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Une autre société distincte en Amérique...

Ce qui m'a frappé lors de mon séjour au «», c'est que les habitants ne voyaient aucun divorce entre le maintien de leur langue et de leur culture et l'apprentissage des langues étrangères - même si ce sont ces langues qui, en théorie, menacent d'étouffer la leur. Les logiciels de facturation, les enseignes, les horaires étaient en langue étrangère. Pas de «» icitte!
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C'est parfois difficile pour la majorité linguistique du continent de comprendre et apprécier pleinement l'importance de la langue d'exception. De concevoir qu'un havre linguistique et culturel, toujours menacé par la langue de la majorité avoisinante, puisse prendre des mesures pour préserver son distinct joyau.

Eh bien, c'est le cas du pays qu'on surnomme Aruba.

Cette petite île mesurant 33 kilomètres est une ancienne colonie néerlandaise d'où on peut entrevoir les côtes du Vénézuéla. Aruba se situe à la portée de l'Amérique latine. Comme le Québec, les explorateurs européens avaient autrefois abandonné aux Amérindiens ce lopin de terre aride.

De nos jours, c'est une société qui entretient des liens privilégiés avec sa mère patrie, quoique l'économie roule sur les échanges économiques avec ses pays voisins. Presque tout le monde des affaires marche dans les langues étrangères, soit l'espagnol ou l'anglais. Les visiteurs (les touristes) sont majoritairement anglophones, 80 % d'entre eux venant des États-Unis. L'île aux 100 000 habitants accueille plus d'un million d'allogènes par année.

Mais, l'invasion socio-économico-cuturelle n'a pas eu raison de la langue maternelle.

Les immigrants sont mandatés d'apprendre la langue officielle, et un test est administré par le gouvernement pour évaluer l'intégration dans les trois ans et demi qui suivent l'arrivée. L'octroi du permis de résidence et de la citoyenneté en dépend.

Une règle qu'on peut qualifier d'ampliation de la Loi 101 et qui force les jeunes écoliers immigrants à évoluer dans la langue du pays.

Ce qui m'a frappé lors de mon séjour au « one happy island », c'est que les habitants ne voyaient aucun divorce entre le maintien de leur langue et de leur culture et l'apprentissage des langues étrangères - même si ce sont ces langues qui, en théorie, menacent d'étouffer la leur. Les logiciels de facturation, les enseignes, les horaires étaient en langue étrangère. Pas de « language police » icitte!

Peut-être le gouvernement d'Aruba a choisi de ne pas encombrer les entreprises avec des ronds-de-cuir et leur bureaucratie linguistique. Sans faire de recherche approfondie sur le fonctionnement interne du pays, ça semble bien marcher. En tous cas, le taux de chômage sur l'île est presque inexistant.

Sans désemplir la caisse de l'État pour un office de la langue officielle, Aruba a su valoriser la spécificité de sa culture à contre-courant. La survie et la floraison d'une culture ne semblent donc pas passer par l'épellation du mot « pasta » sur un menu de restaurant, ni le remplacement du mot « hold » sur un piton de téléphone. La société distincte qu'est Aruba fait fleurir ses cultures linguistique et sociale parce que celles-ci ne résident pas dans la paperasse bureaucratique: elles sont ancrées dans le coeur et l'âme de ces citoyens.

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