences). Bannière Familiprix.

Marie Noelle Minville et Isabelle Minville , propriétaires de deux pharmacies à Mont-Joli (Clientèle 75% RAMQ et 50% piluliers . Réduction des heures d'ouverture et faire des coupures a l'interne). Bannière Uniprix

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Mai 2017

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