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Ne jugez pas la mère du petit garçon qui est tombé dans un enclos de gorilles

Tous les parents qui sont passés par là vous le confirmeront: les bambins de quatre ans n'ont rien à envier à Houdini lorsqu'il s'agit d'échapper à l'attention des adultes. Même des enfants plus âgés et raisonnables s'égarent parfois.
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Peu importe l'attention que vous lui portez, il est fort probable que vous perdiez de vue votre enfant, que ce soit pour quelques secondes ou pour une heure complète. Si celui-ci est âgé d'environ quatre ans, vous êtes plus à risque de subir ce genre de mésaventure.

Lorsqu'elle avait quatre ans, ma propre fille voyait la vie comme un grand jeu de cache-cache, auquel elle s'adonnait avec un malin plaisir. Je me souviendrai toujours du moment où un gardien de sécurité des Jardins botaniques royaux me l'a ramenée après avoir entendu des ricanements. Elle n'était pas vraiment perdue, mais plutôt cachée. Ah, ces petits diables de quatre ans! Ils trouvent toujours le moyen de nous causer des ennuis.

Si vous n'avez pas entendu parler de ce qui est arrivé au zoo de Cincinnati samedi dernier, voici le topo: un gorille de plus de 400 livres a gentiment recueilli un petit garçon de quatre ans tombé dans son enclos. Le gorille a toutefois montré des signes d'agressivité après avoir été énervé par les cris de panique des visiteurs. Une dizaine de minutes plus tard, une équipe d'intervention d'urgence a dû le tuer à la carabine. C'était le seul moyen de sauver la vie de l'enfant.

Je suis pleine d'empathie pour la pauvre mère qui a assisté à ce spectacle, et je suis d'autant plus stupéfaite du traitement qu'on lui a réservé sur Facebook. Des milliers de commentateurs l'ont tenue responsable de la mort du gorille et blâmée pour avoir négligé la sécurité de son fils. Mais qui aurait pu anticiper une chose pareille? Qui aurait cru qu'un enfant allait grimper sur une balustrade et tomber dans un enclos de gorilles?

Tous les parents qui sont passés par là vous le confirmeront: les bambins de quatre ans n'ont rien à envier à Houdini lorsqu'il s'agit d'échapper à l'attention des adultes. Même des enfants plus âgés et raisonnables s'égarent parfois. L'an dernier, j'ai moi-même perdu ma fille de sept ans dans le hall des ascenseurs du Musée royal de l'Ontario. Lorsque les portes d'une cabine se sont ouvertes, une foule de gens se sont rués dans toutes les directions. Pendant que je tentais sans succès de me frayer un chemin avec la poussette, mon aînée s'est faufilée dans la cabine avec une grande agilité, si bien qu'elle était seule lorsque les portes se sont refermées. Elle m'a jeté un regard apeuré, puis elle est disparue.

Il n'y avait aucun voyant lumineux permettant de savoir à quel étage se rendait cet ascenseur. J'ai regardé à gauche et à droite, espérant localiser un escalier qui me permettrait de rattraper ma fille. Mais il était hors de question de courir en portant deux autres enfants dans mes bras. Ne sachant plus quoi faire, j'ai fondu en larmes. Ma cadette de quatre ans, espiègle comme pas une, a senti que mon attention se relâchait et en a profité pour jouer à cache-cache. Ses rires n'ont pas duré longtemps, car je l'ai empoignée et assise de force sur le plancher, à côté du bébé.

«Ne bouge pas!», lui ai-je aboyé.

J'avais le tournis, mais il fallait trouver une solution. Devais-je descendre à l'étage inférieur avec les deux plus jeunes pour voir si mon aînée y était? Que faire si elle décidait de revenir au point de départ?

C'est alors que ma cadette a décidé de reprendre le large. Je l'ai empoignée de nouveau en hurlant: «NE BOUGE PAS!»

J'ai entendu quelques personnes irritées par mes piètres compétences parentales murmurer leur désapprobation. Un témoin m'a confirmé ce que je savais déjà: j'avais bel et bien perdu ma fille dans l'ascenseur. Je me suis alors retournée en direction d'un groupe d'observateurs passifs. Personne ne m'offrait de l'aide. J'ai donc pointé un type au hasard et lui ai ordonné d'aller vérifier si ma fille était au rez-de-chaussée. Les portes d'un autre ascenseur se sont ouvertes. Nous avons collectivement jeté un regard vers la cabine dans un étrange silence.

Aucune des personnes présentes n'en est sortie. Nous nous sommes dévisagés un moment, puis j'ai demandé si quelqu'un avait aperçu une petite fille seule. Une femme m'a répondu: «Oh oui, elle est bouleversée. Elle attend avec un gardien de sécurité en bas.»

Je ne comprendrai jamais pourquoi personne n'a pris l'initiative de partager cette information dès l'ouverture des portes, en voyant mon air paniqué. Quoi qu'il en soit, nous sommes descendues au rez-de-chaussée dans l'ascenseur suivant. J'ai tôt fait de repérer ma fille aînée, qui s'est précipitée dans mes bras. Nous avons encore pleuré. Le gardien de sécurité qui l'a recueillie m'a conseillé de mieux surveiller ma progéniture, comme si j'étais une débutante en matière de parentalité. Je l'ai remercié avec une politesse toute canadienne.

Depuis ce temps, je dis à mes enfants ce qu'il faut faire en cas de séparation accidentelle à chaque fois que nous devons prendre l'ascenseur. En tant que mère, je fais tout mon possible pour les protéger et parer aux imprévus. Or, il est impossible de tout prévoir. Je n'ai pas pensé à faire d'exercice préventif le jour où nous sommes allés au Musée royal de l'Ontario, car les ascenseurs ne font pas partie de notre vie quotidienne.

Je n'ai pas non plus établi de procédure en cas de face-à-face avec un gorille. Ce genre d'événement tombe dans la catégorie des «imprévus imprévisibles». Tous les enfants nous font faux bond jusqu'à un certain point, mais certaines escapades prennent une tournure beaucoup plus dramatique que d'autres. C'est la raison pour laquelle nous devons faire preuve de solidarité et nous abstenir de juger autrui, que ce soit en tant que parents ou témoins d'un événement.

Pour conclure, je tiens à dire ceci à la mère de Cincinnati: je t'ai entendue appeler ton fils calmement et lui dire «Maman t'aime», alors que j'étais moi-même prise de panique en voyant la vidéo. Tu es le genre de personne que je souhaiterais avoir auprès de moi en situation de crise. À titre de mère de deux enfants qui ont déjà eu quatre ans et d'un troisième qui aura bientôt cet âge, je suis très heureuse que ton petit garçon soit maintenant sain et sauf.

Tamara Watson tient un blogue sur la parentalité, l'enseignement à domicile et la simplicité volontaire à l'adresse www.unhurriedhome.com.

Ce billet a initialement été publié en anglais sur le Huffington Post Canada et traduit.

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