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On l'aura compris, Vladimir Poutine, que l'on a diabolisé à propos de l'Ukraine, tient assurément sa revanche au Proche-Orient.
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Bachar El-Assad ne conspire pas à notre perte, contrairement aux islamistes.
AntonChalakov
Bachar El-Assad ne conspire pas à notre perte, contrairement aux islamistes.

L'essoufflement des forces armées du régime de Bachar El-Assad a conduit la Russie à intervenir en septembre 2015. Cette intervention permet en outre à la Russie d'oublier pour un temps l'échec ukrainien. Étant entendu que la récupération de la Crimée qui est russe et l'appui aux mouvements insurrectionnels de l'Est ukrainien n'effacent pas la perte de l'Ukraine, peuplée de 50 millions de Slaves russophones qui ne feront pas partie de l'Union euroasiatique.

Mais Vladimir Poutine a-t-il pu éviter l'inclusion de l'Ukraine dans l'OTAN?

À ce titre, le politologue en vue Richard K. Betts a écrit dans Foreign Affairs en 2014 : «À ses débuts, les tensions en Ukraine furent moins causées par la posture agressive du président Vladimir Poutine que par les provocations occidentales irréfléchies ainsi que par les provocations sans frein de l'OTAN, le refus humiliant de considérer la Russie comme une grande puissance et les efforts de l'Union européenne pour convaincre Kiev de couper ses liens avec Moscou».

On rappellera ainsi que la Syrie est le seul allié de la Russie avec l'Iran aujourd'hui au Moyen-Orient, et c'est l'occasion pour cette dernière de jouer un rôle important dans une situation où les États-Unis et leurs alliés sont contraints, par leurs alliances avec Ankara et Ryad, à adopter une certaine réserve.

De fait, pour Washington, stopper le groupe État islamique (EI) dans sa marche sur Palmyre aurait paru un acte de défense de l'armée du régime. À cet égard, la Russie dispose d'une liberté d'action beaucoup plus importante et n'hésite pas, outre l'EI, à frapper Jabhat al-Nosra et Ahrar al-Sham, indique le stratège.

Et il y a plus. La Russie dispose d'un accès à la Méditerranée avec le port de Tartous, et aura une base militaire à Lattaquié, les deux étant en territoire alaouite. Par ailleurs, Moscou n'a aucun intérêt au retour de djihadistes caucasiens, hier nationalistes, comme les Tchétchènes qui désormais combattent sous la bannière de l'islamisme le plus radical.

Mais, il y a plus. L'historien Michel Goya, écrit volontiers dans son blogue La voie de l'épée et en particulier son billet Tempête rouge-Enseignements opérationnels de deux ans d'engagement russe en Syrie.

« Cette intervention est un succès, car elle a permis d'atteindre son objectif politique premier, qui était de sauver le régime syrien alors en grande difficulté, et même de contribuer à sa victoire probable. Le corps expéditionnaire russe a largement contribué à l'endiguement des forces rebelles à la fin de 2015. Puis, en particulier avec la prise d'Alep, à la conquête presque définitive du grand axe de l'autoroute M5, centre de gravité du conflit, pendant l'année 2016. Avant de lancer une campagne dans l'est désertique jusqu'au dégagement de l'aéroport de Deir ez-Zor, assiégé par l'[organisation] État islamique. La guerre est encore loin d'être terminée, mais elle ne peut plus désormais être perdue par Bachar El-Assad »

et.....« Au regard des résultats obtenus, il est incontestable que les Russes ont une productivité opérationnelle (le rapport entre les moyens engagés et leurs effets stratégique) très supérieure à celle des Américains ou des Français ».

On l'aura compris, Vladimir Poutine, que l'on a diabolisé à propos de l'Ukraine, tient assurément sa revanche au Proche-Orient.

De fait, l'intervention russe est assurément décisive, pèse lourdement dans le rapport de force complexe qui s'exerce en Syrie et dont les conséquences sont largement régionales. Par ailleurs, quelle que soit l'ambiguïté de nos alliances officielles, il faut agir de telle sorte que les mouvements islamistes ne remportent pas de victoires militaires, ni en Syrie ni ailleurs.

Bachar El-Assad ne conspire pas à notre perte, contrairement aux islamistes.

On notera volontiers que le régime de Bachar El-Assad ne conspire pas à notre perte, contrairement aux islamistes. En politique, il importe de savoir qui est, conjoncturellement, l'adversaire principal. Or, il se trouve, indique le géopoliticien, que les buts poursuivis par nos alliés régionaux majeurs, à savoir la Turquie et l'Arabie saoudite, sont opposés aux nôtres.

Et Gérard Chaliand de conclure, que le conflit en Syrie est dominé par l'antagonisme entre sunnites et chiites ; et ces deux courants rivaux sont condamnés à s'entendre demain.

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