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On n'est jamais seuls à penser que nos enfants sont les plus beaux

Depuis que les réseaux sociaux se sont mués en monstres chronophages et protéiformes, les statuts de nos amis qui évoquent dans le détail les péripéties des membres de leur famille ont envahi notre quotidien.
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Depuis que les réseaux sociaux se sont mués en monstres chronophages et protéiformes, les statuts de nos amis qui évoquent dans le détail les péripéties des membres de leur famille ont envahi notre quotidien. Un peu comme une séance diapos littéralement interminable... Résultat, on a envie de leur dire tous les jours: "Ca va, l'autopromotion sur mon fil d'actualité?", " Vous pourriez arrêter deux secondes de publier les photos de vos vacances de rêves?", "Eh, allez-y mollo avec les selfies!" ou "On se fout de savoir ce que vous avez mangé à midi/ce que votre bébé a mangé à midi/quelle est la dernière bêtise de votre chat teeeellement adorable". Mais ça ne s'arrête jamais.

"Par pitié, évitez de mettre 9000 photos de votre bébé sur Facebook", supplie quelqu'un sur le site Chicago Now. "Vous voyez très bien de qui je parle: la maman qui est persuadée que son bébé est plus mignon que tous les autres." Il faut reconnaître que le mélange réseaux sociaux/bébés est pour le moins explosif. Une étude de la société de sécurité informatique AVG Technologies, publiée en 2010, a constaté que 92% des enfants américains de moins de deux ans avaient une page dédiée, avec des photos. Mais il y a bien pire que les amis qui décrivent par le menu les moindres faits et gestes de leur progéniture sur internet: le site Elite Daily recense ainsi les 50 personnes les plus insupportables que l'on trouve sur Instagram -les mannequins en ligne, les fashion victims, et les fils et filles à papa, pour ne citer qu'eux-, tandis que d'autres sites offrent toute une série de conseils pour demander poliment à vos connaissances d'arrêter d'en faire des tonnes, de ne pas publier quelque chose toutes les cinq minutes et d'être, disons, un peu moins imbuvables.

L'extrême simplicité de l'échange d'information -de beaucoup trop d'information- sur les réseaux sociaux ne facilite pas les choses. Il suffit d'appuyer sur le bouton de son appareil photo numérique, de télécharger rapidement les photos ou les vidéos, pour les faire apparaître sur votre mur Facebook. Mais plusieurs études démontrent que les réseaux sociaux peuvent entraîner un phénomène de dépendance, et que la publication obsessionnelle de choses sur internet est liée aux centres du plaisir du cerveau.

Le vrai problème n'est pas que nous avons, dans l'ensemble, tendance à partager frénétiquement tout ce qui nous arrive (même si c'est probablement la vérité) mais que nous n'arrêtons pas de nous plaindre de tout et de rien. Quand nous bavardons, ou que nous faisons connaissance, nos sujets de conversations tournent autour de ce qui ne va pas : la météo, notre patron... Si des études suggèrent que le fait de se plaindre est bon pour la santé, dans la mesure où cela permet d'évacuer les tensions, il faut reconnaître que nous sommes ainsi faits, et que nous cherchons moins à résoudre nos problèmes qu'à nous apitoyer sur notre sort. C'est encore plus clair quand nous évoquons les habitudes des internautes sur les réseaux sociaux. Nous adorons parler de la personne la plus insupportable de notre fil d'actualité. Evidemment, la solution la plus simple pour éviter de se farcir les commentaires des autres n'est que trop évidente: arrêter de suivre leur actualité, arrêter d'y répondre, arrêter tout.

Mais en sommes-nous seulement capables? Ne sommes-nous pas tout aussi obsédés et dépendants que ceux qui font des commentaires sur n'importe quoi, dans l'espoir d'être "likés"? Nous avons tendance à les montrer du doigt, mais nous sommes tout aussi accros. Après tout, la publication obsessionnelle découle de la lecture obsessionnelle: sans public, il n'y a aucune raison de publier. Prenez, par exemple, les ruptures sur les réseaux sociaux, qu'il s'agisse de celles d'anciens camarades de classe ou d'hommes politiques qui annoncent leur séparation sur Facebook. Je ne parle pas seulement d'un changement de statut, qui passe de "marié" à autre chose, mais de confessions horriblement détaillées que nous dévorons avec consternation. J'ai récemment suivi la séparation de deux amis qui, après plusieurs années de vie commune, ont dressé la liste de leurs infidélités respectives et l'ont publiée sur les réseaux sociaux. Je savais que je ne voulais pas savoir ce qui s'était passé. Mais je l'ai lue. Jusqu'à la fin.

C'est bien sûr ce qui pousse les gens à trop en dire. Il ne s'agit pas d'un défaut, ou du simple désir d'être entendus, mais de notre empressement à les écouter. La seule manière de les en empêcher, c'est de refuser d'accorder de l'attention à ce qu'ils disent. Mais nous n'en avons pas la volonté. Alors nous continuons à nous plaindre et nous faisons semblant de nous demander ce que nous pourrions bien faire pour éviter de nous farcir tous ces selfies. Si vous voulez vraiment empêcher vos amis, vos collègues et de parfaits inconnus d'être insupportables ou de vous gonfler avec leurs exploits, vous savez ce qu'il vous reste à faire. C'est aussi simple que d'appuyer sur le bouton qui permet d'arrêter de suivre leur actualité.

Le selfie de Sasha et Malia Obama durant la cérémonie d'investiture 2013

11 selfies marquants

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