Je ne ressors jamais d'une exposition de sculptures comme je sors d'une expo photo ou de peinture. Parce que la sculpture nous met dans un autre rapport au monde. On quitte l'image, le plat et le virtuel. Ici, c'est la matière, c'est le minéral et le relief. C'est la terre modelée, malaxée, taillée, ciselée, lissée. Le sculpteur a engagé tout son corps pour la réaliser. Il s'est pris des éclats dans les yeux en taillant, il a saigné des mains, il s'est mouché de la poussière, il a toussé du plâtre.
Et pour nous aussi, le corps doit s'engager davantage. Nos yeux habitués à glisser sur les écrans doivent soudain faire une toute autre gymnastique. Suivre les plans et les reliefs. Et puis il faut tourner autour de la sculpture. Se baisser, la regarder de tous les angles possibles. Voir la lumière éclairer telle partie. Ces corps figés et lourds nous laissent bien plus de liberté que la peinture ou la photographie. En fait, rien n'est figé en sculpture. Les profils sont infinis. On apprend qu'un objet peut se regarder de mille façons.
Et puis soudain, une vision surréaliste: sur le mur, l'ombre de la sculpture se mêle à la mienne. On fait partie du même monde. Elle n'est pas une image fixe dont je suis le spectateur. Nous sommes deux formes changeantes faites de matière... la suite sur le site Arrière-Scènes.
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