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Je pensais souffrir d'anxiété, je me trompais

Cela fait des mois que j'essaie de trouver le moyen de coucher mon histoire sur le papier. Je savais que je devais la partager, pas seulement pour moi, mais pour celles qui sont, ou ont été, confrontées à la même situation.
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Cela fait des mois que j'essaie de trouver le moyen de coucher mon histoire sur le papier. Je savais que je devais la partager, pas seulement pour moi, mais pour celles qui sont, ou ont été, confrontées à la même situation.

C'est une amie qui m'a poussée à me lancer. «Quoi que tu écrives, dis-toi que ça fera forcément du bien à quelqu'un.» Alors c'est décidé, je me lance. Pour moi d'abord, et pour vous.

Je n'ai jamais souffert d'anxiété ni de dépression en grandissant. À vrai dire, je me voyais plutôt comme quelqu'un de joyeux et de facile à vivre. Pourtant, lorsque je me suis mariée, j'ai commencé à remettre en question tout ce que je croyais savoir sur moi-même. J'ai lutté pour trouver un équilibre entre ma famille et celle de mon mari, totalement opposée à la mienne. Je passais mes journées à ressasser mes difficultés, et je peinais à trouver le sommeil. Je m'inquiétais de choses que j'avais faites (ou non) durant la journée en tant qu'épouse.

Au travail, je m'efforçais chaque jour de faire de mon mieux. C'était pour moi le seul endroit où je n'avais aucun rôle à jouer. Il me suffisait d'être «moi-même». Peu importait l'état d'esprit de mes clients lorsqu'ils arrivaient, je savais qu'en repartant ils se sentiraient beaux grâce à moi. C'était ma raison de vivre : voir les gens ressortir du salon plus heureux qu'à leur arrivée.

Je n'ai jamais souffert d'anxiété ou de dépression en grandissant. À vrai dire, je me voyais plutôt comme quelqu'un de joyeux et de facile à vivre.

Un sentiment de plénitude m'a envahie quand ma fille est née. Elle a comblé un vide. Mais, peu de temps après son arrivée, j'ai commencé à me désintéresser de ce qui m'entourait. En regardant ce petit ange, je ne ressentais pas la moindre émotion. Je l'aimais de tout mon cœur, mais mes pensées oscillaient entre inquiétude («Est-ce qu'elle respire bien la nuit?») et tristesse de passer la journée seule à la maison (même si ma fille était juste à côté).

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J'ai appelé ma mère, qui m'a poussée à aller consulter le jour-même. Ma gynécologue m'a prise entre deux rendez-vous, après 15 minutes d'attente. J'ai répondu à toute une série de questions, avec la nette impression de passer pour une folle. J'ai dû «avoir tout bon» parce qu'elle m'a expliqué qu'il était fréquent que les jeunes mères aient les hormones sens dessus dessous, mais que tout finissait par rentrer dans l'ordre. Son diagnostic était simple : je souffrais d'anxiété, voilà tout. J'ai donc quitté le cabinet, toujours un peu déboussolée, mais rassurée de savoir qu'il s'agissait d'un trouble tout à fait gérable, avec des médicaments.

Les mois ont passé et j'ai continué à me sentir au plus mal quand j'étais seule. J'allais au lit et attendais que mon mari s'endorme avant de me mettre à pleurer, la tête enfouie dans mon oreiller pour étouffer mes sanglots. C'est juste de l'anxiété. Le traitement fonctionne. Je suis épuisée à cause des insomnies. Cette période reste assez floue car je suivais une routine : «Me lever, nourrir bébé, tirer quelques biberons pour que papa puisse lui donner le lait, aller travailler au salon de beauté, rentrer à la maison, nourrir bébé à nouveau, préparer à dîner et m'occuper de la maison.»

J'étais engluée dans une routine, engluée dans mes pensées, incapable de ressentir la moindre émotion. Je n'ai jamais songé à me faire du mal ou à m'en prendre au bébé. Je n'étais ni triste ni en colère, juste insensible. Et mon mari l'a remarqué.

Il m'a souvent encouragée à «sortir me détendre seule pour la journée», histoire d'alléger les tensions qui auraient pu s'accumuler.

Je n'ai jamais songé à me faire du mal ou à m'en prendre au bébé. Je n'étais ni triste ni en colère, juste insensible. Et mon mari l'a remarqué.

Mais, dès la porte franchie, je ressentais un manque. J'étais inquiète de savoir s'il parviendrait à s'occuper du bébé (tâche qu'il maîtrisait parfaitement).

Six mois après la naissance de ma fille, j'avais appris à vivre avec cette anxiété. Je m'accordais de temps à autre du «temps pour moi» et je sortais avec mes copines mamans mais, là encore, je souffrais énormément. J'étais revenue au même point. Engluée. Je n'avais d'intérêt pour rien ni personne, pas même pour mes passions habituelles.

Ce qui s'apparentait à de l'anxiété ne l'était pas, j'en étais consciente. Ce n'était pas uniquement de l'angoisse. J'avais l'impression d'être au fond d'un puits. D'apercevoir le ciel sans avoir la force de me hisser jusqu'en haut.

Mais là encore, je souffrais énormément. J'étais revenue au même point.

Je suis allée voir un autre médecin. J'ai pleuré un bon coup, totalement décontenancée par le fait de ne rien ressentir et de ne quasiment plus prêter attention aux choses qui m'entouraient. Je suis ressortie du rendez-vous en apprenant que j'étais en dépression depuis six mois. Ce diagnostic m'a donné l'impression d'être beaucoup plus légère.

Le soir même, j'ai eu une autre surprise. Nous allions avoir un deuxième enfant. Je suis intarissable sur ce que l'annonce de ma dépression a généré : les difficultés à trouver le bon traitement, celles d'apprendre que je souffrais d'une dépression depuis six mois, etc. Bizarrement, découvrir ma grossesse a été une bénédiction. Nous étions fous de joie, effrayés et nous pleurions souvent (surtout moi) en nous demandant comment nous allions faire face à cette nouvelle aventure qui passerait avant moi.

Nous sommes aujourd'hui mariés depuis cinq ans et je sais désormais qu'il faut savoir être à l'écoute. À l'écoute de son corps, en sachant identifier ses émotions. Personne n'a besoin de nous dire que quelque chose ne va pas, ou que l'on a un comportement inhabituel. Une fois que l'on connaît la cause de son instabilité, il faut du temps pour redevenir soi-même. De nombreuses nuits blanches et des réveils à l'aube pour se planifier un «temps rien qu'à soi» et pouvoir se recentrer. Le chemin à parcourir pour se retrouver est semé d'embûches, mais il est praticable. Il y a des médecins formidables, qui veulent vous venir en aide, et qui prennent le temps de trouver les réponses aux questions que vous vous posez. Si vous ne les obtenez pas, allez consulter ailleurs.

Le fait est que, tôt ou tard, vous, ou l'un de vos proches, serez confronté à cette situation. Prenez soin de lui, mais aussi de vous.

Il faut savoir être à l'écoute de son corps, en sachant identifier ses émotions. Personne n'a besoin de nous dire que quelque chose ne va pas, ou que l'on a un comportement inhabituel.

Voilà. Peut-être ce texte vous apportera-t-il quelque chose. Dans tous les cas, j'ai écrit ce que j'avais à dire. J'espère sincèrement que mes paroles ont aidé quelqu'un à trouver du réconfort. Sachez que vous n'êtes pas seul.

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Ce blogue initialement publié sur le Huffington Post États-Unis a été traduit de l'anglais.

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