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Ne faisons pas encore une croix sur les hommes

Dire que les hommes subissent un déclin irréversible en se basant sur des impressions, revient à dire que ceux d'entre nous qui ont grandi dans les sixties ne vont pas tolérer une autre guerre inutile.
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a man holds his arm on the...
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Durant des années, j'ai bu avec application huit verres d'eau par jour. On m'avait dit que c'était bon pour moi. Je n'ai jamais vraiment su qui me l'avait dit, ni pourquoi. Je découvre aujourd'hui que c'était simplement une vague recommandation d'un rapport gouvernemental de 1945 ; lequel déclarait aussi que l'essentiel de nos besoins en eau est couvert par ce que nous mangeons.

Je commence à me demander si la même chose n'est pas en train d'arriver dans cette nouvelle ère pour les rapports hommes/femmes: où ces dernières domineraient tandis que les hommes seraient grillés - leurs rôles de mâles allumeurs de feu et tueurs d'ours usurpés par un nouveau genre de femmes ayant pris le pouvoir.

Comme cette règle par rapport à l'eau, cela nous a été répété si souvent que nous avons fini par l'accepter comme un fait. Mais tout comme pour l'eau, l'impression du déclin du pouvoir masculin ne tient pas compte d'un fait crucial.

Nous tâtonnons encore dans cette nouvelle ère. La difficulté à s'installer dans cette nouvelle répartition des rôles est moins une inversion qu'un rééquilibrage de ces rôles. Et ce rééquilibrage est loin d'être fini.

Hanna Rosin a frappé fort en 2010 avec son article sur The Atlantic, "La fin des hommes", qui a agité autant les médias que la blogosphère. S'appuyant sur des statistiques, elle y développait l'idée convaincante que les hommes étaient comme du papier carbone à l'heure digitale - fondamentaux à leur époque, mais que celle-ci était révolue. En conséquence de quoi, pendant que les femmes conquièrent le monde, les hommes se battent contre les zombies de leur PlayStation.

Mais d'autres personnes disent : "Pas si vite !"

Dans un article récent du New York Times, Stéphanie Coontz a répliqué : si les hommes sont en déclin, pourquoi contrôlent-ils les industries les plus importantes, sont-ils en tête de la liste des Américains les plus riches, gagnent-ils plus d'argent que des femmes à talent et expériences identiques, et constituent-ils 83 % du Congrès ? Elle appuie ses dires avec des preuves du fait que ces quinze dernières années, "dans de nombreux domaines, les progrès des femmes ont stagné".

Elle soutient notamment que l'on n'assiste pas à une montée féminine, mais à "une convergence des opportunités économiques", qui profiterait autant aux hommes qu'aux femmes.

Pour avoir une idée du futur, regardez la Génération Y. C'est la première génération d'hommes qui n'a pas eu à se repositionner par rapport à une génération de femmes indépendantes. Pour cette génération, des femmes douées et autonomes sont aussi courantes que les téléphones intelligents.

Des études ont confirmé que les hommes plus jeunes ont moins de chances d'être diplômés que leurs homologues féminins, et qu'ils auront plus tendance à rester vivre chez leurs parents, même trentenaires. Ces études soulignent aussi qu'ils doivent trouver leur place, au moment même où le monde essaie de se sortir d'une récession dont la gravité n'est comparable qu'avec la Grande Dépression.

Bien sûr, les femmes se réveillent chaque matin dans le même monde, mais avec l'avantage culturel que chacun de leurs pas sera vigoureusement applaudi et soutenu. Essayez de trouver une grande entreprise où il existe un groupe de soutien pour jeunes managers masculins.

Des études indiquent également que les hommes de la Génération Y abordent le monde avec des visions différentes de la famille, de la répartition des tâches ménagères, et des relations professionnelles avec les femmes. Ils sont plus tolérants que les générations masculines précédentes.

Une autre étude a démontré que les hommes changent mieux les couches que les femmes (ils sont plus rapides et plus précis dans leurs gestes). Certes, ces résultats sont le produit d'une campagne publicitaire plus que de recherches spécialisées. Mais il est intéressant de voir comme les médias s'en sont largement fait le relais.

Quant à la question de rester chez les parents, une étude de l'université de Pennsylvanie a établi que les jeunes hommes qui vivent avec papa-maman gagnent davantage que ceux vivant seuls, parce qu'ils peuvent attendre le travail idéal, en profitant du filet de sécurité parental.

Dire que les hommes subissent un déclin irréversible en se basant sur des impressions, revient à dire que ceux d'entre nous qui ont grandi dans les sixties ne vont pas tolérer une autre guerre inutile.

Il est vrai que les hommes ont été descendus de leur piédestal par une société qui a redéfini leur place. Mais cette redéfinition est toujours en cours.

Mon pari : les hommes en ressortiront différents et meilleurs - plus libres de vivre leur vie délivrés du poids des attentes masculines. Mais cela prendra sûrement du temps. Nous cherchons tous un équilibre, et c'est nouveau pour tout le monde.

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