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Ces couples qui dérangent (suite)

Mélanie a rencontré son amoureux alors qu'il accompagnait sa femme en fin de vie. Elle s'est fait, ô combien de fois, reprocher de « voler » un mari aimant. Alors que ce n'était pas le cas. Voici son histoire, telle qu'elle me l'a racontée. Voici ses mots, sa vie.
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« J'ai rencontré mon amoureux alors qu'il accompagnait sa femme en fin de vie »

Mélanie a rencontré son amoureux alors qu'il accompagnait sa femme en fin de vie. Elle s'est fait, ô combien de fois, reprocher de « voler » un mari aimant. Alors que ce n'était pas le cas. Voici son histoire, telle qu'elle me l'a racontée. Voici ses mots, sa vie.

Après 10 années passées dans une vie de couple qui a traversé mon adolescence, la période universitaire et la joie d'un premier bébé parfait, le handicap de mon fils m'amena à réviser mes priorités et à me séparer de quelqu'un qui n'accepta pas la différence de cet enfant. Partie du jour au lendemain dans mon vieux Honda 1990, 3$ dans les poches, je laissai derrière moi ma maison, ma vie et tous ces biens matériels qui n'avaient pas réussi à me rendre heureuse. Toute une année à rebâtir une vie avec mon fils, ma seule motivation à aller de l'avant.

Un soir en discutant avec ma grand-mère de mes rêves, de mes échecs, de mes déceptions et de mes aspirations, j'ai dit tout bonnement : «le seul homme qui entrera dans ma vie sera un veuf ou rien!».

J'avais, sans le savoir, sollicité les anges ce soir-là.

Un jour où j'avais passé une semaine de misère avec mon garçon malade, sans personne pour m'aider. Je devais tout de même aller faire l'épicerie. Panier, commande, plat pour le vomit qui s'en viendrait sûrement, casquette enfoncée sur la tête, jour de pluie intense, j'étais à bout de cette vie de merde que j'avais pourtant choisie.

Puis à la caisse de l 'épicerie, un regard, un sourire puis un "à la prochaine" de cet homme qui me semblait, tout comme moi, complètement dépassé par la vie. Un ou deux mois sont passés, durant lesquels je retournais à cette même épicerie dans l'espoir de le revoir, lui.

Et un jour, je l'ai revu. Il était assis à l'extérieur, profitant de sa pause de travail dans l'espoir de me revoir. Il est venu vers moi, on s'est donné rendez-vous.

Le soir, devant une bière, il m'a tout raconté. Sa conjointe cancéreuse, mourante. La mère de son fils de 5 ans. Selon les médecins, une année à vivre ainsi, entre la vie et la mort. Il m'a supplié de l'accompagner durant ces 365 jours à venir.

J'ai accepté. Au fil des jours, j'ai pleuré sa peine, pleuré pour cet enfant qui allait perdre sa maman. De mon côté, je m'étais donné comme mission de le soutenir dans ce deuil.

Quand j'ai parlé de ce coup de foudre, de cet amour grandissant, les reproches. « Ben voyons donc, il se joue de toi, il invente ces histoires pour profiter de toi, pour te garder en « stand by » », et « Tu n'as pas honte d'être avec quelqu'un qui est au chevet de sa femme mourante? ».

Mais on s'aimait. Et je croyais en sa sincérité.

Et je développais une relation harmonieuse avec son fils qui, tranquillement, devenait mien également.

Puis la phase terminale arriva, le printemps, aussi, la fin de cette souffrance familiale. Je me sentais parfois tellement mal dans ma peau, mal d'espérer une mort qui m'apporterait enfin autant de délivrance et de bonheur.

Aujourd'hui, ça fait 8 ans que nous sommes ensemble. Que nous sommes une famille avec son fils, le mien et le nôtre. Les nôtres.

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