Le 1er octobre 2016, un Tsunami s'est abattu sur Internet. Et pourtant, ni vous, ni moi... ni personne n'a rien senti! Ce jour-là, l'Internet était profondément différent de celui de la veille.
Il était passé d'un état de subjugation au gouvernement américain à celui d'un contrôle pleinement mondial.
On parle ici des coulisses du Net. Ses parties cachées que sont les systèmes d'adressage permettant à une machine de trouver une autre machine dans les dédales de se réseau utilisé par presque 4 milliards d'êtres humains de par le monde.
Que vous soyez sur le navigateur standard d'un ordinateur de bureau ou sur une app d'un téléphone intellignet dernière génération, vous utilisez ces systèmes composés de trois éléments: les noms de domaine (par exemple, www.huffingtonpost.com), les adresses IP et les protocoles techniques qui les régissent.
Or depuis 1998, ce système est coordonné techniquement par un organisme appelé ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers). Créé par l'administration Clinton, il a depuis toujours été sous contrat direct avec le département du commerce américain.
Fragmentation du Net
Une situation devenue au fil des ans insupportable pour les autres nations, elles aussi dépendantes du Net pour de plus en plus de choses.
Une menace d'abord diffuse, mais ces dernières années de plus en plus précise. Les Chinois allaient-ils se déconnecter du Net et opérer leur propre réseau interne? Les Russes viseraient-ils à bloquer en masse des sites en rendant carrément des extensions entières injoignables à l'intérieur de leur territoire?
Pour endiguer une telle fragmentation de l'Internet mondiale, les Américains ont intelligemment tiré les premiers. Le 14 mars 2014, l'entité en charge de l'Internet au sein du département du commerce annonçait son intention de ne pas renouveler son contrat avec l'ICANN.
L'échéance est fixée au 30 septembre 2016. L'organisme deviendrait alors international. Il n'appartiendrait plus à un seul pays.
Malgré Donald Trump et Ted Cruz
En Amérique, les réactions sont très partagées. Dans le reste du monde, elles sont dithyrambiques.
Pendant que l'ICANN entame le processus de formation de nouvelles instances internes lui permettant d'assumer seul la régulation technique de l'Internet, le sujet devient polémique outre Atlantique.
Donald Trump prend position. Ted Cruz, son ancien adversaire dans la primaire des républicains, est déjà sur l'affaire depuis des mois. Les deux hommes n'ont pas peur des contrevérités outrancières du genre "Obama veut faire cadeau de l'Internet à la Russie et à la Chine" !
La caricature touche à son paroxysme lorsqu'une action en justice est entamée à la dernière minute pour bloquer la libéralisation de l'ICANN. L'un des auteurs affirme ainsi que faire confiance à des pays autoritaires sur la question de la liberté de l'Internet, c'est de la pure folie.
Heureusement, le sens commun l'emporte et l'action échoue. Le contrat américain expire comme prévu le 30 septembre à minuit. Un évènement historique... heureusement passé inaperçu puisque l'Internet a tout simplement continué de fonctionner comme avant.
Simplement, le 1er octobre, il se réveille libre. Le Tsunami silencieux est passé. Il laisse derrière lui un réseau plus fort et qui, pour la première fois de son histoire, appartient vraiment au monde.
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