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La maternité: que du bonheur

Alors que je trimballais ma bedaine de neuf mois au Carrefour Laval, l'an dernier, une femme attire mon regard. Elle porte son bambin dans une écharpe colorée. Je l'aborde, on discute. Avant de partir, elle pointe mon ventre lourd et sourit: « Tu vas voir, c'est que du bonheur! »
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Non, il n y'a pas de point d'interrogation manquant au titre. C'est une affirmation.

Alors que je trimballais ma bedaine de neuf mois au Carrefour Laval, l'an dernier, une femme attire mon regard. Elle porte son bambin dans une écharpe colorée. Je l'aborde, on discute. Avant de partir, elle pointe mon ventre lourd et sourit:

« Tu vas voir, c'est que du bonheur! »

Il est de ces moments qui nous marquent sans même que l'on s'en aperçoive. Ces quatre mots se sont frayés un chemin vers mon cœur, pour ne plus jamais le quitter.

Jusqu'alors, on m'avait parlé de vergetures, de nuits sans sommeil, de chicanes de couple, de carrière délaissée, de corps meurtri, de liberté perdue. À de rares occasions, en ajoutant tendrement "mais sont trop cuteee".

Mais de bonheur, de grand bonheur? Jamais.

Peut-être que le discours sur la maternité n'est pas fait pour être trop heureux. Peut-être que ça met trop de pression sur les femmes-et Dieu sait qu'elles en ont assez! Mais je ne peux m'empêcher de constater qu'il existe comme un consensus: il est facile de parler des tourments de la maternité, mais il y'a comme un malaise face au bonheur...

Les chroniques d'une mère indigne, Les Z'imparfaites: toutes les femmes y reconnaissent leurs failles, leurs fatigue, le poids de leurs responsabilités. Elles en rient, se serrent les coudes. Mais quand l'une d'elles ose voir la vie en rose, tout à coup l'atmosphère change. Tout à coup, elle est idéaliste, elle va faire un burnout, elle se croit meilleure que les autres.

Dans la semaine suivant la naissance de mon bébé, alors que je la berçais aux aurores, une colère emplie de tristesse m'a envahie.

« Pourquoi tu me l'as pas dit? » Ais-je plus tard demandé à mon amie, elle aussi maman.

« Dit quoi? »

« Que tu l'aimais autant, ta fille? Que c'était si fort? Que c'était trop beau? Que l'air sent meilleur, quand elle le respire, que le silence est plus serein quand elle dort? »

Elle a ri, n'a pas trop compris. « Ça va de soi voyons..! »

Eh ben non, ça va pas de soi. Ça va pas de soi pantoute.

J'étais tellement heureuse; pourtant j'attendais que le ciel me tombe sur la tête. On m'avait prédit l'apocalypse; je vivais au pire des montagnes russes, au mieux un tourbillon exaltant. J'avais mal en allaitant, je manquais de sommeil -de quoi? C'est quoi le sommeil déjà?- j'avais mal partout, j'étais exténuée. Mais, somme toute, c'était beaucoup moins pire que ce que je m'étais imaginée. Ce n'est pas de l'arrogance, c'est la vérité : je n'avais tout simplement pas calculé le facteur « bonheur ». Confession : parfois même, pour rassurer mes proches, j'exagérais mon dépassement, pour rentrer dans le moule. Ça ne pouvait quand même pas aller SI bien...

C'est sûr, j'avais -et j'ai encore- de l'aide. D'abord de la part de mon conjoint, un de ces nouveaux genres de papas, hyper présents et impliqués. Puis de ma maman, qui me traite aux petits oignons. De la famille, des amis, des professionnels de la santé, des forums de discussion sur internet (coucou les girls!) Mais plus que tout, j'ai un petit rayon de soleil qui gambade dans le salon.

On ne devrait pas avoir peur de le dire. Oui c'est dur, devenir mère. C'est terriblement exigeant.

Mais c'est que du bonheur.

Le corps d'une mère

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