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Étudiants: des citoyens de seconde zone?

Serait-il possible que les policiers ne se présentent ni dans les assemblées générales des actionnaires de SNC-Lavalin, ni dans les réunions d'assemblées syndicales, ni dans les activités de financement du PLQ parce qu'ils savent qu'ils n'y sont pas les bienvenus, qu'il s'agit de discussions entre citoyens qui sont dans leur droit de discuter? Croyez-vous qu'avec n'importe quel autre groupe que les étudiants, le gouvernement laisserait le conflit s'éterniser aussi longtemps?
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PC

Vous vous souvenez en Octobre 2011 comment les policiers ont envahi les assemblées générales de la FTQ-Construction suite aux allégations de violence et d'intimidation dans leurs lieux de travail? Moi non plus. Pourtant, hier, à Laval, des policiers en mode "observation" se sont déplacés afin d'éviter tout débordement lors de l'assemblée générale de reconduction de grève du Collège Montmorency. (Article içi!)

Qu'on se comprenne, que les policiers aient eu des informations laissant croire à des risques de débordement est plus que plausible. La grève soulève des passions et l'étirement du conflit dans le temps n'aide en rien à diminuer les tensions, mais il reste que ce n'est que dans une assemblée générale étudiante que les policiers se permettraient d'imposer leur présence.

Il en va de même de toute cette crise autour des frais de scolarité. Nous apprenions cette semaine que la ministre Line Beauchamp, qui refuse de s'asseoir avec les dirigeants étudiants sous prétexte de vitres brisées, ne démontre toutefois pas les mêmes scrupules à s'asseoir avec des individus qui s'associent sans en faire de cas à des questions de jambes brisées. (L'article sur Cyberpresse)

Bon, je suis de mauvaise foi, Line, elle dit qu'elle ne savait pas qu'elle rencontrait des mafieux. J'avoue, je ne prends pas la peine de m'informer sur toute personne qu'on me propose de rencontrer, il pourrait m'arriver de rencontrer un mafieux aussi.

Mais Line, le problème, c'est que moi, je ne suis pas ministre, je n'ai pas de pouvoir décisionnel, on ne peut pas croire que je suis en conflit d'intérêts sur grand-chose.

-Oui, mais Olivier, c'est il y à 3 ans, il faut lui laisser une chance!

Bon, admettons que Line avec ses onze années d'expérience parlementaire ne savait pas qu'il y a des gens avec des intérêts particuliers qui peuvent vouloir la rencontrer, admettons qu'elle soit simplement flattée d'apprendre qu'une vingtaine de citoyens souhaitent déjeuner en privé avec elle, il ne reste que deux petits problèmes.

De un, comment se fait-il que lorsque deux individus remettent 5985$ en chèque pour s'asseoir avec elle, la ministre ne se pose pas de questions. Je sais, je ne suis pas une vedette, mais moi, deux personnes qui me donnent 6000$ pour me rencontrer, je me questionne au moins un peu sur "c'est qui eux?" et "qu'est-ce qu'ils veulent?".

Deuxio, comment se fait-il que Line trouve le temps d'aller rencontrer une vingtaine d'entrepreneurs pour déjeuner avec eux, mais qu'elle ne trouve pas le temps de s'asseoir avec des étudiants qui représentent plus d'une centaine de milliers d'individus et d'entendre leurs doléances?

Je me permets d'avancer une piste de réflexion: serait-il possible que les policiers ne se présentent ni dans les assemblées générales des actionnaires de SNC-Lavalin, ni dans les réunions d'assemblées syndicales, ni dans les activités de financement du PLQ parce qu'ils savent qu'ils n'y sont pas les bienvenus, qu'il s'agit de discussions entre citoyens qui sont dans leur droit de discuter? Croyez-vous qu'avec n'importe quel autre groupe que les étudiants, le gouvernement laisserait le conflit s'éterniser aussi longtemps?

Surtout, serait-il possible qu'il y ait eu à un moment la création de deux classes d'individus, non égaux en droit, d'un côté, les étudiants et de l'autre, les citoyens?

Vous croyez que des policiers vont venir superviser la rédaction de ma prochaine chronique?

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