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Les agressions sexuelles et le vécu invisible des femmes

Les réalités de certaines survivantes – celles qui appartiennent à des groupes mis en marge de la société – ne sont pas représentées dans l’échange public amorcé avec le mot-clic #AgressionNonDénoncée.
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Vous est-il déjà venu à l’esprit que certaines femmes puissent être réticentes à porter plainte contre leur agresseur ou à aller chercher des services auxquels elles ont droit parce qu’elles ont peur d’être jugées ou discriminées?
baona via Getty Images
Vous est-il déjà venu à l’esprit que certaines femmes puissent être réticentes à porter plainte contre leur agresseur ou à aller chercher des services auxquels elles ont droit parce qu’elles ont peur d’être jugées ou discriminées?

Elles ont subi des attouchements sexuels lors d'activités d'intégration à l'université. Elles ont été victimes d'inceste dans leur enfance. Elles ont été harcelées sexuellement par leur patron ou des représentants politiques. Certaines ont dénoncé les gestes subis aux autorités, d'autres non.

Depuis la sortie du mot-clic #AgressionNonDénoncée à l'automne 2014, des milliers de femmes ont brisé le silence autour de la violence sexuelle qu'elles ont subie en témoignant publiquement de leur expérience. Elles ont ainsi contribué à placer au cœur des débats populaires ce fléau de société. Malgré la grande générosité et la détermination de ces survivantes, la violence sexuelle demeure, encore en 2017, un problème excessivement tabou.

Pour remédier à la situation, les Centres d'aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) utilisent, notamment, la Journée d'action contre la violence sexuelle faite aux femmes pour sensibiliser le public aux enjeux spécifiques qui touchent les survivantes.

Ce vendredi 15 septembre, c'est sous le thème « Agressions sexuelles... le vécu invisible des femmes » que se déroulera la 36 Journée d'action, partout au Québec. C'est que nous constatons, en effet, que les réalités de certaines survivantes – celles qui appartiennent à des groupes mis en marge de la société – ne sont pas représentées dans l'échange public amorcé à l'automne 2014.

Par exemple, l'expérience des femmes qui ont un statut d'immigration précaire, qui ont des limitations fonctionnelles et/ou qui sont visées par l'homophobie et/ou le racisme sont rarement rapportés dans l'espace public. Pourtant, ces réalités placent les femmes dans des contextes de vulnérabilité qui peuvent les rendre plus susceptibles de subir des agressions à caractère sexuel. Ces situations spécifiques engendrent aussi des obstacles spécifiques dans le cheminement des survivantes, notamment face à l'accès aux services et/ou à la justice ou encore lors de leur dévoilement, compte tenu des préjugés dont elles font l'objet. De plus, les conséquences engendrées par la violence subie sont multiples et diffèrent en raison des différentes sources de discrimination qui marquent la vie des femmes marginalisées.

Avez-vous une idée de l'isolement dans lequel sont plongées les femmes qui vivent dans les communautés autochtones ou dans les régions éloignées lorsqu'elles sont agressées par une personne de leur communauté?

Saviez-vous que, par exemple, certaines femmes qui affichent une identité de genre qui ne correspond pas à la norme sont susceptibles de vivre ce qu'on appelle un « viol de correction » tant les préjugés envers les personnes de la diversité sexuelle sont encore présents dans notre société? Avez-vous déjà pensé que certaines femmes vivant avec des limitations fonctionnelles, agressées par des personnes qui leur confèrent des soins, décident de ne pas dénoncer leur agresseur de peur de perdre les services qui leur sont offerts? Avez-vous une idée de l'isolement dans lequel sont plongées les femmes qui vivent dans les communautés autochtones ou dans les régions éloignées lorsqu'elles sont agressées par une personne de leur communauté? Vous êtes-vous déjà imaginé à quel point il peut être difficile, pour une femme qui ne maîtrise ni le français ni l'anglais, d'obtenir de l'information juste et complète sur les recours et les services auxquels elle a droit si elle est victime d'agression sexuelle? Vous êtes-vous déjà informés à propos des femmes qui ont subi des viols de guerre? Vous est-il déjà venu à l'esprit que certaines femmes puissent être réticentes à porter plainte contre leur agresseur ou à aller chercher des services auxquels elles ont droit parce qu'elles ont peur d'être jugées ou discriminées?

Toutes ces situations sont pourtant bien réelles et affectent plus d'une femme au Québec.

En cette période de solidarité envers les survivantes, les CALACS invitent donc les survivantes dont le vécu de violence sexuelle est invisibilisé à partager leur expérience. Ces témoignages, qui révéleront la grande diversité des réalités des survivantes, seront mis en ligne sur le site internet du RQCALACS. Les CALACS organisent également divers évènements, partout au Québec, pour rappeler l'importance de se soucier des réalités de toutes les femmes survivantes d'agression sexuelle.

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