Au jeu des prédictions ces jours-ci, il semble qu'un sou tiré à pile ou face peut faire aussi bien que n'importe quel expert. Mais comment un simple sou noir peut-il nous aider à comprendre le choix que les Américains devront faire entre les démocrates de Barack Obama et les républicains de Mitt Romney ? Vous avez sûrement une pièce d'un cent américaine dans votre poche ou dans un tiroir. D'un côté, on y voit un profil de Lincoln accompagné du mot « Liberty », de l'autre se trouve la première devise du pays : « E Pluribus Unum ». Comme le soulignais souvent Bill Clinton dans ses discours et comme le rappelle E.J. Dionne dans son récent ouvrage, Our Divided Political Heart, ce sont là deux facettes qui définissent, d'abord de façon complémentaire mais souvent de façon contradictoire, la culture politique des Américains.
D'une part, « Liberty » renvoie aux droits individuels, à la liberté de conscience et à l'autonomie personnelle, bref à l'individualisme légendaire des Américains, que d'aucuns aujourd'hui ne manquent pas d'associer à l'esprit qui anime l'entreprise privée dans un marché exempt de contraintes réglementaires. D'autre part, « E Pluribus Unum » est un appel à l'unité de la communauté, tant un mal nécessaire dans un monde marqué par l'insécurité qu'un bien indispensable au plein épanouissement de l'individu. Les Américains y font moins souvent référence, mais le sens de la communauté, qu'elle soit nationale ou locale, fait tout autant partie de leur culture politique que l'individualisme. Il est aussi à la base du principe d'ordre qui justifie l'intervention de l'autorité gouvernementale dans le marché. Pour une large part, l'histoire politique des États-Unis est marquée par la tension entre ces deux faces d'une même médaille - ou d'une même pièce de monnaie - et la recherche d'un équilibre sain et soutenable entre les deux.
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