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L'effet d'un jour de grève des stagiaires

TEXTE COLLECTIF Si un jour de grève a suffi pour que la ministre commence à changer d’idée, nous en ferons encore bien d’autres...
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Il n'aura fallu qu'une seule journée de grève étudiante pour que la ministre de l'Enseignement supérieur change son fusil d'épaule. Pas plus tard qu'en mai dernier, Hélène David fermait catégoriquement la porte à la rémunération des stages, sous prétexte qu'on ne paie pas les gens en formation. Si la réponse visait à donner une douche froide au mouvement, encore à ses premiers balbutiements, la ministre, bien malgré elle, nous a plutôt encouragés à hausser le ton dans notre lutte pour la rémunération de tous les stages, à tous les niveaux d'études.

Depuis, nous les stagiaires, avons fait une première démonstration de force en adoptant des mandats de grève dans les associations étudiantes au sein desquelles de nombreux programmes comptent des stages obligatoires non rémunérés. Près de 20 000 étudiantes et étudiants, en travail social, en éducation, en enseignement des arts, en soins infirmiers, en éducation spécialisée, en commercialisation de la mode, en éducation à l'enfance ont répondu à l'appel des Comités unitaires sur le travail étudiant (CUTE) et ont débrayé de leurs cours et de leurs stages dans le cadre de la journée internationale des stagiaires, le 10 novembre dernier.

C'est donc bien plus une question d'équité salariale que de reconnaître le travail des stagiaires par un salaire et des conditions décentes, minimalement celles garanties par les Normes du travail.

Les étudiantes sont toujours plus nombreuses dans les formations dont les stages obligatoires sont non seulement impayés, mais aussi d'une durée considérable. En éducation à l'UQAM, c'est environ 960 heures qui doivent être accomplies gratuitement pour obtenir son diplôme. À l'Université de Montréal, le programme de travail social n'exige pas moins de 750 heures de stages. Au Cégep du Vieux-Montréal, les stagiaires en techniques de travail social ont pour 800 heures de stage, alors qu'en soins infirmiers, leurs six stages totalisent 1035 heures de travail bénévole! Pourtant, bien des stages obligatoires dans des programmes collégiaux et universitaires traditionnellement masculins ont des stages payés, et nombreux sont ceux qui dépassent les 15$ de l'heure. Eh oui, l'argument de la formation n'est pas suffisant pour que les stages ne soient pas rémunérés. C'est donc bien plus une question d'équité salariale que de reconnaître le travail des stagiaires par un salaire et des conditions décentes, minimalement celles garanties par les Normes du travail.

En réponse à notre journée de mobilisation, espérant gagner quelques votes l'an prochain, des députés de la Coalition Avenir Québec, du Parti Québécois et de Québec Solidaire se sont ralliés à la proposition la plus inoffensive, celle de la Campagne de revendications et d'actions interuniversitaires pour les étudiants et étudiantes d'éducation en stage (CRAIES), qui se limite à la compensation du quatrième stage en éducation. Jean-François Roberge, Alexandre Cloutier et Gabriel Nadeau-Dubois devraient pourtant savoir que nous ne sommes pas sortis dans la rue spécifiquement pour les étudiants en éducation, mais bien pour l'ensemble des stagiaires. Même la ministre David a reconnu mardi qu'il faut travailler sur la question "plus générale de la rémunération des stages", plutôt que de nous concentrer sur un seul domaine d'études. Après tout, tout travail mérite salaire, et ce n'est pas l'expérience de travail qui paiera notre loyer.

Le gouvernement serait-il moins frileux que l'opposition? Chose certaine : si un jour de grève a suffi pour que la ministre commence à changer d'idée, nous en ferons encore bien d'autres...

Liste des cosignataires:

Mircea Adamoiu, baccalauréat en enseignement du français au secondaire, Université de Montréal

Sandrine Belley, baccalauréat en travail social, Université du Québec à Montréal

Sandrine Boisjoli, baccalauréat en enseignement du français au secondaire, Université du Québec à Montréal

Jérémie Boudreau, techniques de travail social, Cégep Marie-Victorin

Kim Chauvette, techniques de travail social, Cégep du Vieux-Montréal

Alexandra Dufresne, technique de graphisme, Cégep de Sherbrooke

Gabrielle Filiou-Chénier, baccalauréat en pratique sage-femme, Université du Québec à Trois-Rivières

Sarina Motta, baccalauréat en travail social, Université de Montréal

Bianca Schiffo Fuoco, baccalauréat en enseignement du français au secondaire, Université du Québec en Outaouais

Kaella Stapels, technique de soins infirmiers, Collège de Maisonneuve

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