Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Pourquoi George Bush n'a pas fait campagne pour Romney?

George Bush a été envoyé en Sibérie politique parce que la campagne de Romney fait tout ce qui est humainement possible pour empêcher les électeurs de réaliser que si Romney est élu la semaine prochaine comme président, il a l'intention de revenir exactement aux mêmes politiques ratées de Bush à la Maison Blanche.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.
AFP

Au début de la semaine -alors qu'il faisait le tour du pays pour Barack Obama-, l'ancien Président Bill Clinton a remplacé au pied levé le Président pendant que ce dernier revenait à Washington pour superviser l'organisation du pays face à l'ouragan.

Cela semble être le contexte approprié pour se demander pourquoi est-ce que le dernier président républicain, George Bush, n'a pas fait de tournée dans tout le pays pour Mitt Romney?

C'est assez significatif que beaucoup d'Américains considèrent cette question comme absurde.

Clinton a été l'un des intervenants vedettes à la Convention démocrate. Bush n'a même pas été invité à Tampa.

Bush ne fait pas campagne pour Romney parce qu'aussi bien lui que sa politique sont mal vus par la plupart des électeurs américains.

George Bush a été envoyé en Sibérie politique parce que la campagne de Romney fait tout ce qui est humainement possible pour empêcher les électeurs de réaliser que si Romney est élu la semaine prochaine comme président, il a l'intention de revenir exactement aux mêmes politiques ratées de Bush à la Maison Blanche.

Commençons par le sujet qui retient le plus l'attention du pays actuellement : l'ouragan.

Il semble assez juste de dire que la réponse de Bush à l'ouragan Katrina n'a pas été son meilleur moment. Mais l'échec de Bush à répondre vite et efficacement à Katrina ne reflétait pas seulement l'incompétence de son administration. Il reflétait le fait que son administration n'avait pas confiance dans l'action de l'Etat.

Les catastrophes naturelles permettent aux gens de se rappeler pourquoi il est si important d'avoir une société dans laquelle chacun peut se reposer sur autrui. Elles nous rappellent que « gouvernement » est le nom que nous donnons aux choses que nous choisissons de faire ensemble.

Les catastrophes naturelles comme l'ouragan Sandy nous rappellent que la loi de la jungle - le chacun pour soi irresponsable et débridé - n'est pas ce qu'on nous a appris au catéchisme.

Même Chris Christie, le gouverneur très à droite du New Jersey, a critiqué les citoyens de son état qui avaient refusé d'évacuer des zones inondables parce qu'ils mettaient la vie des secouristes en jeu, parce qu'ils avaient une responsabilité les uns envers les autres.

Bush - et sa réponse à Katrina - ont illustré l'échec de la droite à comprendre que la plupart des Américains croient en une société dans laquelle on fait face à ce genre de défi ensemble, pas seul.

Et Mitt Romney partage complètement le point de vue de Bush. En réalité, Romney a même proposé d'éliminer l'Agence fédérale des situations d'urgence (FEMA) et de laisser aux états la responsabilité de répondre aux catastrophes. Il a l'air d'ignorer que quand un malheur frappe, nous sommes d'abord des Américains. Nous nous soutenons mutuellement, que nous soyons du Mississipi ou du New Jersey. Nous le faisons parce que c'est la chose à faire. Nous le faisons aussi parce que si la catastrophe s'est abattue chez nos voisins du New jersey aujourd'hui, c'est peut-être nous qu'elle frappera dans l'Illinois demain.

Mais bien sûr, il y a de nombreuses autres raisons pour lesquelles les républicains n'ont pas demandé à George Bush de faire campagne pour leur duo présidentiel. Deux s'imposent.

Nous avons eu deux grandes expériences économiques en Amérique ces 30 dernières années. L'une a réussi. L'autre a échoué - ce fut une catastrophe d'origine humaine.

La première a été menée par le Président Bill Clinton. Clinton croyait que la croissance économique viendrait des classes moyennes et non des plus aisées. Il avait compris que les entreprises n'investissent pas et n'embauchent pas, à moins qu'il y ait des clients avec de l'argent ; que ce sont elles qui sont « créatrices d'emploi », et pas un groupe de responsables de Hedge funds à Wall Street.

Clinton a proposé un budget fédéral qui éliminerait le déficit principalement en demandant aux Américains les plus riches de payer plus d'impôts - et en investissant dans les infrastructures et l'éducation pour faire croître l'économie. Et Clinton a défendu énergiquement des programmes comme le Medicare quand Newt Gingrich voulait les couper pour faire profiter les riches de réductions d'impôts.

Quand son budget a été débattu au congrès, les républicains ont prédit qu'il mènerait à un chômage massif et à la récession.

