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D'un océan à l'autre bord des Rocheuses, un héros canadien méconnu

Le Canada démontre sa reconnaissance envers Champlain et Cartier en leur dressant des monuments à travers le pays ainsi qu'à des places de choix dans la capitale nationale, près du Parlement. Curieusement oublié par Ottawa, Sir James Douglas ne figure toujours pas parmi les statues de la capitale. On ne lui consacre aucun parc, aucun pont, aucun tronçon de route dans la capitale nationale, un honneur réservé à la monarchie britannique et aux héros d'origine européenne.
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Courtoisie

Les villes de Québec et Trois-Rivières ont bénéficié de fonds fédéraux pour souligner leurs 400e et 375e anniversaires. Victoria (150e) Montréal (375e) et Ottawa (150e) s'apprêtent à leur emboîter le pas. Ce sont des occasions de reconnaître les personnages centraux, courageux, qui ont conçu non seulement les villes fondatrices mais qui ont aussi introduit les semences desquelles ont fleuri le pays qui nous habite. Les citoyens de ces villes fondatrices ainsi que les Canadiens d'un océan à l'autre font un retour sur le passé pour apprécier Samuel de Champlain, Jacques Cartier, et beaucoup d'autres. Manque-t-il un personnage dans le tableau des pères fondateurs que dresse notre gouvernement?

Le « Champlain » de la Colombie-Britannique, c'est James Douglas - homme le plus influent de l'histoire de la province. L'immigrant issu d'une colonie anglaise en Amérique du Sud arrive à Lachine en 1819, à l'âge de 16 ans, avant d'entreprendre le chemin vers l'Ouest. Traiteur éduqué, habile et bilingue, il gravit les échelons de la Compagnie de la Baie d'Hudson de l'Île-à-la-Crosse (en Saskatchewan) puis à la Nouvelle Calédonie (au centre de la C.-B.), avant d'arriver en bordure de l'océan Pacifique en 1830.

À titre de Traiteur-chef du fort de Vancouver, le poste le plus important du district, Douglas profite de sa position d'influence pour dénoncer l'esclavage des autochtones. Il sera ensuite chargé de réaliser le fort Victoria - village qui deviendra la capitale provinciale. Nommé gouverneur de la colonie, Douglas établit des ententes avec les autochtones, privilégiant la négociation et les transactions à la violence - une stratégie qui fait partie intégrante de l'identité canadienne.

Douglas incarne encore l'identité canadienne. Étant fils d'une femme antillaise de race noire et d'un père écossais, il épouse une métisse. Il transige dans les deux langues officielles - il parle tellement bien français qu'on lui confie de mener la lecture eucharistique des voyageurs canadiens-français. Douglas est un véritable symbole de l'intégration culturelle - fruit typique du Canada.

Douglas s'installe finalement sur l'ile de Vancouver juste avant le fameux « gold rush », la ruée vers l'or, qui attire les intérêts britanniques, les miniers américains ayant soif de fortunes, et les esclaves noirs fuyant le régime états-unien. Dans une période de six semaines en 1858, 10 000 immigrants ont envahi la Colombie-Britannique, ce qui menaçait la souveraineté de la région. À l'heure crise, l'invasion américaine n'a pas eu raison de lui. Avec de maigres ressources, Douglas tisse une toile collaborative entre les noirs américains, les colons français et britanniques ainsi que les Premières nations. Douglas a su défendre la colonie des tentacules territoriaux états-uniens qui ambitionnaient de s'emparer de la province riche en ressources. Une entente avec les Russes, brûlant d'envie des ressources du nord, est établie avec la même sobriété stratégique.

La devise « d'un océan à l'autre » n'aurait jamais vu le jour sans les efforts du Père de la Colombie-Britannique

Un homme de vision, Douglas est un des premiers politiciens à militer pour l'autoroute transcanadienne. Il assiste l'avancement du droit des femmes en facilitant la vente de terrain fermier à Isabella Ross, la première femme enregistrée comme propriétaire foncière de la province. Cent ans avant la politique du multiculturalisme de Pierre Eliott Trudeau, Sir James Douglas a englobé les valeurs de collaboration, de tolérance, de coalition plurielle qui forment le tissu culturel du Canada d'hier et d'aujourd'hui.

À sa retraite, l'Angleterre lui confie le titre de « chevalier » et l'invite à faire une tournée en Europe. La province lui dédie un obélisque sur le site où il a fait construire le siège parlementaire inaugural de la province. L'influence de l'homme est tellement cruciale que pas moins de deux statues sont érigées à son honneur en marge du parlement moderne de Victoria.

Le Canada démontre sa reconnaissance envers Champlain et Cartier en leur dressant des monuments à travers le pays ainsi qu'à des places de choix dans la capitale nationale près du Parlement. Curieusement oublié par Ottawa, Sir James Douglas ne figure toujours pas parmi les statues de la capitale. On ne lui consacre aucun parc, aucun pont, aucun tronçon de route dans la capitale nationale - un honneur réservé à la monarchie britannique et aux héros d'origine européenne. Le fédéral a écarté la diversité dans les dessins du nouveau passeport. La dernière fois qu'Ottawa a dédié un édifice fédéral, c'est pour souligner une championne de l'eugénisme. Voilà que le nouveau musée canadien de l'histoire démarre avec un tableau monochromatique.

À la lumière de la réalité démographique de Canada du passé et du présent, l'heure est à la reconnaissance de tous les gens qui se sont sacrifiés pour parfaire notre pays quelque soit leur origine.

Que Sir James Douglas soit sauvé de l'oubli, d'un océan à l'autre!

Pages 4-5: Les Autochtones

Le nouveau passeport canadien

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