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Ici, c'est contre la dictature du profit, contre la tyrannie du fric, contre l'exploitation à outrance des ressources naturelles, contre la torture de notre environnement, contre l'emprisonnement du sens de l'éthique, contre la détention abusive du bien commun que les gens commencent à se lever. Oui, Jean n'est pas Mouammar et Charest n'est pas Kadhafi. Mais ça n'empêche pas les revendications des Québécois d'être légitimes.
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CP

Et alors? Les chroniqueurs qui défendent les positions du gouvernement Charest face à l'irrésistible montée de l'ire populaire arguent que les manifestations québécoises sont ben ben trop exagérées et bruyantes, tu comprends, on n'est pas en Tunisie ou en Égypte icitte, on a-tu un belle vie à ton goût, zéro comptant, zéro intérêt, payez tout ce bonheur dégoulinant à crédit plus tard.

C'est prendre les indignés pour des cons, leurs revendications pour de peccadilles et leurs idées pour de la schnoute.

Les Québécois ont non seulement le droit de manifester, mais ils ont surtout le droit d'avoir des aspirations autres que celles d'un gouvernement arrogant qui s'acoquine avec des bandits en cravates et des profiteurs patentés.

Le mouvement que les étudiants ont lancé ne se résume pas à la hausse vertigineuse des frais de scolarité. Ils l'expliquent très clairement dans leurs revendications. Ils veulent qu'on repense le système d'éducation, qu'on surveille les dérives dépensières des universités, qu'on mise sur la matière grise et le savoir, qu'on réfléchisse sur nos choix de sociétés.

Ils sont suivis dans ce sens par la population qui ne veut plus qu'on fasse du développement sauvage comme en 1960 où l'on donnait à des amis du pouvoir les ressources naturelles sans aucune garantie environnementale et économique, où des compagnies recevaient le permis de détruire tout sur le passage pour en extraire le maximum de bénéfices, où des multinationales obtenaient le droit de détourner les rivières pour leur propre profit et où le bien commun était privatisé pour le bien de quelques-uns.

Aujourd'hui, le peuple québécois commence à se lever, comme les Égyptiens et comme les Tunisiens pour les raisons que l'on sait, mais aussi comme les Islandais dont on entend si peu parler, mais qui ont remis en question leur système économique ultra-capitaliste et les cupides financiers qui les ont plongés dans une spirale boursière vertigineuse.

Ici, c'est contre la dictature du profit, contre la tyrannie du fric, contre l'exploitation à outrance des ressources naturelles, contre la torture de notre environnement, contre l'emprisonnement du sens de l'éthique, contre la détention abusive du bien commun que les gens commencent à se lever.

Oui, Jean n'est pas Mouammar et Charest n'est pas Kadhafi. Mais ça n'empêche pas les revendications des Québécois d'être légitimes. Et Amnistie Internationale de s'inquiéter des tactiques policières, des méthodes d'arrestation ainsi que des violations des droits fondamentaux associés aux manifestations pacifiques comme le droit à la liberté d'expression et le droit de réunion pacifique et d'association, ainsi que le droit d'être protégé contre les arrestations arbitraires.

Nous ne sommes peut-être pas en Égypte. Mais ce n'est pas une raison pour vouloir étouffer les voix qui s'élèvent.

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