Les républicains avaient complètement tort. Clinton a présidé la période la plus prospère de l'histoire de l'humanité - littéralement. Sous sa surveillance, l'économie a connu une croissance solide et a créé 22 millions d'emplois aux Etats-Unis. Clinton a éliminé le déficit fédéral et a laissé à son successeur un énorme surplus budgétaire.

Vient alors George Bush. Il réduit les impôts pour les riches - soutenant que cela boosterait l'emploi et que le déficit se résorberait tout seul. En fait, le vice-président de Bush, Dick Cheney - un homme qui a également été remarquablement absent de la campagne présidentielles de cet automne - a même déclaré de façon célèbre que « les déficits n'ont aucune importance ».

Le résultat : Bush a quitté ses fonctions en ayant présidé la pire croissance d'emploi depuis la Grande Dépression - zéro créations d'emploi dans le secteur privé ; oui, j'ai bien écrit zéro.

Pire, son échec à réguler Wall Street a préparé le terrain pour le plus gros effondrement financier depuis la Grande Dépression, faisant perdre à 8 millions d'Américains leur emploi, éliminant 40 % des pensions de bien des gens, faisant s'écrouler le marché immobilier, et causant la pire crise économique depuis 60 ans.

Cette politique fiscale de Bush a non seulement échoué à faire croître l'économie - mais elle a laissé le gouvernement fédéral enseveli sous une dette plus grande que celles de tous les présidents précédents réunis depuis le début de la république. Et rappelez-vous, le poids de cette dette a rendu la tâche de relancer l'économie encore plus difficile pour le Président Obama lors de sa prise de fonctions en 2009.

Il n'y a alors rien de surprenant à ne pas voir George Bush en tournée, essayant de convaincre les Américains que la politique économique de Mitt Romney va donner une meilleure vie aux classes moyennes. Bien sûr, il pourrait remplacer Romney, il connaît le script : c'est même lui qui l'a écrit.

Après tout, Mitt Romney met en avant exactement la même politique économique dont Bush s'est servie il y a plusieurs années pour ne créer aucun emploi dans le secteur privé, faire s'écrouler l'économie, et creuser le déficit.

Il y a mieux. Vous ne voyez pas George Bush faire campagne pour Romney parce que la plupart des Américains estiment que sa politique étrangère était une autre catastrophe d'origine humaine. Bush nous a mené dans deux guerres - qu'il a d'ailleurs payées en empruntant sur le dos du contribuable - et a aliéné l'Amérique du reste du monde.

Il a intentionnellement menti pour les raisons de la guerre d'Irak, convainquant les Américains que Saddam Hussein avait des armes de destructions massives, alors qu'il n'en possédait aucune. La guerre d'Irak a coûté des milliers de vies américaines, et a laissé des dizaines de milliers de soldats blessés ou invalides. Certains économistes pensent qu'elle a coûté trois mille milliards à l'économie américaine, de l'argent qui aurait pu plutôt être dépensé aux Etats-Unis, dans la construction d'écoles, de routes, et de ponts, et investi dans l'emploi.

Le côté cavalier seul de Bush, sa politique étrangère aussi adroite qu'un éléphant dans un magasin de porcelaine, a éloigné le reste du monde de l'Amérique, épuisé son armée, laissant le pays affaibli. Et les images des humiliations à Abou Ghraib - sa politique de torture, d'emprisonnement exceptionnel et le manque de respect pour la loi - ont facilité le recrutement de nos ennemis.

Bush ne fait pas campagne pour Romney parce que la campagne de Romney n'a aucun intérêt à focaliser l'attention des électeurs sur le fait que ce dernier est entouré des mêmes conseillers en politique étrangère que ceux qui ont présidé à la guerre d'Irak. En plus, Romney et Bush ont le même passif : aucune expérience en matière de politique étrangère avant de se présenter aux présidentielles.

Le fait est que si vous avez apprécié la guerre d'Irak, vous allez adorer la politique étrangère de Romney. Durant les six prochains jours, chaque fois que vous entendrez Bill Clinton faire campagne pour le Président Obama, considérez ça comme un rappel du type que vous ne voyez pas en train de faire campagne pour Mitt Romney.

Le choix est clair. Si vous avez aimé la façon dont se sont passées les choses sous George Bush, votez pour Mitt Romney. Mais si vous voulez une croissance économique qui dure, si vous croyez dans la défense des classes moyennes, si vous ne voulez pas revenir aux politiques de George Bush, alors votez pour la réélection du Président Barack Obama.

Robert Creamer est un conseiller politique chevronné, et auteur du livre : Stand Up Straight : How Progressives Can Win, sur Amazon.com. Il est l'un des partenaires de Democracy Partners et l'un des principaux conseillers de Americans United for Change. Vous pouvez le suivre sur Twitter @rbcreamer.

» Découvrez les images de l'après Sandy vu du ciel dans ce portfolio:

La côte du New Jersey

Les destructions après Sandy, vues du ciel

Métro de la 86e rue

Sandy à New York et sur la côte Est

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.