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Un pacte entre les générations

Au Québec, comme dans plusieurs autres sociétés occidentales, les jeunes sont bien souvent négligés dans les choix des décideurs politiques. Les gouvernements, tous partis confondus, ont souvent pris des décisions qui favorisaient un certain électorat; une génération plus nombreuse et plus mobilisée à se rendre aux urnes.
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Au Québec, comme dans plusieurs autres sociétés occidentales, les jeunes sont bien souvent négligés dans les choix des décideurs politiques. Les gouvernements, tous partis confondus, ont souvent pris des décisions qui favorisaient un certain électorat; une génération plus nombreuse et plus mobilisée à se rendre aux urnes. La situation ne s'améliorera guère dans un contexte où le Québec vieillit et la pression sur les finances publiques s'accroît. Les récents débats sur les politiques de compressions budgétaires et d'austérité ne sont qu'un aperçu des tiraillements qui secoueront le Québec des prochaines années. Tous se posent la question : à qui refiler la facture ?

Seule lueur dans ce contexte pour le moins austère: les jeunes prennent conscience de l'importance des enjeux intergénérationnels. Le débat sur les droits de scolarité était une illustration d'un déchirement où on a tenté de faire payer les jeunes pour un État en panne d'argent. Plutôt que de nous diviser entre les générations, nous devons nous mobiliser et nous entendre sur un pacte qui permettra à nos aînés de bénéficier d'une bonne qualité de vie tout en permettant aux jeunes de s'éduquer, d'accéder au marché du travail, de fonder une famille et de participer pleinement à la vie civique et politique du Québec.

D'abord, il nous faut assurer aux baby-boomers et à nos aînés une retraite décente. Les générations qui nous précédent ont trimé dur pour faire du Québec une des nations les plus riches du monde et ils méritent notre respect. En ce sens, on ne peut tolérer les coupes effectuées sans réelles négociations dans les régimes de retraite. Il nous faut également assurer un système de santé performant qui saura bien les traiter.

Or, pour assurer le financement adéquat d'un système de santé et de nos régimes de retraite, il faut garder une population aussi active que possible sur le marché de l'emploi. Investir en éducation permet d'assurer que les jeunes intégreront le marché du travail avec un bon emploi en poche. La plus grande ressource du Québec ne se trouve pas au nord du 49e parallèle, mais bien au sein d'une jeunesse éduquée, informée et mobilisée. C'est l'éducation qui nous permettra d'innover, d'augmenter notre productivité et de nous positionner face à la concurrence des pays émergents. Les politiques visant à nuire à l'accessibilité aux études, par exemple, vont à l'encontre de cet objectif. Idem pour les coupes dans les CPE qui risquent de réduire la place des femmes sur le marché du travail et de ralentir la natalité. En ce moment, sur les 1,5 million de Québécois entre 15 et 29 ans, 200 000 ne sont ni en emploi ni aux études. L'État doit mettre sur pied des politiques qui visent l'insertion socioprofessionnelle de ces jeunes dont le Québec ne peut se priver. Le gouvernement se questionne actuellement sur la mission des carrefours jeunesse emploi, pourquoi ne pas les orienter vers ces jeunes en difficulté? Un filet social fort n'est pas qu'un «luxe», c'est également une garantie de notre prospérité collective.

Il nous faudra créer de la richesse, mais là aussi, en pensant à l'avenir. À titre d'exemple, si le Québec se lance dans l'exploitation de ressources naturelles non renouvelables comme le pétrole, nous devrons non seulement respecter de hauts standards environnementaux, mais également investir les bénéfices issus des ressources naturelles dans des grands projets d'envergure pour le Québec, ou encore dans des fonds comme le Fonds des générations, à l'instar de la Norvège. De surcroît, nous devons absolument maximiser le potentiel électrique du Québec en investissant massivement dans l'électrification de nos transports.

Finalement, les générations doivent se parler, se comprendre pour éviter de s'affronter et de se déchirer. Les jeunes sont absents des lieux décisionnels. Pourquoi ne pas favoriser la place des jeunes dans les instances décisionnelles de l'État québécois? Pourquoi ne pas réfléchir notre urbanisme en fonction de la cohabitation des générations ? Récemment, les Pays-Bas mettaient sur pied un projet-pilote où résidence étudiante et résidence pour aînés cohabitaient. Voilà une voie d'avenir qui contraste avec le débat difficile entourant la transformation de l'hôtel Concorde à Québec en résidence pour aînés. Passons de la confrontation et de l'ignorance à la collaboration et à l'échange.

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Avril 2018

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